Ecole primaire en France, salle de classe / Licence CC Wikimedia / par Marianna

Ecole primaire en France, salle de classe / Licence CC Wikimedia / par Marianna

En février dernier, des enseignants et des parents d’élèves, soutenus par leurs élus locaux, protestaient contre des fermetures de classes, prévues pour la rentrée 2018, afin d’alimenter selon eux le dédoublement des CP-CE1 en éducation prioritaire. Particulièrement touché, le Lot, où 12 postes de professeurs des écoles devraient être supprimés, a dans ce contexte accueilli des “États généraux de l’école rurale”.

A l’initiative d’un député local, Aurélien Pradié (LR), et de 6 autres élus de bords politiques différents, dont Serge Rigal (président du département, PS) et Angèle Préville (sénatrice, PS), des réunions hebdomadaires ont ainsi été organisées dans le département, avec plusieurs centaines d’enseignants et de parents d’élèves, afin de “sauver les écoles” rurales.

Un bilan de ces rencontres a finalement été remis à Jean-Michel Blanquer, le 17 avril. Au total, un document de 14 pages et 30 propositions, destinées à améliorer l’école rurale. Dans La Dépêche du Midi, Aurélien Pradié, qui compte bien “ne pas être ignoré”” par le ministère, espère qu’à partir de cette liste “d’initiatives innovantes”, un moratoire sera organisé, “afin de pouvoir sécuriser les postes d’enseignants”.

Citoyenneté, santé, environnement, sport et culture

Parmi les 30 propositions du collectif, une dizaine sont destinées à créer une “École rurale ouverte et ancrée dans son territoire”. Premier thème abordé : la citoyenneté, avec la mise en place dans toutes les écoles lotoises d’un “conseil municipal des enfants”. Second thème : la santé, avec le développement d’un “programme départemental de prévention et d‘actions éducatives à l’alimentation” permettant de faire valider 100% des menus scolaires des écoles du Lot par une diététicienne, et d’approvisionner les cantines via des circuits courts.

Le troisième thème exploré est l’environnement, avec la mise en place d’un “programme d’éducation à l’environnement (guide ou mallette pédagogique)” et l’installation dans chaque école d’un “jardin éducatif”. Enfin, afin de favoriser l’accès au sport et à la culture, les États Généraux proposent de mener une réflexion sur une “ tarification concertée à l’échelle du département pour l’accès aux équipements sportifs et culturels”.

Une école rurale « connectée »

école primaire rythmes scolaires

Monkey Business Images – Shutterstock

Six autres propositions concernent la “connexion” de l’école rurale. Le dossier préconise de créer une plateforme numérique “École lotoise” afin de permettre à chaque école de “promouvoir ses initiatives, de diffuser ses informations et de partager ses actions”. Un “espace enseignants” permettrait en outre à ces derniers de “rompre l’isolement”, et de partager des ressources.

Les États Généraux de l’école rurale proposent aussi d’initier des Class’code – des MOOCS destinés aux enseignants pour leur permettre de créer des ateliers d’apprentissage de la programmation -, et de réaliser un état des lieux des équipements informatiques des écoles lotoises.

Pour “connecter les classes”, les États Généraux proposent de développer le jumelage d’écoles lotoises avec des écoles étrangères, en lien avec 4 classes bilingues qui seraient créées “à titre expérimental”, et également de jumeler certaines écoles avec d’autres “dites urbaines”, sur les thèmes de l’environnement et de l’agriculture.

Une école rurale « inclusive »

Pour “développer l’inclusion dans l’école rurale”, le dossier remis à Jean-Michel Blanquer préconise d’ouvrir des classes destinées aux enfants Dys, qui proposeraient notamment “un apprentissage musical éducatif spécifique” ; ainsi que “3 classes supplémentaires d’inclusion d’enfants en situation de handicap », et de renforcer les moyens des RASED “afin d’assurer un programme de dépistage des troubles de l’apprentissage” dès la maternelle. Autre propositions : la mise en place d’un “programme départemental de sensibilisation au handicap par le sport », et d’un « plan volontariste de formation » des personnels AESH.

« Vers un service complet de l’enfance »

Afin de tendre vers un “service complet de l’enfance”, les États Généraux de l’école rurale proposent de “construire des outils de mutualisation permettant de disposer de petits équipements scolaires achetés à des prix groupés attractifs”, de concevoir et penser des “Pôles d’accueil de la petite enfance” de 0 à 3 ans à proximité de l’école (services-crèches, maisons d’assistantes maternelles, garderies), et “d’envisager la scolarisation des enfants de moins de 3 ans non-comptés dans les effectifs scolaires”.

Enfin, dernière proposition : expérimenter de nouveaux ratios d’évaluation de la démographie scolaire, en intégrant des indicateurs ruraux dans le calcul P/E (nombre de postes d’enseignants pour 100 élèves), “notamment la non-prise en compte des effectifs des professeurs remplaçants”, ainsi que les enfants de moins de 3 ans scolarisés.