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“La réforme de l’accès à l’université instaure une sélection hypocrite” : dans une tribune publiée sur le site de France Info, 425 enseignants du supérieur apportent leur soutien aux étudiants  – qui contestent actuellement la loi “Orientation et réussite des étudiants” (ORE) et la plateforme Parcoursup, en bloquant leurs établissements respectifs.

“Les responsables gouvernementaux refusent d’utiliser le mot ‘sélection’. Mais on nous demande de classer les candidatures de sorte qu’un couperet tombera une fois les capacités d’accueil des filières saturées. Parcoursup est en effet conçu de telle façon qu’on ne peut y introduire des ex æquo, sauf à déployer des trésors d’ingéniosité informatique”, écrivent les professeurs d’université, dont certains sont en grève (à Paris 1) aux côtés des étudiants, ou menacent de ne pas examiner les candidatures des futurs bacheliers (à Lille 2).

Une « inexorable dégradation de l’enseignement supérieur depuis 20 ans »

Selon les enseignants, le système APB (admission post-bac), remplacé aujourd’hui par Parcoursup, “a révélé l’impossibilité d’accueillir tous les étudiants, faute de place et de moyens, et le fait qu’un mode de sélection (sur dossier, pour tous les bacheliers) se substitue à un autre a pour objectif presque avoué de différer, sinon d’écarter dans l’immédiat, un certain nombre de candidats.” Et de noter que le nombre de candidatures devrait continuer à exploser pour des raisons démographiques : “l’année 2018-2019 correspond au baby boom de l’an 2000 et se traduit par une explosion démographique prévisible depuis longtemps.”

L'université Conférence Campus L'éducation / Pixabay.com / Photo CC par nicolayhg

L’université Conférence Campus L’éducation / Pixabay.com / Photo CC par nicolayhg

Les 425 professeurs à l’origine de la tribune soutiennent également les étudiants pour dénoncer “l’inexorable dégradation de l’enseignement supérieur depuis une vingtaine d’années”. Selon eux, les dix dernières années “ont été marquées par la réduction drastique des budgets et le gel des créations de postes à l’université”, et le service public de l’enseignement supérieur se dégraderait autant, “sinon plus”, que celui des hôpitaux ou du transport ferroviaire.

« La finalité de l’Éducation nationale n’est-elle pas d’éduquer et de former ? »

“Il serait vain, nous dit-on, d’accueillir davantage d’étudiants dès lors qu’ils n’ont pas le niveau. Ce serait un gaspillage des deniers publics ! Mais la finalité de l’Éducation nationale n’est-elle pas d’éduquer et de former ? Quel serait notre rôle s’il s’agissait seulement de dispenser des cours à ceux qui n’ont aucun problème et qui ont la chance d’avoir le niveau et d’être doués pour les études supérieures ?”, interrogent les enseignants d’université.

Fondamentalement opposés au système de Parcoursup et de la loi ORE, les professeurs coalisés remarquent enfin que “bon nombre d’étudiants qui ont fait des études brillantes à l’université n’étaient pas des élèves remarquables dans le secondaire”, et en se demandant “s’ils auraient été retenus si la sélection s’était appliquée alors”.

“Pourquoi devrions-nous abandonner ce vivier et renoncer, par une sélection absurde, à donner leur chance à tous ceux qui ont le degré minimum, à savoir le baccalauréat ? La France est-elle riche à ce point de talents avérés pour que les enseignants renoncent à leur vocation première : former, éduquer et faire progresser vers les meilleurs niveaux ?”, concluent-ils dans leur tribune.