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Nathalie Clévédé, Atsem dans la Sarthe et membre du collectif Atsem de France/ Crédit : D.R.

Lors des Assises de la Maternelle, Emmanuel Macron a annoncé l’abaissement de la scolarisation obligatoire de 6 à 3 ans. Une décision qui a fait réagir le collectif Atsem de France. Formé en 2016, il revendique aujourd’hui plus de 11000 membres, soit environ 1 Agent territorial spécialisé des écoles maternelles (ATSEM) sur 5. Son but est d’oeuvrer à la valorisation du métier. Entretien avec Nathalie Clévédé, Atsem à Vibraye, dans la Sarthe et membre du collectif.

Quelle est votre réaction vis-à-vis de l’annonce de la scolarisation obligatoire à 3 ans ?

Elle nous pose de nombreuses interrogations. Accueillir des enfants supplémentaires ne doit pas se faire au détriment de la qualité de d’accueil. Certes, 97% des enfants de trois ans sont déjà scolarisés, mais un certain nombre d’entre eux ne va à l’école que le matin, entre autre parce que pour certaines familles, payer la cantine revient trop cher. Un des soucis que nous avons soulevé concerne le matériel et les places disponibles à la cantine et dans les dortoirs notamment. Si on veut conserver un réveil échelonné, c’est-à-dire la possibilité pour les enfants de dormir selon leurs besoins, plutôt qu’un réveil obligatoire à une certaine heure, il faut des moyens. Si on en manque, cette réforme sera néfaste pour les enfants.

L’accueil obligatoire toute la journée est-il profitable à tous les enfants ?

Il faut prendre en compte la multiplicité des cas de figure. On sait qu’en REP et REP+, la scolarisation est bonne pour les enfants. Dans les établissement ruraux, au contraire, il existe un autre mode de garde, les familles ont l’habitude de retrouver les enfants l’après-midi et ce n’est pas forcément une mauvaise chose.

Aujourd’hui les conditions d’accueil des enfants sont-elles bonnes ?

Chez Atsem de France, nous demandons 1 Atsem par classe dans toutes les écoles de France. Or, comme nous sommes des agents territoriaux, il y a de grandes disparités en matière d’effectifs à l’échelle nationale. Certaines communes parviennent à maintenir 1 Atsem par classe, d’autres non (ndlr le SNUIPP-FSU parle d’une Atsem pour 3 à 4 classes en moyenne à l’échelle nationale). A titre personnel je suis en alternance sur deux classes. Cela demande une charge de travail supplémentaire car changer d’enseignant c’est changer d’habitudes de travail et de pédagogie. Il faut donc du temps pour communiquer avec eux et nous n’en avons pas assez. Pourtant aujourd’hui nous effectuons entre 9h et 10h de présence dans les écoles.

Le statut des Atsem a été modifié par décret au mois de mars, qu’est-ce que cela va changer pour vous?

Ce décret n’est pas très clair. Il a le mérite de reconnaître l’appartenance des Atsem à la communauté éducative, ce qui n’était pas le cas auparavant. Dans les faits cela signifie que les Atsem devraient être invités aux conseils d’écoles, ce qui n’était pas forcément le cas. Reste à voir comment tout ceci sera appliqué. Revoir le statut des Atsem ne fait pas tout, notre collectif demande aussi un revalorisation salariale, aujourd’hui une Atsem gagne en moyenne 1300 euros nets par mois.