
image d’illustration. Crédit Shutterstock.
Les professeurs agrégés et certifiés représentent aujourd’hui environ 20 % des titulaires dans les universités. Un taux considérable lorsqu’on sait qu’ils ont historiquement plutôt exercé dans les lycées et les classes préparatoires, même si leur statut leur permet de travailler dans l’enseignement supérieur.
Le recours aux enseignants du second degré s’est particulièrement développé à partir des années 1980. En 2015, on comptait ainsi 7 225 professeurs agrégés et 5 695 professeurs certifiés, qui représentaient respectivement 11,6 % et 9,2 % du total des enseignants titulaires affectés dans les établissements d’enseignement supérieur (hors médecine et odontologie). En 1984, ils étaient moins de 4000, agrégés et certifiés cumulés.
Pourtant, selon le rapport du ministère, intitulé La place des agrégés dans l’enseignement supérieur, datant de 2016 : « le recours croissant aux personnels du second degré ne s’est pas accompagné d’une véritable réflexion au niveau national ». Le contexte actuel de réforme pourrait bien être l’occasion de s’interroger sur la pertinence de leur recrutement.
Un contexte actuel qui favorise le recours aux agrégés
Un des grands avantages du statut des agrégés, du point de vue de l’administration, c’est qu’ils qui font statutairement deux fois plus d’heures que les enseignants-chercheurs, à savoir 384 heures annuelles au lieu de 192 heures. Avec la nouvelle loi ORE, les agrégés deviennent un atout considérable pour assumer le lourd travail de recrutement des élèves.
Autre point fort des agrégés : l’accent mis sur le continuum « bac-3/bac+3 » cher à Jean-Michel Blanquer. Le lycée et la fac sont désormais pensés dans la continuité afin de permettre une meilleure insertion sur le marché du travail. Un vision hautement contestée par de nombreux universitaires, qui dénoncent l’aggravation de la sélection sociale engendrée par la nouvelle loi. Cette réforme pourrait pourtant permettre aux agrégés, qui connaissent à la fois le secondaire et le supérieur, d’occuper un plus grand rôle au sein des universités. Mais pour faire réussir leurs élèves, les universités ont-elles intérêt à recruter davantage d’agrégés à l’avenir ?
Quelle influence sur la réussite des élèves de licence ?
Pour mesurer l’influence des agrégés sur la réussite en licence, AEF a réalisé un graphique. La lecture de ces données montre toutefois qu’aucune corrélation simple n’est possible.
Il ressort néanmoins que la faible présence d’agrégés dans une université n’assure pas de meilleure réussite en licence. Paris-VIII, qui n’a que 11,1 % d’agrégés, quand la moyenne nationales est de 20.2%, a un taux de réussite de 42,6 % pour ses étudiants de licence en 3 ou 4 ans, soit 12 points en dessous de la moyenne nationale (56%). Quant à Paris-Diderot, qui a le plus faible taux d’agrégés de France (3,8 %), elle est légèrement au-dessus de la moyenne nationale en termes de réussite (59,7 %).
De même, les universités avec le plus gros taux d’agrégés n’assurent pas une meilleure réussite à leurs élèves. Ainsi, avec 38,5 % d’agrégés, l’université de Polynésie française n’atteint que 30,7 % de réussite en licence en 3 ou 4 ans. Même chose pour La Réunion : 27,2 % d’agrégés pour 29,9 % de réussite) ou les Antilles (25,1 % de d’agrégés pour 27,8 % de réussite). En métropole, les universités du Havre et d’Évry cumulent également fort taux de d’agrégés (29 %) et moins de 50 % de réussite.
Les deux universités qui ont le meilleur taux de réussite, à savoir Angers (72,9 %) ou Lyon-II (72,4 %), sont quant à elles dans la moyenne nationale en termes de pourcentage d’agrégés, avec respectivement 19 % et 17 %.
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