
Classe de maternelle © Tyler Olson – Fotolia.com
Emmanuel Macron a profité de l’ouverture des Assises de la Maternelle, qui avaient lieu à Paris les 27 et 28 mars de pour annoncer l’abaissement de la scolarisation obligatoire à de 6 à 3 ans.
Une mesure purement symbolique ?
Malgré l’importance de l’annonce – personne n’avait touché à la limite basse de 6 ans depuis les lois Ferry de 1882 – celle-ci ne devrait pas provoquer de grand chamboulement dans les écoles maternelles. Et pour cause, en France, 97% des élèves sont déjà scolarisés à 3 ans.
Pourtant, la mise en place de cette mesure ne sera pas sans effet dans les zones géographiques où la scolarisation des enfants de trois ans est bien en deçà des 97%. « Dans certains départements d’outre-mer, nous n’allons pas au-delà de 70 %. En Corse, le ratio atteint 87 %, et à Paris, 93 % », confie Jean-Michel Blanquer, dans une interview donnée au Monde.
La mesure n’est donc pas seulement un symbole fort, elle pose aussi certains problèmes pratiques. Le Snuipp-FSU estime dans un communiqué que cette annonce « ne dit rien sur la question incontournable de la qualité de cette scolarisation. Du côté du Sgen-CFDT, la réaction est plutôt mitigée. « C’est une décision unilatérale du ministère, qui ne résulte pas du tout d’un dialogue social », a affirmé son secrétaire fédéral Dominique Bruneau, sur RMC. « On a l’impression d’une mesure qui a été prise sans tenir compte de toutes les conséquences ».
« Les enseignants, pour accueillir les enfants dans de bonnes conditions dans leurs classes, il ont besoin pas forcement de moyens pédagogiques, mais surtout de moyens humains »
➡ @DomiBruneau secrétaire fédéral du @SgenCFDT #BourdinDirect #BourdinBDV pic.twitter.com/KSHQPTIJe2— RMC (@RMCinfo) 27 mars 2018
En revanche, le SE-Unsa semble plutôt satisfait de l’annonce du Président de la République. Dans un communiqué, le syndicat, « qui porte cette revendication depuis de nombreuses années », a souligné que « cette décision reconnait et sécurise enfin le rôle de l’école maternelle pour tous les enfants dès la petite section ». Il précise toutefois qu’il est nécessaire de « diminuer les effectifs par classe, d’améliorer les équipements matériels et d’accroître la formation de tous les personnels.”
Comment accueillir 20 000 élèves en plus ?
Si elle est mise en place, la mesure contraindrait les écoles maternelles à accueillir environ 20 000 élèves supplémentaires. Un nombre suffisamment conséquent pour que l’on s’interroge sur d’éventuelles créations de postes.
Le ministère évoque la nécessité de créer 800 postes d’enseignant pour permettre à la mesure de voir le jour à la rentrée 2019. Un chiffre insuffisant selon la FCPE, association de parents d’élèves : « Créer 1.000 postes serait un minimum pour accueillir ces élèves dans des conditions décentes”, déclare Hervé-Jean Le Niger, vice-président de l’association à Marianne.
Un seuil en dessous duquel les classes de maternelle se retrouveraient inévitablement surchargées. « Les classes à 30 ne sont pas rares sur tout le territoire » continue Hervé-Jean Le Niger. Et pour cause, la France est un des pays européens où les effectifs sont les plus élevés dans les classes de primaires. « A la rentrée dernière, le nombre moyen d’élèves par classe était déjà de 25,5, alors que la moyenne européenne est à 13 », conclut le vice-président de la FCPE.
Une mesure facilitée par une baisse de la natalité ?
Pourtant, ces enfants pourraient être accueillis sans aucune création de poste puisque les prévisions d’effectifs en maternelle sont en forte baisse. En 2017, les enseignants ont accueilli 8 600 élèves de moins qu’en 2016. L’Éducation Nationale estime par ailleurs qu’il devrait y en avoir 25 000 de moins à la rentrée 2018.
« Qu’en sera-t-il des moyens nécessaires à cette scolarisation dans les départements d’Outre-Mer où le taux atteint péniblement les 70% comme à Mayotte ou en Guyane ? », objecte Francette Popineau. Dans ces départements, où le taux de natalité est élevé, la mesure pourrait rendre encore plus compliquée l’accueil des élèves.
La fin de la maternelle à 2 ans ?
C’est une des craintes du Snuipp-FSU, avec l’obligation de scolarité à 3 ans, les classes de « tout-petits » qui accueillent des enfants dès deux ans pourraient disparaître. Le neuropsychiatre Boris Cyrulnik, chargé d’organiser les Assises de la maternelle n’y voit pas forcément un mal.
« A 2 ans, si deux tiers des enfants sont déjà prêts à mettre en jeu cette transaction entre le « chez soi » et le monde de l’école, manifestant un plaisir d’explorer ce nouvel univers, un petit pourcentage – de l’ordre de 20 % – aurait besoin de gagner encore en maturité et peut manifester un syndrome psycho-traumatique en intégrant précocement une classe. Cela plaide pour ne pas faire de l’école à 2 ans une obligation », explique-t-il au Monde. « Le débat est ouvert », renchérit Jean-Michel Blanquer. La suppression de ces classes pourrait alors apparaître comme un moyen de récupérer les effectifs d’enseignants dont le gouvernement a besoin. Une stratégie déjà éprouvée par le gouvernement qui a rendu le dédoublement des classes de CP en REP+ possible, en puisant dans le dispositif « plus de maîtres que de classes » (voir notre article).
« Ce serait signer l’arrêt de mort de ces classes qui sont trop peu nombreuses mais qui ont une réelle utilité, notamment pour les enfants qui présentent des difficultés », redoute Francette Popineau dans Marianne. De fait la scolarisation des enfants de 2 ans est en baisse depuis le début des années 2000. A l’époque, environ un tiers des tout-petits étaient inscrits à l’école, ils ne sont désormais plus que 11.6%
Un beau cadeau aux écoles privées sous contrat.
cette mesure vise à préserver quelques 25 000 enfants de moins de 6 ans : il va être utile de créer des postes d’éducateurs spécialisés et de stagiaires futurs éducateurs spécialisés pour aider les atsen, aider les parents, les familles (surtout à Marseille) le personnel éducatif pour éduquer, détecter les soucis, intégrer, socialiser, adopter la langue française ……