9h, lycée Alfred Kastler de Talence, en Gironde, un matin de décembre. David Bouchillon, professeur d’histoire, fait rentrer ses 30 élèves de 1ere STI/STL dans sa classe inversée et les répartit en plusieurs petits groupes. La séance commence par un quiz, destiné à préparer le Bac qui approche à grands pas. Thème du jour : la Ve République.

Les élèves utilisent l’application mobile Socrative, qui permet à leur enseignant de suivre leurs réponses en temps réel, sur son ordinateur. « Ils vérifient ainsi s’ils ont retenu ce qu’ils ont visionné chez eux et ce qu’ils ont fait la semaine dernière. Une fois que tout le monde aura répondu, on va pouvoir décortiquer les résultats », explique David Bouchillon.

Pionnier français de la classe inversée (il l’a mis en place en 2011) et de l’utilisation de tâches complexes, l’enseignant ne se contente pas de faire visionner des vidéos par ses élèves à la maison, puis de leur faire répondre à des quiz en classe. Avec son système, qu’il a rebaptisé la « classe renversée », ou « renversante », les lycéens sont « mis en activité » : ils produisent le cours eux-mêmes, au gré d’activités différenciées, adaptées aux besoins et aux compétences de chaque élève.

Rendre les élèves « acteurs et producteurs »

Après le quiz, les élèves de David Bouchillon ont le choix entre différentes activités, propres à chaque groupe. Ainsi, durant une heure, le groupe « analyser » s’occupera de décortiquer des documents, le groupe « présenter » devra réaliser un diaporama puis le dévoiler devant toute la classe, le groupe « échanger » aura pour mission de concevoir une carte mentale, le groupe « enquêter » devra effectuer des recherches poussées sur un sujet précis lié à la Ve République, et le groupe « créer » réalisera un podcast. Les élèves « tournent » à chaque séance, la composition des groupes n’étant jamais la même.

Comme l’explique leur professeur, en classe, les élèves, autonomes, sont seuls responsables de la production de traces écrites : « s’ils ne travaillent pas, il n’y aura rien à la fin du cours. Ce sont donc eux qui produisent – des cartes mentales, des paragraphes, des schémas fléchés ».

Chaque groupe produit, au final, une ressource, « un savoir », pour les autres. « Là où dans le cadre d’une classe inversée traditionnelle, je proposais une vidéo et préparais l’activité, ce sont désormais les élèves qui produisent des contenus – des vidéos, ou comme c’est le cas aujourd’hui, un podcast, qui permet de réviser l’épreuve orale du Bac », indique David Bouchillon.

Un prof facilitateur et du « microlearning »

« Finalement, l’élève devient prof… qui, lui, devient davantage un accompagnateur », remarque l’enseignant. « Le prof ne reste pas dans un coin à ne rien faire. Organisateur, facilitateur, il valide, il évalue et valorise le travail fourni », ajoute-t-il.

David Bouchillon partage ses ressources (vidéos, quiz, informations en tout genre) via le réseau social interne EdModo. « Je travaille en microlearning, avec des quiz réguliers et plusieurs petites vidéos, qui permettent d’isoler chaque concept, à visionner tous les jours ou tous les deux jours », explique-t-il. Un « fichier de prise de notes » permet finalement à l’élève, à partir des vidéos, de reconstituer un cours – qui sera complété par les activités en classe.