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Pouvez-vous nous dire en quoi consiste l’épreuve d’éloquence italienne ?
C’est l’épreuve terminale du baccalauréat italien, l’Esame di stato, que l’on appelle communément la Maturità.
C’est un grand oral d’une durée de 40 minutes, devant un jury composé d’enseignants de toutes les matières enseignées dans la filière de l’élève. Outre le président du jury, trois professeurs sont issus de l’établissement de l’élève, et trois autres professeurs sont extérieurs. Cette épreuve se tient fin juin. Chaque établissement organise ses examens, mais la composition du jury est communiquée par le ministère dès le mois de janvier. Au mois de mai, les candidats peuvent également connaître l’identité des membres du jury.
Comment est perçu cet oral en Italie ?
C’est l’épreuve finale de l’examen, ce qui stresse beaucoup les élèves. Cependant, ils sont très bien préparés à l’oral : en Italie, chaque cours débute par une interrogation orale. Les élèves doivent avoir 3 notes d’oral par matière et par période, c’est quelque chose de très ancré dans le pays.
Quels sont les critères de notation de cette épreuve ?
Les élèves sont évalués sur leur maîtrise de la langue, sur leurs connaissances et sur leur capacité à établir des liens entre les disciplines.
L’épreuve dure 40 minutes, et il y a dans un premier temps (10-15 min) un compte-rendu d’un dossier interdisciplinaire (sur le même modèle qu’un TPE) sur un thème choisi par l’élève.
Ensuite les professeurs posent des questions sur leurs matières et leurs programmes, et donc c’est plus du tac au tac qu’un long discours éloquent.
Pensez-vous qu’une épreuve d’éloquence puisse être utile en France ?
En tant que professeur de langue, l’oral est pour moi quelque chose d’essentiel. Nous avons déjà des épreuves orales, mais au lycée, il n’y a pas une grande culture de l’oral. Dans le supérieur, des initiatives comme le concours Ma Thèse en 180 secondes montrent que l’oral peut être important dans toutes les matières. En Italie, les oraux sont monnaie courante. Cela pourrait donc être intéressant, mais il faudrait changer de culture d’enseignement !
Selon vous, y a t-il des particularités du système italien qu’il serait pertinent d’exporter en France ?
La culture de l’oral dont nous avons déjà parlé. Les élèves ont aussi les cours dans le manuel : ils peuvent les lire en avance, et les revoir à la maison. Cela permet au professeur de consacrer l’heure de cours à d’autres compétences que celle de la prise de note.
Très bonne idée cette épreuve d’éloquence mais il ne faut pas oublier que le langage met en jeu l’esprit bien sûr mais aussi le corps tout entier (respiration, attitude etc…)
Pas toujours simple pour des adolescents!
Les jeunes italiens pratiquent très tôt ces exercices. Dès la maternelle les exercices d’expression corporelle via des chansons (« il coccodrillo »…) accompagnées de gestes, au moment de l’apprentissage des sons notamment, leurs deviennent habituels. Et ils pratiquent ces activités avec plaisir , seuls devant la classe ou en groupe le plus souvent.
Donc cette épreuve du nouveau bac sera sûrement plus efficiente dans quelques années, pour les élèves outillés et exercés au fil des années scolaires.
Mais quelle richesse de savoir utiliser le langage , à bon escient, et ça c’est un autre challenge!