
Julie Minard
Vous êtes assistante d’éducation (AED) au collège Endarra à Anglet. Quelles sont vos missions au quotidien ?
Au quotidien, je participe à l’encadrement et au suivi éducatif des élèves. J’assure des fonctions de surveillance, que ce soit pendant le service de restauration, la récréation, les permanences ou les sorties scolaires. Je veille à ce que chacun des élèves respecte le règlement intérieur de l’établissement. Je travaille aussi en équipe et participe, auprès du CPE, au contrôle d’assiduité (tenue du registre des absences et des retards) et de discipline (surveillance des retenues) des élèves. Je suis régulièrement en contact avec les parents. Je les accueille ou les appelle, par exemple, lorsque leur enfant s’est absenté en cours ou qu’il a eu un comportement irrespectueux envers un prof. Par ailleurs, je veille aussi à la bonne intégration des élèves ayant des besoins particuliers et participe aux activités éducatives, sportives et culturelles de l’établissement, en assurant par exemple l’aide aux devoirs. Être assistant d’éducation, c’est un véritable rôle de médiation entre les élèves et la communauté éducative. Nous sommes considérés comme une aide précieuse et un partenaire important de l’équipe pédagogique et administrative.
Êtes-vous amenée à travailler avec les enseignants ?
Une fois par semaine durant une heure, je collabore avec des professeurs de français dans le cadre du dispositif « Alternance 3ème ». Ce projet est un outil efficient de lutte contre le décrochage scolaire sur la fin de parcours au collège. Il permet à des élèves en grande difficulté, voire en opposition avec l’école, de reprendre confiance en eux, de retrouver l’envie d’avancer et de se projeter, pour arriver à une orientation réussie. L’idée est d’alléger les heures de cours pour pouvoir augmenter le nombre de stages en entreprise. Mon travail d’assistante d’éducation consiste à encadrer et à motiver les élèves dans la recherche de stages. Je les aide également à construire leur rapport de stages en vue d’une présentation orale en fin d’année. Par ailleurs, je participe avec les enseignants à la mise en place de voyages scolaires : préparation des visites, réservation des logements et des transports, réalisation du programme sur place, choix d’une thématique pédagogique, etc. Enfin, je suis aussi amenée à travailler avec eux dans le cadre du dispositif « devoirs faits ».
Comment êtes-vous arrivée à ce poste ?

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Ancienne sportive de haut niveau, j’ai décidé de mettre un terme à ma carrière de joueuse de basket. Épuisée, j’ai voulu complètement changer de voie. Je me suis donc remise en question et j’ai réfléchi à ce que je pouvais faire. Ayant auparavant travaillé avec des enfants en tant qu’entraîneur, j’ai voulu renouveler cette expérience mais cette fois-ci dans le milieu scolaire, d’autant que le monde éducatif me plaît particulièrement. J’ai donc postulé en tant qu’assistante d’éducation en collège. Arrivée dans la profession, je me suis rendue compte que ce poste était intimement lié à mon passé de sportive. J’ai retrouvé exactement les mêmes valeurs. Aujourd’hui, j’occupe cette fonction depuis septembre 2013 : c’est pour moi une seconde vie !
A quel salaire peut prétendre un AED ?
Avec un contrat de 37 heures par semaine, sans travailler le mercredi, je suis rémunérée au Smic, soit environ 1.500 € brut par mois, et cela quelle que soit mon ancienneté. Toutefois, je bénéficie des vacances scolaires payées.

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Quelles sont aujourd’hui les principales difficultés dans votre profession ?
Les difficultés varient en fonction de la région dans laquelle nous habitons. Je suis consciente qu’un AED travaillant en région parisienne ou à Marseille ne sera pas confronté aux mêmes difficultés que moi, qui suis sur la côte basque. Pour ma part, je suis très heureuse de me rendre au travail : les élèves sont polis et très respectueux. Ma principale difficulté serait plus liée aux parents. Nous sommes dans un milieu assez aisé et bien souvent les parents protègent leur enfant et remettent en cause nos sanctions. Il m’arrive par exemple de punir un enfant suite à des bavardages en salle de permanence. Les parents ont du mal à comprendre et à accepter qu’il soit sanctionné. Par ailleurs, étant sportive, on m’a toujours appris qu’il fallait tirer vers le haut et évoluer. Lorsqu’on est AED, on est contraint de faire toujours les mêmes tâches, il y a donc une petite lassitude qui s’installe… Enfin, dernière difficulté : AED est un poste éphémère mais synonyme de tremplin. Nous avons donc des profils très divers. Et forcément, pas tous les mêmes objectifs ni la même envie de se rendre au travail. Certains ont eu tendance à trop se reposer sur nous. J’avais vraiment du mal à comprendre ce comportement car nous sommes censés être une équipe.
A l’inverse, quelles sont les joies ?
Ma première joie, c’est de me sentir utile auprès des élèves. Certains sont en foyer et ne voient que très peu leur famille. Nous essayons donc de les accompagner et de les soutenir dans leur scolarité : c’est un réel plaisir de pouvoir les aider. Par ailleurs, je travaille avec des élèves de 11 à 15 ans. Ils sont à la fois enfants et pré-adolescents. C’est une catégorie d’âge qui a besoin d’être encadrée mais c’est aussi le moment où les enfants deviennent de plus en plus autonomes. Je constate donc cette évolution, je les vois grandir et se faire leur propre jugement : c’est un réel bonheur ! Je suis aussi face à un public naturel et transparent. Si les élèves ont un problème, ils vont venir spontanément nous en parler. J’apprécie ce côté frais et sans filtre. Enfin, dernier constat : ils sont aussi respectueux avec nous qu’avec les autres membres de la communauté éducative. Aucune différence n’est faite !

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Où vous voyez-vous dans 10 ans ?
Toujours dans l’Éducation nationale ! D’ici peu de temps, j’envisage de passer un concours pour devenir conseillère principale d’éducation (CPE). C’est une profession très intéressante aux missions multiples : gestion des violences scolaires, suivi individualisé des élèves, animation de l’équipe vie scolaire, etc. Puis, lorsque je me sentirai prête et que j’aurai fait le tour de ce métier, je passerai le concours de personnel de direction pour devenir chef d’établissement. C’est encore un projet mais j’espère qu’il prendra forme dans 10 ans…
Je suis surpris de constater que l’on puisse rester autant de temps AED !! Voilà un établissement qui ne pousse pas ces jeunes vers des qualifications plus hautes . Ce salaire est pitoyable.
Bonjour,
pour répondre à votre commentaire, la durée maximale d’un contrat AED est de six ans. Vue la difficulté des concours enseignants et CPE (surtout que le nombre de postes ne cesse de diminuer..) il n’est effectivement pas rare que les AED restent longtemps dans leur poste, d’autant plus que c’est un travail plaisant et gratifiant ! Rien à voir, je pense, avec un quelconque manque de gratification de la part de l’établissement… 🙂
Bonjour Julie,
Merci pour ton témoignage que j’ai eu plaisir à lire. Je partage ton opinion et ton ressenti concernant la fonction d’AED. Je le suis depuis deux ans dans un collège du Grand Est et je suis ravie tous les jours de me rendre sur mon lieu de travail.Les élèves ont une reconnaissance de ce qu’on leur apporte. Bonne chance pour ton concours de CPE, Je l’envisagerai peut-être d’ici quelques années mais je souhaite pour le moment, acquérir de l’expérience en tant qu’AED.
Cordialement.
Sandy