Dans un rapport publié le 31 janvier dernier, les députées Aurore Bergé (LRM) et Béatrice Descamps (UDI) épinglent l’écart qui se creuse entre l’école et les familles, dénonçant le vocabulaire parfois « involontairement opaque » des enseignants qui habitent « de moins en moins » dans le quartier où ils enseignent. Elles préconisent notamment de former les profs à “la relation aux parents”. Des propos qui ont indigné la plupart des professeurs, loin de se sentir concernés par ces affirmations. Ils n’ont pas tardé à réagir avec humour sur Twitter. Petit florilège.
Beaucoup d’enseignants se moquent du postulat du rapport Bergé, selon lequel « les enseignants sont, plus qu’auparavant, issus des classes les plus favorisées de la population française ».
Lorsque le monsieur de la maintenance prend congé après avoir changé le néon grillé du tableau.
#rapportberge #VieDeProf @auroreberge pic.twitter.com/HI0XaAD8hH
— DonaSol (@Dona_Sol) 31 janvier 2018
Prof d’histoire faisant son entrée en classe d’après @auroreberge. #RapportBergé pic.twitter.com/LWzeReNJgq
— Talleyrand® (@_Talleyrand_) 1 février 2018
#RapportBergé
Professeur d’allemand se déplaçant entre ses 2 établissements. pic.twitter.com/3sXskdyJyx— sophie laurent (@soplaur) 31 janvier 2018
« Je déclare ouvert le conseil de classe des 5èmes B. » #RapportBergé pic.twitter.com/qIJyXw4uyn
— Marie-Laure GB ✨ (@MarieLaureGB) 31 janvier 2018
professeur de collège qui touche sa prime de REP #rapportbergé pic.twitter.com/7keNDHeMXp
— filhopu (@tmassint) 1 février 2018
Autre proposition du rapport raillée sur les réseaux, la mise en place d’une semaine du goût dans les établissements, durant laquelle chaque parent pourrait « apporter une spécialité culinaire de son pays ».
#RapportBergé Père d’élève apportant une spécialité culinaire de son pays… pic.twitter.com/pANXEnkl1N
— ❤️MouetteMoqueuse (@Mouettemoqueuse) 2 février 2018
Un autre prof pointe l’incohérence du discours des députées qui reprochent aux enseignants de ne pas vivre où ils enseignent alors même qu’ils sont parfois affectés à des centaines de kilomètres de chez eux.
#RapportBergé D’un côté on balade les profs à droite à gauche pendant des années, on les affecte à des centaines de bornes de chez eux, on en fait des remplaçants bouche-trous, et après on ose leur reprocher de ne pas habiter là où ils bossent ? Ces gens n’ont pas de limites
— Le Hussard Noir (@LeHussardNoir) 1 février 2018
Très partagé sur le réseau social également, ce thread d’un enseignant scandalisé, qui y relate la semaine d’un « professeur déconnecté des réalités sociales vécues par ses élèves ».
Chère Aurore Bergé et chère autre rombière inconnue, qui avez commis ce #RapportBergé.
Pour vous et vos amis de la France 2.0, la petite chronique d’un professeur déconnecté des réalités sociales vécues par ses élèves.— M. Piekielny (@Karenine2) 1 février 2018
Ils sont aussi nombreux à témoigner de leur quotidien pour faire démentir cette affirmation d’enseignant déconnecté des réalités de terrain…
Dans l’école à côté de la mienne, certains collègues ont fini par acheter la peinture et peindre leur classe eux-mêmes, en désespoir de cause, tellement les murs étaient dégueulasses. #RapportBergé #EcoleDeLaReussite
— Grand Pierre (@bigbadpierre) 31 janvier 2018
C’est vrai que ces député-e-s sont teeeellement proches des gens, de leur quotidien… Aurore Bergé la girouette et l’autre sinistre inconnue, vous n’avez pas honte ???
Si ces gens-là connaissaient la honte, ils n’ouvriraient jamais la bouche…
Bonjour,
Père de deux enfants (le second rentre au lycée), et représentant de parents d’élèves (ainsi que ma compagne) dans une ville de très forte mixité sociale, je trouve que ce discours instrumentalise cette distance qui s’installe, c’est vrai, de plus en plus entre l’école et la famille. Plutôt que de pointer un discours qui est loin d’être incohérent (selon mon vécu toujours), comment peut-on rapprocher les uns et les autres ?
Et concernant ces tweets, ils sont le reflet d’un mécontentement d’une classe moyenne qui a trop peur de descendre toujours un peu plus dans l’échelle sociale. Comme la grande majorité de la population. La raison invoquée par ce rapport pour expliquer cette distance entre enseignants et familles est stupide, mais la réponse 144 caractères tout autant.
Idiot de presenter les chose ainsi! Ces elus sont tellement plus déconnectés de la population!
Cependant amis enseignants pour avoir suivi ces dernieres année les conseils de classes de ma fille cette année en fac, et suivi de nombreux jeunes en tant qu’educ « de rue », je crois en effet que le fossé se creuse entre les familles et l’ecole…..et je constate egalement que cest la meme chose pour l’education specialisee! Notre secteur professionnel ne compte plus beaucoup de collegues issus de milieux populaires tout bonnement parce qye les agriculteurs et les ouvriers disparaissent. Et l’ascenseur social a bien du mal à formet et acheminer kes jeunes issus dw failles au chomage ou au rsa…..les etudes et les formations sont hors de prix…bref tout ke mknde dout se remettre en cause.
Concernant ces tweets, selon mon vécu de prof dans un lycée du 93 depuis 12 ans, ils sont plutôt le reflet du dégoût d’une profession qui, se sent elle bien connectée à la réalité de ses élèves, fait ce qu’elle peut pour essayer d’enrayer la fatalité, et a souvent l’impression de se battre contre des moulins à vent.
Surtout quand des personnes comme cette obscure Aurore Bergé, qui n’a apparemment daigné consulter aucun enseignant pour écrire son torchon, se permet de leur cracher à la figure aussi ouvertement. Bien le bonsoir!
Profs déconnectés et les parents alors ??? qui viennent se plaindre et contester la moindre décision des enseignants, qui harcèlent certains professeurs dès qu’ils sont mécontents: pas la note espérée, confiscation du téléphone portable…. Cela devient affligeant.
si on ne voulait pas déconnecter les enseignants des classes populaires, il fallait peut être ne pas porter le concours de recrutement d’inst …pardon, un mot vulgaire et de basse extraction…de professeur des écoles au niveau bac + 2 puis + 3(dehors les titulaires de BTS et DUT, les infirmiers et assistants sociaux de l’époque: allez au taf, tas de prolos) puis d imposer à tous les postulants la double contrainte d un master et d’un concours…et il ne fallait pas non plus leur demander de remplir des carnets d’évalutaion en terme de compétences incompréhensibles par un ingénieur (vérifié en pratique) mais adressé aussi à des parents qui étaient en échec à l’école, histoire de leur rappeler quelle est leur place, à ces manants…) et c’est sûr qu avoir pondu des noms comme « technicien de production culinaire » (traduction :cuisinier) et autres balivernes aide bcp bcp les enseignants à présenter les parcours scolaires!!je ne supporte plus cette technocratie idiote et coupée des réalités…et l ENA et sciences popo , c’est ouvert à toutes les classes sociales?…il faudrait que tous les gouvernants d europe commencent à sentir à quel point ils sont hais par les peuples: ça ça serait être proche …
Je ne suis pas Prof mais travaille dans un collège comme Agente Polyvalente et donc en contact direct avec les Profs et les Parents. Je m’élève fortement contre les propos mensongers tenus par ces élues incompétentes et à la sottise telle qu’ elles devraient la faire breveter. J’assiste presque tous les jours à de nombreuses dérives de certains parents prêts à tout pour défendre leurs enfants mal éduqués et qui s’en dédouanent en rejetant leurs fautes sur des enseignants méritants.
Notre métier était le plus beau du monde…ETAIT!. Aujourd’hui, il est source de désespoir, de craintes, d’incompréhension. Tout est de la faute des enseignants: l’échec des enfants, l’échec de la société. Oui, nous avons un rôle dans le parcours de nos élèves, mais, l’essentiel est ailleurs. Un ailleurs que nos politiques ne veulent pas se mettre à dos, comme nos supérieurs.
Nous ne sommes, nous enseignants du primaire, que les grouillots de personnes « bien pensantes » qui font la pluie et le beau temps dans notre métier alors qu’ils ne se sont jamais jeté dans l’arène, car il s’agit bien aujourd’hui d’une arène. Pour moi, l’école, c’était avant tout un monde protégé du monde. Cela ne l’est plus, à cause de la politique, et, des parents, qui veulent nous apprendre à faire notre métier, alors qu’eux-mêmes ne savent pas faire celui qui leur incombe : être parents. Laissez-nous faire notre métier et faites le vôtre. Si chacun tenait son rôle, on pourrait alors vraiment travailler ensemble pour le bien des enfants.
J’ai presque 30 ans de métier, et, je travaille de plus en plus. Plus de 50 heures par semaine pour un salaire minable, qui me sert à .. payer un ordi, une imprimante, des feuilles, des encres, qui sont devenus obligatoires mais non remboursés par mon employeur. Un métier qui ne me donne pas les moyens de fournir à mes élèves des manuels en suffisance, ou conformes aux programmes, et pour lequel je paye de ma poche beaucoup et toujours plus.
Plus le temps passe, et plus on nous en demande, et sans supplément de traitement: 5 minutes par ci, 5 minutes par là…Des rendez-vous non honorés par les parents, qui ne s’excusent jamais. Des parents qui demandent des rendez-vous le soir très tard ou même, et je ne rigole pas, le dimanche! Parce que c’est bien connu, un instit, c’est un faignant (dixit les médias) et c’est corvéable h 24. Des remises de bilan en main propre qui durent 3 heures et qui ne sont comptabilisées qu’une heure ou une heure trente(si l’humeur est joyeuse) sur notre temps de travail!
Je ne pensais pas qu’un jour je serais usée, pourtant, je le suis. Usée par l’incompétence de nos décideurs; usée par le poids de nos responsabilités qui ne cesse de prendre de l’ampleur; usée par le manque de considération surtout de nos supérieurs; usée par le manque de civisme; usée par le manque de moyens; usée par le manque d’argent; usée par l’asservissement au politiquement correct; usée par les tâches qui nous incombent, toutes plus incongrues les unes que les autres…Partir? Mon supérieur m’a dit clairement que l’Etat n’avait pas prévu de porte de sortie pour nous, les hussards de la République. Piégés. Pieds et poings liés. Notre si beau métier est devenu…une tombe à ciel ouvert…Et j’avoue que malheureusement, nous sommes très nombreux, en primaire, à le penser et, à la subir. C’est triste. Vraiment triste.
La seule question qui, aujourd’hui, ne me quitte plus est : comment vais-je pouvoir tenir jusqu’au bout???…