
Damien Raymond
Vous êtes principal de collège dans l’académie de Grenoble. Quelles sont vos missions au quotidien ?
Le métier de principal de collège est particulièrement varié. Au quotidien, je dirige et anime l’ensemble de l’établissement scolaire : l’équipe pédagogique, le personnel de vie scolaire et les agents d’accueil, d’entretien et de restauration. J’applique la politique éducative et pédagogique de l’établissement et veille au respect du règlement intérieur. C’est aussi à moi d’animer les réunions pédagogiques et les conseils de classe. En cas d’incident, j’interviens et éventuellement reçois les parents. Je rédige les rapports d’activité destinés à mon équipe mais aussi à ma hiérarchie. Je supervise la gestion comptable de l’institution et repartit les budgets. Par ailleurs, mon rôle est de m’assurer que les élèves évoluent dans les meilleures conditions possibles d’apprentissage. Je collabore aussi avec le corps enseignant à l’organisation des plannings annuels, à la mise en place des activités parascolaires, à l’admission et à l’accueil des nouveaux élèves. Je mets en œuvre des partenariats avec les organismes locaux, afin de diversifier les activités pédagogiques et améliorer la qualité de l’offre éducative. Diriger un établissement, c’est aussi un travail d’équipe. Je m’appuie notamment sur deux adjoints, une principale adjointe et une gestionnaire, mais aussi sur toute une équipe pluriprofessionnelle (CPE, infirmière, assistante sociale, psychologues, etc.). En tant que principal de collège, je dispose d’une triple casquette : je suis à la fois directeur du collège, président du conseil d’administration et représentant de l’État. Ce sont des missions plurielles et assez complexes mais qui finalement tournent autour d’un objectif principal : la réussite de chacun des élèves.
Quel parcours d’études pour exercer ce métier ?
Il n’y a pas de voie toute tracée pour devenir principal de collège. Il faut au préalable être fonctionnaire titulaire appartenant à un corps de catégorie A de personnels enseignants, d’éducation ou de psychologues de l’Éducation nationale et justifiant d’au moins 5 ans de services effectifs dans des fonctions correspondantes. Le recrutement se fait ensuite par concours, par liste d’aptitude ou par détachement. Pour ma part, j’ai effectué des études universitaires. Suite à l’obtention de ma maîtrise d’histoire contemporaine, je suis devenu enseignant d’histoire-géographie en collège et en lycée. Au fur et à mesure des responsabilités attribuées, j’ai eu envie en 2006 de passer le concours de personnel de direction. Après un premier poste en tant que proviseur adjoint d’une cité scolaire, je suis aujourd’hui principal de collège depuis 2 ans.
Comment est née cette vocation ?

/ Aleksei Tretiakov / Google Maps / CC
Mon envie pour le métier est née au fil du temps. J’ai fait trois rencontres marquantes de chefs d’établissement, avant de le devenir moi-même. En seconde, j’ai été élu délégué de ma classe puis représentant des élèves au conseil d’administration. Je côtoyais donc de plus près le fonctionnement d’un établissement scolaire. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à découvrir le métier de principal. Puis, en tant qu’enseignant, j’ai rencontré deux chefs d’établissement. Ces derniers concevaient leur métier avec le pari que tous les élèves étaient éducables et avec la conviction qu’un établissement était aussi un territoire. Porté par ces mêmes idées, j’ai voulu le devenir à mon tour.
A quel salaire peut prétendre un principal de collège ?
Tout dépend du métier qu’il exerçait auparavant et de son âge d’entrée en fonction. En général, un principal de collège débutant gagnera environ 2.500 € net par mois, primes comprises. Les diverses indemnités et primes sont versées par exemple en fonction du lieu d’exercice. Sa rémunération augmentera avec son ancienneté, suivant le barème instauré par l’Éducation nationale, pour atteindre environ 3.500 € net au bout de dix ans d’expérience. Quant au rythme de travail, mes journées sont longues. Je passe en moyenne 12h par jour dans l’établissement du lundi au vendredi. De temps en temps, je suis aussi amené à travailler le week-end. Par ailleurs, on a du mal à imaginer mais l’établissement n’est pas fermé pendant les vacances scolaires. Notre collège propose, par exemple, le dispositif « école ouverte ». Des projets éducatifs sont organisés durant cette période. Ma présence est donc indispensable dans l’établissement aussi bien qu’au moment de la préparation de la rentrée scolaire (début juillet et fin août) où il y a un travail conséquent.
Quelles sont aujourd’hui les principales difficultés dans votre profession ?

© Christian Schwier – Fotolia.com
Aujourd’hui, ma principale préoccupation est de remettre un élève « décroché » en activité, au sein même de la classe. En tant que principal de collège, c’est un défi majeur que j’essaie de relever au quotidien. Le groupe classe doit être un espace formateur pour les élèves, quel que soit leur niveau scolaire. Par ailleurs, le métier est aujourd’hui devenu complexe. Un établissement est au cœur de la politique publique. Il travaille au quotidien avec une collectivité de rattachement. Je me retrouve donc en permanence en contact avec l’État : les autorités académiques, le rectorat, le préfet, etc. Ce sont des situations parfois difficiles à gérer et très complexes. Enfin, dernière préoccupation : la sécurité de chacun de nos élèves. Cette question est devenue centrale dans nos métiers. Avant même de penser à leur réussite scolaire, l’établissement se doit d’assurer la sécurité des élèves. Nous devons rester très vigilants et prévoir les éventuels risques. Pour cela, nous mettons en œuvre des PPMS (plan particulier de mise en sûreté) sur différentes situations d’urgences telles que les incendies ou l’intrusion de personnes étrangères. Ce sont des tâches contraignantes mais fondamentales pour assurer la sécurité de tous.
A l’inverse, parlez-nous des joies du métier…
La première joie, c’est la réussite des élèves. Plus concrètement, la volonté de ramener chaque élève au meilleur de ses possibilités. Cette mission me tient particulièrement à cœur et je prends énormément de plaisir à la réaliser. Autre avantage en tant que chef d’établissement : les relations humaines. Mon établissement compte 75 professeurs, 25 agents, 20 personnels de vie scolaire, 915 élèves et le double de parents. J’entretiens également des relations avec les élus, les associations, les partenaires, etc. C’est un réel bonheur de pouvoir échanger avec des personnes différentes sur des sujets très divers. Enfin, dans ce métier, il n’y a pas de routine. Chaque journée est différente ! J’apprécie réellement la diversité des tâches.
Je suis étonné de découvrir la faiblesse du salaire versé comparé à la responsabilité et au boulot que cela représente au quotidien. J’ai l’impression que l’écart de salaire entre un professeur (notamment avec quelques sup’) et un principal est extrêmement faible voir inexistant..
En réponse @pizz
Oui en effet, le salaire des chefs d’établissement est faible compte tenu des responsabilités et de la tâche.
Toutefois pour ma part, je suis professeur documentaliste, impossible pour moi de faire des heures supp sur mes 30h de service, je suis échelon 5 et je perçois 1710€ (sft 70 € et prime équivalent isoe de 45€). Je suis pourtant titulaire d’un CAPES + master 2 + C2i2e + CLES.
Je suis loin des 2500 et/ou 3500 énoncés dans l’article, tout cumul confondu.
2500€ pour 12h par jours sur 5 jours, si c’est vrai je crois que l’éducation nationale va vraiment mal…il y a urgence à revaloriser les salaires de tous
Oui c est vraiment honteux ☺️ de rémunérer aussi peu un cadre supérieur représentant de lEtat !! Il faut avoir beaucoup de convictions de valeurs et sans doute une envie de croire que les choses peuvent changer … Et pourtant !? Le pouvoir est Il la ou il faudrait pour changer les choses ? Quelles responsabilités identifiés pour chaque membre de la communauté éducatives? Quels risques finalement ? La toute est très longue .. de toute évidence
Très intéressant de lire ce portrait qui en dit long sur ce métier essentiel : les valeurs, le quotidien centré sur l’action. Sur les réactions que je lis à cet article, il y a une erreur d’interprétation à mon avis : dans ce métier, les professionnels sont d’abord des adjoints… 2500 euros, c’est un salaire de personnel de direction adjoint ! ça vaudrait le coup d’être préciser…
« 2500 euros, c’est un salaire de personnel de direction adjoint ! »
Il y a assez peu de différence en adjoint et chef d’établissement, ce qui fait nuance est plus la catégorie de l’établissement (établie en fonction de sa taille et de ses spécificités).
Mais il est clair que la fonction est mal payée : beaucoup d’enseignants, voir des DDFPT (anciennement chefs de travaux) gagnent autant voir plus que les personnels de direction, sans en avoir la charge de responsabilité, beaucoup plus lourde que les horaires !
la grille de salaire des personnel des direction est la même pour les adjoints et les chefs!
Elle est la même sauf que l’indemnité NBI est double pour le chef! et le chef est supposé être plus haut dans les échelons que son adjoint, puisque plus d’expérience!.
la grille de salaire des personnels de direction est la même pour les adjoints et les chefs!
Si la grille est la même, les salaires, – notamment liés aux indemnités de fonction -, sont assez nettement différents. De plus, on est adjoint avant de devenir chef. Du coup je confirme ce que disais un lecteur, 2500 euros c’est plutôt le salaire d’un adjoint débutant. Un principal débutant se situera plutôt autour de 3000 – 3500 euros. Quand au témoignage de ce principal, – que je trouve très concret et intéressant – au vu du nombre d’élèves exposé en fin d’interview, il dirige un « gros établissement » et est donc est rémunéré en fonction.
Imaginez un peu les adjoints gestionnaires…. En ce qui me concerne, c’est 12 heures par jour, travail durant les vacances et astreintes régulières pour 2200.00 euros après 24 ans de fonction publique dont 12 en tant que catégorie A. Je ne me plains pas, j’aime mon boulot mais il est vrai que l’administration fait des différences entre ses ministères. Mon alter-ego du ministère des Finances gagnerait 600 euros de plus compte tenu du régime indemnitaire.
Et je confirme pour les fiches de paie de certains personnels qui touchent bien plus que le chef d’établissement… Je vois les fiches de paie tous les mois.
Il faut certainement ajouter des points de NBI, des primes qui sont fonction du type d’établissement, des formations présentes dans ce dernier (CFA, BTS….) non ?
Après 9 ans en tant que principale adjointe, je gagne 2900 euros, moins que de nombreux professeurs certifiés dont les heures supplémentaires sont bien payées alors que pour les personnels de direction elles ne le sont pas du tout. Et un prof a, a minima une demi-journée de libre par semaine si c’est pas 2 ou 3! 200 candidats de moins au concours cette année, cela donne à réfléchir sur l’attractivité du métier: obligation de mobilité (d’où le logement de fonction pas toujours en état), des déménagements remboursés uniquement tous les 5 ans et même pas à hauteur des frais engagés (au mieux ça couvre la moitié), pas de véhicule de fonction (on en est de sa poche pour toutes les réunions à droite et à gauche dans le département surtout si on est loin du rectorat ou de la DSDEN), un salaire qui n’augmente pas, des primes versées tous les 3 ans (et bing on se fait allumer cette année-là par les impôts!) qui correspondent à 54 euros par mois (l’équivalent d’une heure supp prof environ), toujours plus de travail et de responsabilités (14 % de burn out chez les perdirs, 25% d’épuisement professionnel) et des suppressions de postes (ou des non créations de postes ce qui revient au même) qui amènent des chefs à gérer seuls des collèges de plus de 400 élèves (jusqu’à 600, si, si j’ai vu ça!) ou des adjoints à faire office de chef de collège en cité scolaire (on supprime le poste de principal, on gagne un salaire et on se contente de payer l’adjoint sur son salaire d’adjoint en lui demandant de porter la responsabilité du chef). Il y a 10 ans, je gagnais 3600 euros par mois comme prof de français à La Réunion, aujourd’hui j’en suis à 2900 euros en étant principale adjointe avec un burn out à la clé (un vrai burn out!) il y a 2 ans. Ma perspective d’avenir: un poste de chef sur un établissement de catégorie 1 (sans adjoint donc) avec plus de boulot et de responsabilités en étant moins bien payée qu’adjointe en catégorie 3 (chercher l’erreur!). Comme ma chef le disait récemment, si c’était à refaire je ne repasserai pas le concours: aucun intérêt!
BENAMZA dit vrai, j’ai été adjoint en LP cat4 , mon salaire était de 3100 net (après 25 ans de bons et loyaux services dans l’EN comme Prof) avant le PPCR et 3050 après (chercher l’erreur!) et maintenant je suis adjoint en collège REP+4 , un collège de 850 élèves dans un DOM.
Je pouvais prétendre passer chef en Collège cat 1 sans adjoint dasns mon ancienne Académie et pour un salaire identique à peu de chose. J’ai fait un autre choix au grand regret de mon DASEN qui me proposait un poste de chef, j’ai choisi de partir dans un DOM en REP+ cat4 comme adjoint, du coup je gagne 4700 net par mois, plus l’ISG que je vais percevoir en 3 fractions (sur 4 ans) cela correspond à 10 mois de salaire BRUT (4+3+3) mais qui va certainement disparaître (Dixit la ministre des DOM) + le déménagement pris en charge + le logement de fonction sur NAS,
Bref! pour dire qu’il y a parfois des choix « cornélien » à faire, mais que l’on peut tout de même gagner plus dans l’EN, pour ma part, j’ai trouvé plus intéressant de partir en DOM pour augmenter mon salaire, vivre une petite aventure en famille. Je serai chef, mais ce sera plus tard et dans un DOM certainement. Cerise sur le gâteau (méritée je trouve), 1 an de gagné sur la retraite par portion de 4ans fait dans mon DOM.
Un chef d’établissement et/ou son adjoint sont souvent d’anciens enseignants ou d’anciens CPE qui n’arrivent plus à bien gérer la tâche pour laquelle ont été recruté à la base, ils passent le concours et après plusieurs sessions, ils l’obtiennent et dans le plus souvent des cas, ils attendent avec impatience une affectation dans un coin tranquille, afin d’obtenir tous les avantages liés à cette dernière. Voilà la réalité du terrain. En ce qui concerne leur indemnité, je pense qu’elle est cohérente et ne devrait même pas dépasser celle des enseignants. Et enfin, je que j’ai pu constater, un établissement scolaire ne fonctionne que grâce à ses enseignants, ses CPE et enfin ses surveillants. Le reste, c’est du baratin ! ( Autrefois dans le primaire, un instit faisait bien office de directeur, je pense il serait temps de faire pareil dans le secondaire)
le salaire indiqué est vraiment modeste pour la charge de travail, c’est vraiment un sacerdoce !
Il y a quelques possibilités autres, ainsi avoir la chance d’avoir un poste de proviseur dans un lycée français à l’étranger, salaire bien supérieur, reconnaissance très forte de tous et travail passionnant. J’ai eu cette chance durant plusieurs années comme enseignant et comme proviseur durant 18 ans et ne regrette vraiment rien. Ceci dit c’est le plus beau métier qui soit.
Pour ma part je suis Principal adjoint après avoir été reçu au concours en 2015, je gagne 100 euros de plus que lorsque j’enseignais mais en effectuant 50 heures par semaines . Les heures supplémentaires ne sont pas rémunérées puisque un personnel de direction est responsable de l’organisation de son temps de travail.
Autre élément : j’ai le 20 eme salaire de l’etablissement , certains enseignants toutes primes confondues ont 1000 euros net de plus que moi….
Je voudrais pour la premiere devenir principal de college et j’ai vraiment besoin de vos conseils s’il vous plait je suis senegalaise et plus particulierement dans la region de tambacounda aidez moi s’il vous plait
J’ai été proviseur adjoint puis proviseur de lycée en France puis dans deux lycées français à l’étranger. Une grande chance : diversité des postes, salaires très confortables à l’étranger ( Mauritanie puis Pays-Bas). certes beaucoup de travail mais aussi de grandes satisfactions! Une progression de carrière très valorisante. Je ne regrette pas, au contraire.
Quelles sont les obligations d’un adjoint de chef d’établissement pour les vacances? grandes et petites