Nicole Ferroni

Nicole Ferroni 08 10 14 © Radio France – Christophe Abramowitz/source VousNousIls

Nicole à l’école, c’était comment ?

J’ai eu deux phases. Une première phase « enfant rêveuse », au CE2. D’ailleurs, je me souviens que ma mère m’avait acheté un parfum nommé « Enfant rêveur », histoire de marquer le coup ! Puis, j’ai eu une seconde phase « enfant bavarde ». En théorie, j’étais plutôt une élève respectueuse, mais ce n’est pas très respectueux de parler en classe… J’ai pas trop changé depuis. Je suis aussi bavarde qu’en CM2 ! (rires) Mes résultats étaient plutôt bons, mais je n’étais pas non plus dans le peloton de tête.

Dans votre cahier de bons souvenirs d’école, il y a…

J’ai beaucoup de souvenirs de récréation. J’aimais beaucoup le côté sociable de l’école. Être dans un groupe d’élèves. J’étais plutôt la bonne copine. Et je suis toujours hyper sociable. Après, pour être très franche, je n’ai pas beaucoup de souvenirs du contenu des cours… 

Pas beaucoup, donc quelques-uns…

Un cours sur les rois de France m’a marqué. La maîtresse recopiait une liste interminable de rois au tableau. Et puis, elle s’est mise à effacer les deux premiers tableaux alors que je n’avais pas fini le premier… J’étais désespérée !
Me revient aussi un cours de dessin pendant lequel nous avions utilisé de la drawing gum, cette texture transparente, qui fait que la peinture ne marque pas à certains endroits. J’avais adoré ça.

Mon troisième souvenir, c’est une instit’ qui venait de temps en temps nous donner des cours de chant et était venue nous apprendre la Marseillaise. Je me souviens qu’elle avait lancé : « qu’un sang impur abreuve nos sillons, c’est d’une violence inouïe ! ». Elle nous l’enseignait tout en étant très critique sur le sens du texte.

Pouvez-vous ouvrir le sac à mauvais souvenirs ?  

C’est un souvenir ambigu qui me revient. Un garçon assez méchant aimait tirer les jupes des filles pour voir et montrer leur culotte. Un jour, pour lui donner une leçon, l’instit’ – qui devait être assez sadique – l’a fait monté sur le bureau et lui a tiré le pantalon en disant « ça t’amuse de faire ça ? ». Il a pleuré mais ça l’a calmé. Je me souviens avoir ressenti un sentiment étrange, mêlé d’empathie pour lui et de satisfaction. L’adjectif qui me vient pour qualifier cela, c’est le mot allemand « schadenfroh », un mélange de joie et de pitié (la mère de Nicole Ferroni était professeur d’allemand, ndr).

Je me souviens aussi des fréquentes bagarres au collège Lou Garlaban – en ZEP (zone d’éducation prioritaire) à Aubagne même si je n’ai jamais été impliquée directement. Enfin, je me souviens quand même d’un jour où on m’avait menacé de me « fracasser » à la sortie. J’ai dû prier toute la journée pour qu’il ne se passe rien. Et il ne s’est rien passé.

Je crois aussi que, même si j’étais contente de passer dans la cour des grands, l’année de sixième a été une année assez « sportive ». Comme j’aimais bien être au dernier rang au primaire, j’ai continué en sixième, sauf que je me suis retrouvée avec une faune qui n’était pas la même qu’à l’école. Je me souviens d’un cours de français avec deux gaillards poilus, qui devaient avoir 12 ans déjà, et qui m’ont sorti tout le vocabulaire sexuel que je ne connaissais pas pendant la séance. L’un d’eux m’a dit « Nicole, tu te doigtes un peu ? ». Je ne comprenais rien et je crois même avoir demandé à mes parents ce que ça voulait dire.

Qui sont les enseignants que vous n’avez pas oubliés ?

Madame Happe, ma maîtresse de CM2. A cet âge-là, on est un peu plus costaud avec les instit’. Elle restait très calme, sereine, énergique mais pas énervée. Et elle était très pédagogue aussi. La drawing gum, c’était elle. En plus, elle s’appelait Nicole !

Il y a aussi Monsieur Guéritaine, que je recroise de temps en temps à Aubagne. C’était mon prof’ de français en quatrième et troisième. Il était tout en sourire et fermeté. Un bon compromis pour apprivoiser la meute ! Et surtout, il était batteur dans un groupe du collège, très impliqué par ailleurs dans des projets en dehors des cours. Ce changement de statut par rapport à celui du prof’ lui permettait d’avoir des relations privilégiées avec ses élèves.

Enfin, je me souviens de Madame Morlet, prof’ d’allemand, assez sèche et autoritaire, à la fois douce et rigoureuse, gentille et dure, avec un gabarit de crevette. Elle faisait des photocopies à l’ancienne, qui sentaient bon, avec un appareil à alcool.