
Olivier Maury, directeur d’école
Vous êtes directeur d’école dans l’académie de Nancy-Metz. Quelles sont vos missions au quotidien ?
Elles relèvent de trois champs de responsabilité : le pilotage pédagogique, le fonctionnement de l’école et les relations avec les parents et les partenaires de l’école. Au quotidien, je supervise et coordonne les équipes enseignantes, j’assure l’animation pédagogique, et veille au bon déroulement des enseignements. Je mets en œuvre les conditions nécessaires à la progression de tous les élèves dans l’école, y compris ceux à besoins éducatifs particuliers. Mon rôle est aussi de veiller à la bonne marche de l’école et au respect de la réglementation. A ce titre, je suis chargé d’organiser le service de surveillance et de m’assurer de l’assiduité des élèves. En tant que directeur d’école, je préside le conseil d’école, qui a lieu au moins une fois par trimestre et j’organise l’élaboration du règlement intérieur. Autre mission de taille : je suis responsable de la mise en œuvre des dispositions relatives à la sécurité de l’école et symbolise l’autorité morale au sein de l’établissement. Enfin, je veille à la qualité des relations de l’école avec les parents d’élèves et avec l’ensemble des partenaires de l’action éducatrice : collectivités territoriales, acteurs associatifs, autres services de l’Etat. Pour moi, être directeur d’école, c’est avoir les épaules très larges ! Ces missions prennent énormément d’énergie… Parallèlement à ces tâches, j’assure toujours mon rôle d’enseignant.
Quel parcours d’études pour exercer ce métier ?
Pour accéder au poste de directeur d’école, il faut posséder un diplôme de niveau bac +5 et avoir été professeur des écoles pendant au moins 3 ans. Pour être nommé à ce poste, il faut s’inscrire sur une liste d’aptitude départementale. Une commission émet un avis après étude du dossier et entretien avec le candidat. En général, les professeurs des écoles retenus suivent une formation de 3 semaines avant de se voir attribuer le poste. Puis, une fois le poste obtenu, des formations sont également prévues. Pour ma part, je suis arrivé à cette fonction suite au départ de l’ancienne directrice. Aujourd’hui, je suis directeur d’école depuis 24 ans et j’en suis très épanoui.
A quel salaire peut prétendre un directeur d’école ?

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Dans la fonction publique, le salaire dépend du grade et de notre échelon. Un directeur d’école débutant gagnera environ 2.000 euros brut par mois. A cette rémunération, qui progresse avec l’ancienneté, s’ajoutent diverses indemnités et primes, versées par exemple en fonction du lieu d’exercice. Aujourd’hui, après 24 ans d’ancienneté, je perçois 2.800 euros net par mois dont 150 euros en tant que directeur d’école. Sur les 60h de travail que j’effectue par semaine, environ 20h sont dédiées à la direction et le reste du temps à l’enseignement. Cette somme supplémentaire de 150 euros ne paie en aucun cas les contraintes psychologiques et administratives que nous subissons. La responsabilité de direction est clairement sous-payée mais je n’occupe pas cette fonction pour le salaire.
Quelles sont aujourd’hui les principales difficultés dans votre profession ?
Il y a beaucoup trop d’administratif ! Au fil des années, nous constatons une accentuation des demandes faites auprès des directeurs d’école de la part de l’administration et de la municipalité. Nous avons sans cesse des réunions avec les équipes éducatives ou des dossiers à régler pour la mise en place des PAP (plan d’accompagnement personnalisé), par exemple. C’est une contrainte très lourde dans notre quotidien et ça nous prend énormément de temps. Autre difficulté : l’impact des parents dans l’école. Depuis 4 à 5 ans, nous constatons une génération de parents très exigeante vis-à-vis de l’école. Si l’enfant fait des erreurs, pour eux, c’est automatiquement de la faute de l’école. Auparavant, dès lors qu’il y avait un problème dans l’école, les parents venaient systématiquement nous voir et nous en discutions. Aujourd’hui, ils appellent directement l’inspecteur d’académie. Et forcément, ça nous retombe dessus ! C’est très difficile à gérer et notamment pour les jeunes directeurs d’école, qui n’ont pas toujours le recul suffisant pour faire face à ce type de situations. Les parents se substituent totalement à nous et attendent beaucoup trop de l’école. Ils aimeraient bien qu’elle fasse tout : à la fois l’éducation, l’instruction, la politesse, etc.
A l’inverse, parlez-nous des joies du métier…

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Au quotidien, c’est un métier passionnant. Le directeur d’école à un gros impact sur l’ambiance générale de son établissement. J’apprécie réellement de pouvoir animer une école et une équipe. Toutefois, ce qui me marque le plus, ce sont les petites attentions de mes anciens élèves. Certains viennent me rendre visite à l’école pour me saluer voire me remercier pour le travail accompli. Un élève, par exemple, est arrivé à l’école avec une grosse boîte de chocolats juste après les résultats de son bac. Il nous a dit qu’on avait fortement contribué à sa réussite. Ça, c’était une joie énorme ! Autre exemple : il y a quelques temps nous avions organisé une journée portes-ouvertes pour les enfants. Certains parents, anciennement élèves dans notre école, ont profité de cette occasion pour venir nous voir tellement ils avaient de bons souvenirs dans cet établissement… Nous avons pu échanger et discuter avec eux. Ce fut un instant très agréable. C’est ainsi à travers ces moments que je me sens heureux dans mon métier !
C’est vraiment ce qu’il faut bien expliquer à d’éventuels candidats à l’entrée dans la Garderie Nationale/
Beaucoup de missions et peu de salaire,de reconnaissance (parce que vous n’arriverez jamais à régler tous les pêchés du monde dont vous serez accusé en permanence pendant 42,43,44,45 annuités….si vous n’avez pas d’échappatoire professionnelle)
L’indemnité annoncé est… inexacte. Elle se compose de l’ISS, de la BI, de la NBI et de la part variable. Pour moi, qui suis directeur « groupe 2 » (d’une école de 4 à 9 classes), cela fait environ un supplément de 280 euros par mois. Ce n’est pas négligeable… mais ce n’est pas énorme non plus au vu des responsabilités inhérentes à cette fonction et au vu du temps passé… comme l’explique très bien Olivier d’ailleurs ! Et ça l’est encore moins si on la compare à l’indemnité d’un chef d’établissement du second degré qui gère parfois presqu’autant d’élèves avec plus de personnel… et sans gérer de classe.
pour moi c’est aussi 150 € et sans décharge donc toutes les heures sont sur mon temps perso
Je suis d’accord avec Laurent. Des députés ont encore fait récemment un rapport sur la direction d’école … celui-ci sera encore une fois remisé , d’autant qu certains syndicats ne sont pas pour un statut de directeur d’école . Nous attendrons encore