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682 postes d’enseignants du 1er degré créés dans l’académie de Créteil pour la rentrée 2018. C’est ce qu’a annoncé le ministère aux organisation syndicales, le mercredi 20 décembre 2017. Un véritable jackpot pour une académie qui remporte près d’un quart du total des 2800 nouveaux postes prévus dans le budget de l’Éducation nationale pour la rentrée prochaine.

Si l’académie de l’Est Parisien est aussi bien pourvue, c’est parce que depuis la rentré 2017, les classes de CP en REP+ sont dédoublées. Jean-Michel Blanquer a également annoncé sa volonté d’étendre le dispositif à tous les CP de REP mais aussi aux CE1 en Rep +, dès la rentrée 2018. Dans une académie ou près de 60% des écoles primaires sont classées en REP, le besoin en postes était de taille.

Des moyens malgré tout insuffisants

« Cette dotation est une bonne nouvelle explique Rachel Schneider, secrétaire départementale du Snuipp-FSU 93, mais elle est malheureusement insuffisante ». Pour encadrer le dispositif des dédoublement, tout en recréant des postes de Rased, de remplaçants, de référents handicap, le syndicat avait estimé à 990 le besoin en poste sur le seul département de la Seine-Saint-Denis. Bilan : 682 postes pour toute l’académie, qui comprend les départements du Val-de-Marne et de la Seine-et-Marne, on est loin du compte. « On savait bien que l’on n’aurait pas tout ce que l’on demandait, mais cela donne une idée du chemin qu’il reste encore à parcourir », estime la syndicaliste.

Le 93 n’est pas le seul département à juger que les postes vont manquer, « Dans le département du Nord nous allons bénéficier de 220 postes supplémentaires, or avec les dédoublements à venir, on a calculé que l’on avait besoin de 350 postes », analyse Anabelle Soumet du Snuipp 59. A l’échelle nationale Francette Popineau, porte parole du Snuipp-Fsu, s’inquiète : « Il va nous manquer environ 2500 postes, ce qui va nous contraindre à prendre sur le dispositif plus de maîtres que de classes. »

sara forestier

©JC LOTHER

Déshabiller Pierre pour habiller Paul

La réforme inquiète également le syndicat car elle pourrait se faire au détriment des académies qui ont peu de REP+. « La Seine-Saint Denis est un département extrêmement médiatisé. C’est vrai que nous sommes le département avec le plus de REP et de REP+, mais nous craignons que le choix de nous donner plus de moyens soit aussi un choix d’affichage politique qui se ferait au détriment d’académies plus rurales« , concède la secrétaire départementale du Snuipp-FSU 93.

De fait, les académies bénéficiant le plus de la hausse, en valeur absolue, sont les plus urbaines : Créteil , Versailles, Lille, Lyon et Aix-Marseille. Elles concentrent à elles seules 58 % des créations de postes. Six académies, en revanche, ne gagnent pas de postes : celles de Besançon, Caen, Clermont-Ferrand, Dijon, Limoges, Poitiers, Rennes, et de Guadeloupe.

Dans le Calvados (académie de Caen), où on compte seulement 5 classes de REP +, aucun poste d’enseignant n’a été créé. « Avec le dédoublement des CP en REP et des CE1 en REP+ à la rentrée 2018, nous aurions eu besoin d’au moins une vingtaine de postes supplémentaires », détaille Laurence Guillouard, la secrétaire départementale Snuipp-FSU du département. La politique visant à mettre tous les moyens du ministère sur les zones prioritaires, au détriment des autres est encore loin de faire l’unanimité dans le syndicat. « Bien sûr il faut toujours donner le plus à ceux qui ont le moins, mais sans en donner moins à ceux qui n’ont déjà pas beaucoup », conclut Francette Popineau.