
Manifestation du 14 décembre, enseignants 93/ Crédit : Jean-Claude Saget
« Jamais une action en matière d’éducation n’a été aussi sociale, au moins depuis 20 ans », a déclaré le ministre de l’Éducation nationale, lors de son discours au congrès du MODEM, pour qualifier sa propre politique. Il est vrai que depuis sa prise de fonction, Jean-Michel Blanquer n’a cessé de mettre en avant ses mesures en faveur des populations les plus précaires : classes de CP dédoublées en REP+, prime pour les enseignants qui y travaillent.
Pourtant, jeudi 14 décembre, quelques jours avant cette déclaration, des enseignants de Seine-Saint-Denis (93) s’étaient mis en grève à l’appel des syndicats FO, CGT, FSU, SUD et CNT. Un mouvement social particulièrement suivi dans le premier degré, (30% de grévistes selon le Snuipp-FSU, 15% selon le rectorat), notamment dans des villes comme Montreuil et Aubervilliers, avec près de 50% de grévistes selon le Snuipp-FSU. Le tout soutenu par une manifestation dans les rues de Paris où, selon le syndicat, 600 personnes défilaient.
“Il nous faut envoyer un signal fort au ministère avant la répartition des dotations aux académies et aux départements », déclare Rachel Schneider du SNUipp-FSU. Une grève « d’alerte » en somme, et non « de réaction », alors que le nombre de postes octroyés au département et à l’académie de Créteil va être décidé cet hiver. Une manière de montrer que dans ce département, où les conditions d’enseignement et d’apprentissage sont difficiles puisque 60% des écoles primaires et collèges sont classées en réseau d’éducation prioritaires, les enseignants ont toujours des revendications à faire entendre.

Manifestation du 14 décembre, enseignants 93/ Crédit : Jean-Claude Saget
Va-t-on continuer les efforts de création de postes ?
« Depuis 2015, les efforts initiés par Najat Vallaud-Belkacem ont permis de recruter près de 1250 postes d’enseignants de primaire », explique Rachel Schneider. Une initiative « absolument nécessaire », selon la syndicaliste, du fait de la croissance démographique du département. « On a compté 900 élèves supplémentaires dans les écoles primaires du département pour la rentrée 2017, et ça devrait être pareil en 2018. » Le syndicat demande donc une dotation totale de 990 postes, à la fois pour remplacer les départs et pour assurer le bon encadrement de ces nouveaux élèves.
Des efforts en terme de personnel qui ne doivent pas s’arrêter à la création de postes d’enseignants, mais au contraire s’étendre, selon Rachel Schneider, aux médecins scolaires, aux infirmières, aux assistantes sociales, et aux psychologues.
« Sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy on a supprimé 190 postes de Rased dans le département, depuis on a pu en recréer que 56, ces postes-là manquent !”
Comment dédoubler les CP dans de bonnes conditions ?
Qui pourra reprocher à Jean-Michel Blanquer sa mesure sur les dédoublements de CP dans les établissements classés en REP+ ? « La réduction d’élèves par classe ? Cela fait des années que nous la demandons », s’amuse Maxime Besselievre, secrétaire général de la CGT Educ’action 93. Pourtant la réfome est loin de faire l’unanimité parmi les syndicats mobilisés. Et pour cause, elle a été mise en place dès la rentrée 2017 mais aucun moyen supplémentaire n’a été alloué, le budget de l’Éducation nationale ainsi que les dotations aux académies ayant été décidées sous l’ancien gouvernement. « Pour dédoubler les CP en REP+, il a donc fallu affaiblir le dispositif, plus de maîtres que de profs, mis en place par l’ancien gouvernement, ce qui a finalement dégradé les conditions de remplacement”, constate Maxime Besselievre.

Manifestation du 14 décembre, enseignants 93/ Crédit : Jean-Claude Saget
Le ministre de l’Éducation nationale ambitionne d’ailleurs d’élargir ce dispositif aux classes de CE1 et aux REP (non plus aux seules REP+). « Si on n’a pas de garanties concrètes en terme de postes, cela ne sera pas viable, notre ministre est dans l’hyper-communication, et ses mesures ne sont pas budgétées », conclut le syndicaliste et enseignant de lettre-histoire au lycée Arthur Rimbaud de La Courneuve (93). Pour élargir le dédoublement, le Snuipp-FSU évalue à 420 le nombre de postes qu’il est nécessaire de créer dans le premier degré, soit près de la moitié de la dotation (990 postes) demandée.
Des titulaires plutôt que des contractuels ?
Selon une étude de la Cour des comptes, 50% des contractuels du premier degré sont rassemblés dans le département de la Seine-Saint-Denis. La juridiction financière qualifie même ce besoin de recruter des enseignants non titulaires de “structurel” au vu des difficultés permanentes à pourvoir les postes du concours, et ce malgré un concours supplémentaire. « Nous comptabilisons dans nos écoles encore plus de 400 contractuels au primaire », estime Rachel Schneider.
Un fonctionnement qui maintient le système éducatif du 93 dans la précarité puisque les contractuels n’ont pas bénéficié des mêmes formations que les enseignants titulaires et travaillent sans savoir si leur contrat sera renouvelé. Une problématique à laquelle aucune réponse concrète n’a été apportée à ce jour. Le Snuipp-FSU pour sa part, préconise un pré-recrutement dès la L1 pour améliorer les condition de formation des futurs enseignants et rendre le métier plus attractif.
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