Décrochage scolaire © kolett - Fotolia.com

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Le décrochage scolaire baisse, c’est la bonne nouvelle de fin d’année apportée par le Conseil national d’évaluation du système scolaire (Cnesco), instance chargée d’évaluer les politiques éducatives. Un des rapports de l’institution note une réduction de près de 30% des élèves sortis sans diplôme de niveau bac ou CAP entre 2012 et 2016, leur nombre passant de 140 000 à 100 000.

Des chiffres encourageants mais en trompe l’oeil puisque ces élèves pouvaient être réintégrés rapidement à une formation, ou non, sans que cela n’agisse sur le décompte. Gérard Boudesseul, maître de conférences en sociologie à l’Université de Caen Normandie a donc réalisé une étude sur le total des 15-24 ans qui, une fois sortis du système éducatif restent sans diplôme. « J’étudie des données de stock et non pas des données de flux », résume l’universitaire.

Et ces chiffres sont, eux aussi, plutôt bons : entre 2006 et 2013, la part de non-diplômés du secondaire a baissé de 2,5 points, passant de 27,2 % à 24,7 %. Selon Gérard Boudesseul, cette diminution est due à l’effet des mesures mises en place par l’Éducation nationale. Plus optimiste encore, le sociologue note que la réduction du décrochage a été observée sur un ensemble de jeunes qui n’avaient pas profité des outils mis en place par Najat Vallaud-Belkacem, comme la plateforme de suivi et d’appui aux décrocheurs (PSAD).

« Dans les années à venir on va sans doute observer une accélération de la baisse puisqu’on va recenser les cohortes de ceux qui ont véritablement bénéficié du dispositif de lutte contre le décrochage. Durant ces dernières années l’Éducation nationale a appris, dans une certaine mesure, à la fois à le prévenir et à réagir vite », conclut le chercheur.

De fortes disparités en fonction des académies

Il existe toutefois de fortes différences en terme de décrochage scolaire selon les académies. Celles du Nord (Lille, Amiens), d’Île-de-France (Créteil) et du Sud-Est (Corse, Montpellier, Aix-Marseille) de la France sont nettement plus touchées que les autres. À l’inverse, les académies de l’ouest de la France (Rennes, Nantes) sont les moins concernées, avec un taux record de 18,1% de décrochage pour les Rennais, quand la Corse culmine à 29.8%.

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Au sein de ces académies, on observe aussi des disparités à l’échelle des cantons. « A l’intérieur de l’académie d’Amiens, par exemple, on a des cantons, comme ceux de Valencienne et Roubaix, pour les zones urbaines, ou du Cateau-Cambrésis, pour les rurales où le taux de décrochage ne diminue que très peu », décrypte Gérard Boudesseul.

Un phénomène qui a lieu majoritairement dans les cantons où les conditions de vie sont difficiles, mais pas exclusivement. « Il y a un nombre significatif de zones où ces deux situations ne coïncident pas, il faut alors regarder au cas par cas la situation des établissements, prendre en compte les dynamiques locales : est ce que les enseignants travaillent en équipe ? existe-t-il une politique la ville qui prend en charge les jeunes au moment où il sortent du système? » Parfois, ces facteurs peuvent plomber un établissement, ou faire des miracles. A Grande Synthe (59) dans un contexte de misère sociale chargé, nous avons un des collèges de la ville qui sauve littéralement ses élèves. »

Une progression qui va ralentir

Gérard Boudesseul  nuance cependant globalement son étude : “Je pense que la diminution du décrochage va ralentir dans les années à venir, car les politiques publiques vont finir par être confrontées au noyau dur des décrocheurs, ceux qui sont les plus éloignés du système scolaire. Des enfants dont le milieu social, les conditions de vie, les lacunes accumulées dès le CP, font qu’ils sont difficiles à réintégrer. » Selon le chercheur, cette situation est déjà observable dans l’académie de Rennes où le niveau de décrochage est déjà bas, et où la diminution de celui-ci devient donc faible.

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