
Silence on lit / Collège de Banon
Comment lutter plus efficacement face au décrochage scolaire ? Le Cnesco (conseil national d’évaluation du système scolaire), qui a organisé une conférence sur le sujet en novembre dernier avec des chercheurs et des acteurs de l’éducation, dévoile ce vendredi 8 décembre ses préconisations dans un rapport.
Elles s’articulent autour de trois orientations : des actions « urgentes » dans les établissements, visant les élèves « les plus à risque » dans la période de pré-décrochage ; des actions de prévention, sur le long terme, visant la qualité des enseignements et l’accompagnement des élèves ; et des recommandations améliorant le retour en formation des jeunes décrocheurs.
Actuellement, 100 000 jeunes sortent encore chaque année du système scolaire sans diplôme en France. Selon le Cnesco, qui a consulté différents chercheurs, le décrochage serait favorisé par des « difficultés scolaires précoces », se traduisant souvent par un redoublement au collège, ainsi que par le milieu social et l’environnement scolaire.
Face à cette situation, le Cnesco recommande de « prévenir plutôt que guérir ». Parmi ses préconisations, on retrouve une amélioration de la qualité des apprentissages, une aide à l’orientation, mais aussi de meilleures relations avec les parents les plus éloignés de l’école, une amélioration du climat scolaire, et un »développement du sentiment d’appartenance à l’école ».
Des actions « en urgence » auprès des élèves à risque
Le Cnesco préconise donc tout d’abord de cibler en urgence les élèves risquant de décrocher : pour cela, le conseil recommande d’identifier « les signes précurseurs » du décrochage en offrant « aux personnels les moyens d’identifier les élèves à risque plus efficacement », en recueillant des informations auprès des élèves (via des « questionnaires de recensement précoce »), et en informant les établissements sur leur exposition au risque de décrochage, grâce à la création d’indicateurs de décrochage scolaire.

Le collège Saint-Exupery d’Ermont (Val d’Oise) / Aleksei Tretiakov / Google Maps / CC
Pour « développer des alternatives » permettant d’éviter les « sorties des élèves des classes ou des établissements, le Cnesco préconise de réfléchir à des actions « associant punition/sanction et intégration à travers un suivi de l’élève » ; par exemple en faisant participer l’élève à un « travail d’équipe » s’il est fréquemment en retard, aux travaux d’entretien et de réparation des agents de service s’il a dégradé des biens, et en participant aux activités d’une association caritative, en cas d’atteinte aux personnes.
Afin de « créer des liens avec les familles les plus éloignées de l’école », le Cnesco conseille de « ne pas attendre que les situations se dégradent » pour rencontrer les parents, d’apprendre à les connaître, et de les impliquer « dès les premiers risques de décrochage identifiés », en leur envoyant des SMS pour les informer en temps réel et organiser rapidement un rendez-vous dans l’établissement scolaire, avec les enseignants, mais aussi le CPE, l’assistante sociale, l’infirmière ou la psychologue de l’Éducation
nationale.
« Une prévention pour tous les élèves », sur le long terme
Pour réaliser des actions de prévention, sur le long terme, le Cnesco préconise un « accompagnement des parcours » des élèves en variant les situations et contextes d’apprentissage, l’instauration d’une « seconde indifférenciée » (entre voies professionnelles et générales) pour »redonner une perspective aux choix d’orientation« , et le lancement de programmes visant à « combattre les perceptions genrées des métiers » et à éviter les « orientations subies ».
« Développer le sentiment d’appartenance à l’école »

Ennui au collège – AntonioDiaz – fotolia.com
« Le sentiment d’appartenance à l’établissement étant particulièrement faible en France (et directement lié au risque d’absentéisme), il est indispensable de mener des actions spécifiques pour co-construire une culture commune au sein des établissements, et créer des relations fortes entre l’établissement, les élèves, les familles, et le territoire », écrit le Cnesco dans son rapport.
Pour développer le sentiment d’appartenance des élèves à leur établissement, le conseil recommande de « développer leur capacité à s’exprimer », de discuter avec eux des règles de vie dans l’établissement, de « faire vivre les instances d’expression des élèves », et de développer les activités extra-scolaires dans l’établissement, notamment en lycée professionnel.
Améliorer le climat scolaire dans l’établissement
Pour améliorer le climat scolaire, le Cnesco conseille de développer les compétences psychosociales des élèves, à travers des programmes d’éducation durant lesquels seraient développés les capacités des élèves à reconnaître leurs émotions et à les contrôler, mais aussi leurs capacités d’empathie, à « gérer les relations aux autres », à résoudre des conflits, et à « prendre des décisions responsables ».
« Le règlement intérieur doit aussi être explicité auprès de tous afin d’adopter des règles de vie partagées
dans la classe et dans l’établissement », peut-on aussi lire dans le rapport.
Agir sur les retours en formation
Selon le Cnesco, « une politique efficace en faveur du raccrochage scolaire doit se préoccuper d’identifier systématiquement les jeunes perdus de vue, d’élargir l’offre de retour en formation, notamment pour les 16-18 ans, et d’évaluer l’efficacité et l’efficience des dispositifs de raccrochage ».
Le conseil recommande notamment de renforcer et de permettre l’accès à « une offre de solutions diversifiées », en développant des dispositifs de retour à l’école, comme les écoles de la seconde chance (E2C), les établissements pour l’insertion dans l’emploi (EPIDE) et les micro-lycées. « Des solutions de transports et d’internats, notamment pour les décrocheurs en zones rurales, doivent rendre accessibles les solutions proposées », ajoute-t-il.
Enfin, le Cnesco préconise de coordonner et d’évaluer les dispositifs de raccrochage existants, afin de proposer aux familles un « guichet unique ». Pour cela, il conseille de renforcer le rôle des Missions de
lutte contre le décrochage scolaire (MLDS), et de lancer un « plan ambitieux d’évaluations rigoureuses et systématiques » sur l’efficacité et l’efficience de l’ensemble des dispositifs de retour à l’école.
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