
Devoirs Faits / MEN
Mesure phare de Jean-Michel Blanquer, les Devoirs Faits ont été mis en place le 6 novembre, à la rentrée des vacances de Toussaint. Ce dispositif consiste à permettre aux collégiens volontaires de faire leurs devoirs dans leur établissement et de bénéficier de l’aide d’enseignants, d’assistants d’éducation (surveillants), d’associations et de jeunes en service civique.
Quelques semaines après le lancement de ce programme, force est de constater que sa mise en place (dans l’urgence, puisque annoncée en juin) reste assez inégale, chaque établissement fixant ses propres modalités, en fonction du contexte et surtout, des moyens. Selon AEF, sur le plan national, 25% des collégiens, soit 1 enfant sur 4, ont souhaité bénéficier des Devoirs Faits.
“Un vrai besoin d’accompagnement” chez les élèves
L’académie Nancy-Metz fait figure de bon élève, avec un taux de participation supérieur à la moyenne : ainsi, 25.000 collégiens, soit 30,7 % des élèves, sont inscrits à Devoirs Faits. Pour accompagner les adolescents, explique AEF, 2800 adultes ont été recrutés – les deux tiers sont des enseignants, et les autres sont des volontaires en service civique, des assistants d’éducation, des personnels administratifs, des parents d’élèves, ou des “membres d’associations partenaires de l’Éducation nationale”. Sylvie Leguil, référente académique du dispositif, se félicite du succès de la mise en place du dispositif, observant une “adhésion intéressante”, qu’elle attribue à “un vrai besoin d’accompagnement”.
Selon le SNPDEN-Unsa, « de vrais moyens » ont été donnés aux établissements de l’académie Nancy-Metz pour mettre en œuvre Devoirs Faits, et répondre aux besoins des équipes ». Le syndicat enseignant observe en outre une “répartition correcte » de ces moyens, avec « un fort pilotage académique ».

Devoirs Faits / MEN
Exemple avec le collège Untersteller de Stiring-Wendel (Moselle). Le principal de cet établissement REP, qui proposait déjà de l’aide aux devoirs, a eu le temps de devancer la mesure de Jean-Michel Blanquer : “chez nous, on avait déjà anticipé dans nos emplois du temps , cela n’a donc pas bouleversé toute notre organisation”, explique-t-il au Républicain Lorrain.
Au collège Untersteller, 170 élèves sur 455 sont inscrits, soit 35% de l’effectif. La direction reconnaît bénéficier d’un cadre favorable – ainsi, pour encadrer ces études, pas besoin de faire appel à des personnes extérieures, le collège ayant assez de volontaires en interne : “nous avons plus d’une quinzaine de professeurs et d’assistants d’éducation volontaires pour aider les élèves à faire leurs devoirs”.
Seuls 21% des collèges ont “reçu les moyens financiers nécessaires”
Mais la situation n’est pas pour autant aussi simple dans toutes les académies. Se référant à une enquête qu’il a réalisée auprès de 282 collèges dans toute la France, le SNPDEN indique que 30% d’entre eux n’ont pas mis en place le dispositif Devoirs Faits, et que 34 % des établissements n’ont même pas évoqué le sujet en conseil pédagogique. En outre, dans 197 collèges (70% des répondants), les élèves ne bénéficient pas de 4 heures d’accompagnement ; et seulement 59 établissements (sur 282 – soit à peine 21 %) assurent avoir “reçu les moyens financiers nécessaires”.

Crédit photo : MarkGuitarPhoto/Flickr/CC
En Bretagne, Devoirs Faits reste difficile à mettre en oeuvre, selon Le Télégramme. Par exemple, au collège Brizeux de Lorient, le directeur d’établissement avoue qu’il “aurait aimé le mettre en place”, mais qu’il n’a “trouvé personne pour s’y coller” – aucun profs volontaires, et quelques jeunes en service civique qui n’étaient “pas au niveau”.
Dans la quinzaine d’autres collèges du bassin de Lorient, les mêmes problèmes de recrutement se sont fait jour. Certains, qui ont déploré avoir été “avertis trop tardivement”, ont été obligés, faute de volontaires, de confier les Devoirs Faits aux surveillants. Les “ambitions” ont aussi été revues à la baisse. Ainsi, au collège Jacques Prévert de Saint-Pol-de-Léon, au lieu de faire bénéficier du dispositif tous les niveaux, seuls les 6e en profitent – une vingtaine d’élèves seulement, sur 80. Pour le SNES Bretagne, “on voit clairement que le contexte de précipitation n’est pas bon du tout, concernant ce dossier”.
La faille du caractère facultatif
Au collège Rostand de Bruay (Nord), les Devoirs Faits ont été mis en place dans la sérénité, mais sa principale remarque que le dispositif possède une faille : son caractère facultatif, basé sur le volontariat. “J’aurais préféré que ce soit obligatoire pour tous. Car ce ne sont pas forcément ceux qui en ont besoin qui viendront. Et ceux qui en auraient besoin n’ont qu’une hâte : quitter l’établissement”, indique la chef d’établissement dans La Voix du Nord.
Pour donner envie aux élèves d’intégrer Devoir Faits, une “réflexion plus large, de nature pédagogique”, s’impose, selon Sylvie Leguil, la référente du dispositif dans l’académie Nancy-Metz. Ainsi, indique-t-elle à AEF, “nous sommes là sur une question d’équité entre élèves. L’enjeu, c’est d’apprendre à apprendre, et donc de développer le domaine 2 du socle de connaissances et de compétences relatif aux méthodes et outils pour apprendre”.
Une “réflexion collective” est engagée dans l’académie, afin d’interroger “l’articulation entre le travail en classe, hors de la classe et hors de l’école”, notamment en revoyant la quantité de travail personnel. Sylvie Leguil, qui s’attend à une “montée en puissance” des effectifs inscrits, compte en outre sur les élèves volontaires, “qui se montrent très positifs sur cet accompagnement” depuis la rentrée de la Toussaint, pour jouer les “ambassadeurs” du dispositif.
Ce dispositif évitera de voir se multiplier les actions contre le décrochage scolaire qui ne sont pas toujours efficaces. C’est une mesure de bons sens utile et efficace qui devrait concerner tous les élèves de sixième
F.Cagniart
Pour ma part, je pense que c’est une bonne initiative, elle devrait être obligatoire. Ce qui me gêne c’est le contenu de ce qu’on appelle devoir. Déjà le mot est vilain, c’est quoi un devoir? Je serais plus partisane de la classe inversée. Les élèves préparent les leçons à venir avec des travaux de recherche. C’est les intéresser au cours. Chacun entre dans le cours suivant avec un minimum d’informations qu’il a su récolter et avec des questions à poser. Cette façon d’agir me semble plus constructive.On pourrait entendre des élèves s’exclamer: » J’ai compris! « .
Ce dispositif est très bien mais dans mon établissement, entre autres, aucune des personnes y participant n’a pour l’instant touché les heures sups correspondantes….