
Le collège Saint-Exupéry, Vincennes.
Au lendemain d’une réunion d’information très tendue, les parents d’élèves du collège Saint-Exupéry de Vincennes continuent d’exprimer leur opposition à la solution de délocalisation trouvée dans l’urgence par l’inspection académique et le conseil départemental du Val-de-Marne.
Pour rappel, l’établissement, qui accueille 650 élèves, fermera ses portes le 21 novembre. Une décision qui fait suite à la découverte, dans l’air intérieur, de taux élevés de tétrachloroéthylène et de trichloroéthylène – deux solvants cancérogènes.
Une enquête épidémiologique
Mercredi 15 novembre au soir, au centre Georges Pompidou de Vincennes, plus de 1000 parents d’élèves étaient présents à la réunion d’information organisée par la préfecture, le conseil départemental, la mairie et l’inspection académique. Selon Le Parisien, l’ambiance était “houleuse, tendue et crispée”.
Les parents, angoissés et perdus, se sont d’abord inquiétés des risques pour la santé de leurs enfants, exposés pendant des mois à des polluants hautement toxiques. Sous la pression, l’ARS (Agence régionale de la santé) a décidé d’ouvrir une enquête épidémiologique, et de suivre l’état de santé des élèves.
Transfert vers Vitry : « 30 minutes sur le papier, une heure en réalité »

Le collège Saint-Exupery, Vincennes.
Puis les familles ont exprimé leur scepticisme sur un autre sujet : le transfert des 650 collégiens de Vincennes (et de leurs enseignants), le 27 novembre, vers l’ancien collège Gustave-Monod de Vitry-sur-Seine (fermé car trop vétuste en novembre 2016).
Matin et soir, des cars feront la navette vers ce lieu, dans lequel les adolescents resteront jusqu’à Noël. “Durée du trajet : une demi-heure sur le papier, mais une heure en réalité, en tenant compte du temps passé dans la circulation, qui est très dense à 7h30 et 17h30 sur l’A86”, nous affirme Myriam Menez, présidente de la PEEP (Fédération des parents d’élèves de l’enseignement public) du Val-de-Marne
Face aux inquiétudes des parents, l’inspection académique propose de revoir les emplois du temps, afin de les alléger (notamment en suspendant certains cours, comme le dessin et le sport). “Mais on se retrouvera tout de même à amener les enfants sur une amplitude horaire extrême, à une période où les journées se raccourcissent et où tout le monde fatigue”, ajoute la présidente de la PEEP 94.
Vers Saint-Maur-des-Fossés : une ligne A « régulièrement en panne le matin »
Après les vacances de Noël, les élèves et les professeurs Vincennois devront à nouveau déménager, et rejoindre l’ancien collège Camille-Pissaro de Saint-Maur-des-Fossés, destiné à la démolition et situé à 9 kilomètres de leur ancien établissement. Cette fois, plus de car, mais le RER A (durée estimée sur le papier : 30 minutes, pour 7 arrêts).

Dans le RER A / Poudou99 / Wikimedia / Licence CC
“Forcément, on se dit que c’est pas mal, car ce n’est pas trop loin, et que les élèves auront de nouveau des emplois du temps normaux… sauf que dans le cas des 6e, il s’agit d’enfants de 12 ans, qui ne sont pas forcément habitués aux transports en commun, et qui devront passer bien plus que 30 minutes dans le train, puisque la ligne A est régulièrement bondée et en panne le matin”, constate Myriam Menez. Les conditions de vie des adolescents, dégradées, pourraient même “en amener certains à décrocher, à force d’être transbahutés”, ajoute-t-elle.
Restent des considérations plus concrètes, touchant à l’organisation : “si mon fils est gravement malade et que je dois partir le récupérer en urgence à Vitry, je ne serai pas là avant 45 minutes. Et que feront ceux qui ont fixé des rendez-vous réguliers chez un spécialiste de santé, ou des activités sportives ? Cette délocalisation va désorganiser totalement les vies des familles”, remarque Frédéric, père d’un élève de 5e.
Un collège modulaire ? Pas avant un moment
Les représentants des parents, mobilisés et associés aux discussions, demandent à l’inspection académique d’étudier d’autres solutions, qui éviteraient aux adolescents de partir loin de Vincennes. “La solution la moins pire, ce serait de construire un collège provisoire en bâtiments modulaires… mais on nous a expliqué que le temps de trouver le lieu et de le construire, il faudrait attendre au moins 3 mois”, note de son côté Stéphanie, dont la fille est en 6e.
Selon Le Monde, le département travaillerait à la construction d’un collège provisoire à Vincennes, et qui devrait être prêt… « au mieux » à la rentrée 2018. “Il faut bien voir que sur le long terme, les élèves de Saint-Exupéry ne pourront pas retourner dans leur collège avant au moins 3 ans, le temps de le décontaminer”, rappelle Myriam Menez.
« Tout a été fait à la va-vite »
“Les élèves pourraient aussi être dispatchés sur plusieurs établissements ou locaux, mais y aura-t-il suffisamment de place ?”, s’interroge Stéphanie. Pour elle, en tout cas, toutes les solutions n’ont pas été étudiées. “Tout a été fait à la va-vite. Les résultats des analyses sont tombés jeudi 9, et le lundi 13 après-midi, les enfants s’étaient déjà vu distribuer des courriers A4 expliquant qu’un transfert aurait lieu vers Vitry”.
Les profs exercent leur droit de retrait
En attendant, les parents et les enseignants refusent que les adolescents suivent des cours au collège Saint-Exupéry, pendant encore une semaine – l’établissement ne fermant que le 21 novembre. “Face aux risques sanitaires avérés”, les profs se sont réunis ce jeudi matin, et ont décidé d’exercer leur droit de retrait, afin “de ne faire cours qu’aux élèves présents dans les salles déclarées non-polluées par l’ARS (seulement 30% des locaux)”. Après avoir passé plusieurs heures dans la cour de récréation du collège, nombre d’adolescents sont rentrés chez eux.
Bonjour !
J’y étais de 69 à 72, j’ai connu la construction des nouveaux bâtiments !
Aujourd’hui j’ai un cancer de la vessie … on a du respirer ces saletés qui devaient être encore plus concentrées qu’aujourd’hui !
Attaquer l »Etat ? pourquoi pas si d’autres anciens élèves ont aussi des cancers.
Franck Fontaine