Caroline, professeur de lettres modernes en collège dans l’académie de Toulouse :

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« D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu être enseignante… ou alors écrivain. Mon père voulait que je passe un bac scientifique mais pour moi, le choix était fait depuis longtemps : ce serait littéraire un point c’est tout ! Quel bonheur de mélanger deux passions à l’époque : l’écriture et la lecture. J’ai adoré deux enseignantes de français au collège qui ont sûrement largement contribué à confirmer mon choix de métier. Je n’oublierai jamais la lecture des Misérables en 4e qui a déclenché chez moi une vraie passion pour Victor Hugo. Aujourd’hui, enseigner le français me permet tellement de choses : partager ce que j’aime avec les élèves (nous sommes même allés visiter la maison de Victor Hugo à Guernesey il y a quelques années !), développer leur compréhension, leur maîtrise mais surtout le plaisir de notre langue. Le français est une matière extrêmement riche où l’on parcourt la littérature bien sûr, mais aussi les arts comme le cinéma ou le théâtre, les médias; une matière où l’élève peut s’exprimer, être créatif, critique… Et le numérique nous offre à présent d’autres champs de possible. J’ai l’impression qu’enseigner, c’est vivre chaque jour une nouvelle expérience, pas toujours facile, mais tellement enthousiasmante. »
Isabelle, professeur de lettres classiques en collège dans l’académie de Lille :

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« Être professeur de lettres, et surtout de lettres classiques, est forcément plus qu’un métier, c’est une passion, celle de transmettre des connaissances avec la conviction profonde que cela a du sens et que c’est « un plus » pour les élèves. Malgré les réformes qui se succèdent faisant disparaître peu à peu le latin et le grec ancien, ce métier reste pour moi le plus beau métier du monde quand je ferme la porte de ma classe pour retrouver mes élèves et que je me concentre sur un seul objectif : leur réussite. Au bout de 26 ans de carrière, je sais qu’il n’existe pas une seule pédagogie qui va les faire réussir, cette pédagogie qui serait la panacée et devrait rendre toutes les autres obsolètes. Il existe des pédagogies à adapter aux élèves, aux classes, à l’instant et qui doivent être au service de la transmission des connaissances. C’est ce double défi quotidien qui me passionne : quels sont les savoirs que je veux transmettre à mes élèves et comment vais-je faire pour y parvenir ? »
Sarah, professeur de lettres modernes en lycée dans l’académie de Paris :
« La littérature a toujours été la grande passion de ma vie, j’y ai appris énormément et lui dois beaucoup. C’est donc tout naturellement que j’ai souhaité devenir professeur : je voulais exercer un métier au milieu des livres, où je puisse me sentir utile, et les adolescents me touchent infiniment. Enseigner la littérature est pour moi extrêmement gratifiant. Aider les élèves à construire un raisonnement, gagner en rigueur, les accompagner dans leur questionnement sur le monde et sur leur avenir est une aventure passionnante, et un réel privilège. C’est un métier tout sauf routinier, dans lequel l’improvisation, le dialogue et le partage d’expérience ont une place importante. Passant plusieurs heures par semaine avec mes élèves, je n’hésite pas à leur parler de la lycéenne que j’étais. Rien n’est plus important que de leur montrer que le professeur est lui aussi passé par les mêmes difficultés. J’aime que les cours se passent dans la joie et la bonne humeur, et je crois qu’une atmosphère sereine et positive permet une meilleure mise au travail. Enfin, si voir les élèves progresser est la première des satisfactions, constater ses propres progrès en tant que professeur est également une véritable source de joies ! »
Hugo, professeur de lettres modernes en collège REP+ dans l’académie de Versailles :

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« Arrivé dans la profession un peu par hasard – après tout, que faire avec un master de lettres modernes ? – j’ai découvert dans le métier de professeur de français l’occasion de créer un dialogue avec les élèves. Pour nombre d’entre eux, l’école est un milieu hostile, parce que nous ne parlons pas la même langue. Notre français, nos références sont intimidantes, suspectes. Enseigner les lettres modernes, c’est leur ouvrir une porte : vers un imaginaire commun, sur lequel ils découvriront qu’eux aussi ont un pouvoir. Eux aussi peuvent ressentir le souffle du vent sur le bateau de L’île au trésor, eux aussi peuvent éprouver de l’indignation devant le sort d’Antigone. Même si, de prime abord, ces réalités sont à des mondes de leur quotidien. Nous ne sommes pas des gardiens du savoir, mais des guides. Leur donner les mots et les références, les voir devenir maîtres de leur langue et de leurs idées, rien ne m’émeut plus dans ce métier. »
Anne-Marie, professeur de lettres classiques en lycée dans l’académie d’Aix-Marseille :
« Un métier, une profession passionnante pour laquelle il faut se passionner : professeur de lettres. Ce qui conduit à faire des études longues et exigeantes, c’est d’abord le goût, voire l’amour de la littérature et de la langue. Impossible de ne pas ressentir le besoin de partager avec des plus jeunes, avec des enfants, tous les trésors d’une culture qui s’exprime et se développe grâce à la langue, le moyen le plus efficace pour communiquer et manifester ses idées, ses sentiments et tout ce qui fait de nous des êtres humains. Ensuite viennent l’attrait des rencontres, avec des auteurs mais surtout avec d’autres esprits, avec d’autres intelligences qu’il faut éveiller et conduire : l’école demeure le lieu le plus approprié pour cette mission. Le professeur de lettres est un passeur, mais aussi un inventeur : il permet aux écrivains futurs de connaître leurs racines. »
Stéphanie, professeur de lettres modernes en collège dans l’académie de Bordeaux :

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« L’enseignement a été une évidence pour moi depuis la maternelle. J’ai d’abord voulu être maîtresse puis professeur de français (la matière où j’étais le plus à l’aise). Depuis, je suis contente de mon choix, les plaisirs sont intenses et nombreux : j’aime les séances de découverte des livres que l’on va étudier, je distribue le roman, les élèves regardent le nombre de pages, on imagine l’histoire d’après la couverture, on invente, on s’amuse et finalement ils ont envie de le lire (un peu). Si l’étude s’achève par la rencontre avec l’écrivain, ce sont vraiment des moments importants pour les élèves. Je me souviens de la venue de Guillaume Guéraud, nous avions prévu de réaliser une petite émission dont il serait l’invité, les élèves jouaient le rôle des chroniqueurs, ça motive pour finir la lecture d’un roman. J’aime aussi les séances d’expression écrite, les élèves sont tous concentrés sur leur feuille, ils peuvent m’appeler s’ils ont besoin d’aide, ils cherchent dans le dictionnaire, s’aident parfois (les rédactions par groupe sont très pertinentes et motivantes). Je me souviens d’une séance d’écriture de poèmes avec des consignes formelles très strictes : j’avais cette année-là une classe de seconde productique composée uniquement de garçons peu sensibles à la poésie. De les voir tous à compter sur leurs doigts pour avoir les 12 syllabes de leurs alexandrins, c’est un très bon souvenir et mon premier fou rire d’enseignante. »
Engagez vous, rengagez vous ! A vous la mutation à des centaines de kilomètres de votre région, quel que soit votre âge et votre situation, 0 vous les week ends en train pour rejoindre votre conjoint à l’autre bout du pays, à vous un salaire a peine supérieur au smic qui vous obligera à vous loger parmi les damnés de la Terre, même dans une ville d’importance moyenne, à vous les réformes ineptes qui videront de leur sens vos enseignement, vous reconvertissant de gré ou de force en animateur pédagogique adepte du collectivisme des « projets » et autres « travaux de groupe », à vous les réunions interminables non rémunérées, la progression d’une lenteur exaspérante, l’absence de toute considération de la part de votre hiérarchie, à vous les tours de souplesse dorsale pour espérer obtenir, près la hors classe, la future et très hypothétique classe exceptionnelle. A vous le fait d’être un salaire d’appoint, parce que le votre ne permettra jamais de vivre décemment à deux (plus, n’en parlons pas), à vous la joie de servir l’état, plus pauvre de toutes les catégories A de la fonction publique. A vous la violence et l’indiscipline niées pour ne pas faire de vagues, et qui, bien entendu, ne pourront provenir que de vos cours intéressants pour les « nouveaux publics », A vous les logorrhées des Diafoirus des ESPE et leur jargon pédant… Engagez vous, rengagez vous ! On lance de volontaires pour le paradis sur Terre !
L’article montre bien que si l’on est passionné on peut transcender toutes sortes d’obstacles, même ceux énumérés dans le commentaire ci-dessus, qui, heureusement, n’arrivent pas tous en même temps. Ce commentateur ou commentatrice doit tout simplement faire un autre métier, compatible avec son pessimisme sarcastique, fâché avec l’orthographe ou victime de la nouvelle technologie. Je crains que cela ne soit dur. Signé : un chef d’établissement qui a toujours, pendant 31 ans, cherché à valoriser, à encourager, à soutenir les enseignants et les autres personnels de son collège ou lycée.
@JDBnice: Bonjour! Pour ma part, en tant que professeur, je suis d’accord avec le commentaire dont vous parlez. Il dépeint bien une réalité. Certes ces obstacles n’arrivent pas forcément tous en même temps, mais certains d’entre eux sont permanents, et un grand nombre… ne devraient pas être tout simplement cher Monsieur.
Oui, c’est un métier pourri et ce n’est pas tous ces articles optimistes qui changeront la donne. Pour ce qui est de changer de métier, la plupart des profs en rêve mais tout est fait pour les garder dans cette prison qu’est l’EN. L’orthographe d’un commentaire n’en change pas le sens et n’indique pas l’intelligence de son rédacteur…
Qu’on laisse partir les profs dans d’autres administration et on verra l’ampleur du désastre…
C’est quand même un peu fort ! Avez vous la moindre idée d’une carrière privée ? Avec un master, un doctorat ? stage, CDD chômage; Vous êtes des privilégiés ! Vous ne vous rendez même plus compte de vos avantages vacances ! mais c’est vrai! horaires cool ! week end….
Tu as été prof toi même pour parler comme ça ! Toujours ces mêmes âneries que l’on serine aussi à ses enfants pour leur apprendre à respecter leurs enseignants…
Quant à ces articles sur la joie d’enseigner, je pouffe… Moi aussi je suis prof de lettres, et bien fatiguée, bien usée, au bout de vingt années de ce job passionnant, gratifiant, bien payé et tellement reposant. L’enseignement vous tente ? On recrute, allez-y ! Mon premier poste de remplaçante, je l’ai eu par pôle emploi (anpe à l’époque) en trois minutes chrono.