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Open book. © Masson – Fotolia

En plein débat sur l’utilisation de l’écriture inclusive, 314 enseignants (du primaire, du secondaire et du supérieur, mais aussi du FLE), viennent de publier sur Internet un manifeste, dans lequel ils s’engagent à ne plus enseigner la règle de grammaire résumée par la formule « le masculin l’emporte sur le féminin ».

Dans une tribune diffusée sur Slate, les professeurs à l’origine de ce mouvement, que l’on peut retrouver sous la forme d’une pétition sur Change, s’expliquent. D’abord, ils rappellent que la règle du « masculin l’emporte sur le féminin », selon laquelle l’adjectif qui qualifie plusieurs noms de genres différents s’accorde au masculin, est récente dans l’histoire de la langue française, et qu’elle « n’est pas nécessaire ».

Mise au point au 17e siècle, au détriment de l’accord de proximité (qui consistait à accorder le ou les mots se rapportant à plusieurs substantifs avec celui qui leur est le plus proche), cette règle « n’avait pas un objectif linguistique, mais politique », indiquent les enseignants, qui citent Joseph François Dupleix, qui écrivait dans « Liberté de la langue françoise », en 1651 : « parce que le genre masculin est le plus noble, il prévaut seul contre deux ou plusieurs féminins, quoiqu’ils soient plus proches de leur adjectif. »

Une formule qui « résume la subordination du féminin au masculin »

Ecriture à la main / Pixabay / Licence CC

Ecriture à la main / Pixabay / Licence CC

Enfin, les professeurs et professeures à l’origine de la pétition estiment que « la répétition de cette formule aux enfants induit des représentations mentales qui conduisent femmes et hommes à accepter la domination d’un sexe sur l’autre, de même que toutes les formes de minorisation sociale et politique des femmes. » Pour les enseignant(e)s, il est ainsi urgent de cesser de diffuser cette formule qui « résume la nécessaire subordination du féminin au masculin. »

Le collectif déclare ainsi ne plus enseigner cette règle, mais lui préférer l’ancienne règle de proximité, mais aussi l’accord de majorité (accorder le ou les mots se rapportant à plusieurs substantifs avec celui qui exprime le plus grand nombre) et l’accord au choix (le ou les mots se rapportant à plusieurs substantifs sont accordés selon le bon vouloir du rédacteur).

En conclusion, les signataires appellent les enseignants de français, « partout dans le monde, à renouer avec ces usages », et demandent au ministère de l’Education nationale de « donner à ses personnels des instructions précises allant dans le même sens ».

Sur Arrêts sur Images, le journaliste et spécialiste des médias Daniel Schneidermann a signé une chronique dans laquelle il écrit que « l’on pourrait objecter que c’est bien joli tout ça, mais qu’il faudrait voir, au terme d’un vaste débat, à unifier les propositions alternatives et à édicter une norme, faute de quoi entre les proximistes, les majoristes, et les au choix, plus personne ne va s’y retrouver ».