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Matej Kastelic – Shutterstock

Le 19 octobre, Daniel Filâtre, recteur de l’académie de Versailles, a remis à Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, son rapport baptisé « Réformer le premier cycle de l’enseignement supérieur et améliorer la réussite des étudiants« .

La consultation, qui a eu lieu entre septembre et octobre, s’est appuyée, précise le rapport, sur des groupes de travail constitués d’ acteurs du monde de l’éducation tels que des élèves, des chefs d’établissements, des syndicats… sans que le ministère ne communique précisément sur la composition de ceux-ci.

Quatre modes d’accès à l’enseignement supérieur ont été identifiés et étudiés par ces groupes de travail. Ceux préconisant un accès encadré, voire limité aux licences d’universités, auparavant en libre d’accès, semblent avoir rencontré les faveurs des groupes de travail.

Tableau extrait du rapport du ministère

Tableau extrait du rapport du ministère

Fini le libre accès à l’université ?

Parmi ces quatre options, la première, consistant à laisser libre et sans condition autre que le baccalauréat l’entrée à l’université, n’a pas été retenue. Selon le rapport, les résultats des discussions ont mené à un “consensus sur la prise en compte du profil de l’élève”. La messe est dite : le temps où on laissait l’élève librement intégrer la licence de son choix à la fac est révolu.

Pour justifier cela, le ministère s’appuie sur ce qu’il identifie comme “les trois points faibles des filières universitaires non sélectives”, à savoir : le mauvais taux de réussite lors de la première année de licence, l’afflux massif vers ces filières, et l’écart très important dans quelques filières universitaires entre la demande et les capacités d’accueil.

Le choix final laissé ou non à l’étudiant ?

Dans les options B et C, les institutions scolaires et/ou supérieures ont vocation à étudier les dossiers et parcours des futurs étudiants. Cette étude doit permettre d’évaluer leurs chances de réussite dans les licences auxquelles ils prétendent.

Cet avis, s’il est défavorable, pourra-t-il empêcher l’élève de rejoindre la licence de son choix ? C’est la question qui reste à débattre. C’est là que se situe la distinction entre l’option B et la C.

Selon le rapport, l’option C serait défendue par les représentants des établissements d’enseignement supérieur qui “savent la corrélation étroite entre certains profils d’étudiants et leur taux d’abandon ou de réorientation.”

Mais elle trouve aussi ses détracteurs, qui insistent sur “le risque de voir émerger un système d’admission fermé ou sélectif qu’ils refusent.”

La sélection plutôt que le tirage au sort

L’option D réfléchit à améliorer les modalités d’accès aux filières universitaires devenues involontairement sélectives, à savoir les licences de STAPS, de médecine et de psychologie. Depuis ces dernières années, le nombre de places disponibles dans ces formations ne permet plus d’accueillir tous les élèves y prétendant. C’est ce qui a conduit à la mise en place d’un processus par défaut de tirage au sort dans le cadre du dispositif APB, que le rapport qualifie “d’inacceptable”.

La ministre Frédérique Vidal est très claire à ce propos : ce processus sera supprimé pour 2018

 

Pour l’entrée à la fac de médecine, secteur marqué par un profond décalage entre l’offre professionnelle et la demande des étudiants, une sélection à l’entrée pourrait être envisagée. Elle pourrait prendre la forme d’une réflexion sur le projet professionnel de l’étudiant, qui aurait lieu tôt dans le cursus de première année, voire avant l’entrée à l’université. Ou encore d’un MOOC (Formation en ligne ouverte à tous) nommé “préparation à l’entrée en études de santé” qui devrait être validé avant de pouvoir s’inscrire.

Quelles que soient les solutions envisagées, le ministère de l’Enseignement supérieur rappelle que celles-ci n’iront pas sans une transformation du premier cycle d’études supérieures – et la suppression du dispositif actuel APB, qui sera réformé.
Frédérique Vidal devrait faire part de sa décision après les vacances de la Toussaint.