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Le 19 octobre, Daniel Filâtre, recteur de l’académie de Versailles, a remis à Frédérique Vidal son rapport baptisé « Réformer le premier cycle de l’enseignement supérieur et améliorer la réussite des étudiants ».

Issu de la concertation de l’ensemble des acteurs de l’enseignement supérieur, lancée en septembre dernier suite aux défaillances du système APB, ce document liste une série de propositions, sur lesquelles la ministre devrait se prononcer début novembre, selon 20 Minutes.

La consultation, qui a eu lieu entre septembre et octobre, s’est appuyée, précise le rapport, sur les données et les multiples analyses sur l’orientation post-bac, les taux de réussite selon les filières, et le devenir des étudiants.

Une « refonte » de l’offre de formation en premier cycle

Afin de « faire de chaque filière du premier cycle de l’enseignement supérieur une voie de réussite », les auteurs du rapport ont réfléchi notamment à la refonte de l’offre de formation. « Les modalités d’information, d’orientation et d’accès à l’enseignement supérieur peuvent expliquer pour partie la performance d’un système d’enseignement supérieur et les taux de réussite, d’abandon, de réorientation ou d’échec », peut-on lire.

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« Mais d’autres facteurs influencent ce bilan : l’organisation des filières, le format des cursus, la pédagogie et les formes d’apprentissage, les taux d’encadrement, les conditions d’études », précise l’étude.

Parmi les nombreuses préconisations du rapport, l’une d’elle propose de « réorganiser le cursus de licence ». Comme le rappelle Daniel Filâtre, à la rentrée 2016, sur 473 290 bacheliers accédant dans l’enseignement supérieur, 44,1% ont rejoint une licence universitaire.

Une licence pas assez souple ?

Les acteurs de l’enseignement supérieur interrogés sont unanimes sur la nécessité d’une « souplesse accrue, pour mieux faire réussir les étudiants ». Définie en année, et non par la seule référence aux 180 crédits ECT, « la licence actuelle apparaît peu apte à répondre à cette demande », indique Daniel Filâtre.

L’étude constate aussi que la modularisation des cursus, pourtant inscrite dans les arrêtés de licence depuis la mise en oeuvre du LMD, « est encore insuffisamment mise en œuvre. Or, elle est un levier puissant pour individualiser les parcours de formation. »

« Renforcer une architecture modulaire »

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« L’organisation du premier semestre devrait évoluer, en licence générale comme dans les autres filières, STS et IUT notamment », indique l’étude, qui propose de « renforcer une architecture modulaire, une approche par compétences et des évaluations continues et plus précoces ».

Le rapport propose aussi d’augmenter les volumes horaires « lorsque les accompagnements spécifiques le réclament », d’anticiper les cursus dès le lycée, ou encore de créer des « cursus renforcés » de type « bi-licence » ou « double-licence ».

Des expérimentations allant dans ce sens et visant à réorganiser les cursus de licence (dans leur durée ou dans leur architecture) ont été étudiées par les équipes de travail à l’origine du rapport, notamment en STS ou dans le cadre de l’action « Nouveaux cursus à l’Université » du programme Investissements d’Avenir.  Selon Daniel Filâtre, elles « mériteraient d’être promues afin d’offrir des agencements modulaires et des passerelles entre les parcours d’une même licence, entre plusieurs mentions de licence mais aussi entre licence et cursus DUT, voir même cursus BTS ou écoles supérieures ». Et de noter que « ce modèle plus flexible supposera des évolutions réglementaires. »

A noter que certains acteurs de l’enseignement supérieur consultés s’opposent toutefois à ce genre de modularisation. Pour eux, « ces évolutions fragiliseraient le caractère national des diplômes et ouvriraient la voie à une déréglementation ».

Blocs de compétences et diversification des parcours

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Le rapport se penche notamment sur deux filières sous tension : STAPS et psychologie. « Des discussions autour de la filière STAPS émergent des orientations semblables : une formation par blocs de compétences en rupture avec la logique stricte des 3 années de licence, une professionnalisation tout au long du cursus, une évaluation plus régulière, mieux ciblée, éventuellement et sous condition certifiante », écrit ainsi Daniel Filâtre.

Concernant la licence de psychologie, les acteurs de l’enseignement supérieur consultés prônent une « diversification des parcours », ainsi que l’ouverture de passerelles entre les filières disciplinaires, afin « d’obtenir une meilleure adaptation à la variabilité des besoins et des débouchés professionnels », mais aussi de sécuriser chaque étape des acquis, et de créer une « ouverture vers les autres écoles du domaine social et paramédical ».

Une licence plus « personnalisée »

Les acteurs de l’enseignement supérieur à l’origine du rapport conseillent finalement de tendre vers un modèle de formation supérieure en premier cycle (L1, L2, L3) qui serait « plus personnalisé, adapté à une logique de formation tout au de la vie », et qui assurerait « la fluidité et la réversibilité des trajectoires ».

Selon Daniel Filâtre, « ce modèle entend prendre en compte les profils, les expériences et le projet de chaque étudiant ». En conclusion, le recteur voit se dégager plusieurs « chantiers », dont la formation continue en licence, le renforcement de la professionnalisation – en ayant recours à des modèles pédagogiques différenciés, comme l’alternance et la pédagogie de projet -, ainsi que les contrats de réussite étudiante (qui seront mis en place à la rentrée 2018) et les prérequis (nécessaires pour réussir dans la filière visée).