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« Croyez-vous vraiment qu’avec moins de 130 jours de classe par an on puisse obtenir les mêmes résultats qu’avec un peu plus de 160? » La tribune lancée à l’initiative des universitaires spécialistes de l’éducation Antoine Prost, Jacques Julliard et Philippe Meirieu et cosignée par des intellectuels comme Boris Cyrulnik, Antoine Compagnon ou encore Pierre Nora, est acerbe.
Elle met en garde les maires face à la tentation de passer, dans les écoles primaires de leurs communes, à la semaine de 4 jours. Depuis le décret du 28 juin 2017, ils ont en effet la possibilité de choisir cette option. Une décision qui ne se prend pas à la légère puisque choisir la semaine de 4 jours réduit d’une vingtaine le nombre de jours passés à l’école en un an.
La mesure du gouvernement Macron actualise un vieux débat. Lorsqu’il avait institué la semaine de 4,5 jours, en 2013, Vincent Peillon avait essuyé les critiques de l’inspection générale de l’éducation nationale. L’institution avait publié un rapport relevant que « de très nombreux enseignants et directeurs indiquaient une fatigue accrue des élèves, en particulier en fin de semaine. » Une position à l’exact opposé de celle défendue par les signataires de la tribune.
4,5 jours, ce n’était déjà pas assez
162, c’est le nombre de jours par an passés en moyenne par un élève français dans le primaire en 2014. « Chez nos voisins, c’est entre 180 et 200”, font remarquer les signataires de la tribune.
Selon les chiffres de l’Organisation de Coopération et de Développement économique (OCDE), la France est en effet le seul pays de l’OCDE (qui compte 35 membres) à dispenser moins de 5 jours d’enseignement dans ses écoles primaires publiques.
Les autres Etats fonctionnent tous avec une semaine de cinq jours, à l’exception des élèves israéliens qui vont même jusqu’à faire une semaine de 6 jours.

Source : OCDE 2017
En cette rentrée 2017, un peu plus d’un quart des élèves et près d’un tiers des écoles primaires pratiquent la semaine de quatre jours. Une mesure qui touche surtout les académies où la ruralité est forte, comme la Corse, où 96% des écoles primaires sont à la semaine de 4 jours ou encore la Lozère (85%). A l’inverse, les académies de Toulouse et de Lyon ont un taux de semaine à quatre jours de 15% et 24%. Un choix qui constitue « une décision très lourde de conséquences pour l’avenir », conclut la tribune.
Les DDEN dont je fais partie se battent pour le maintien de la réforme Peillon depuis longtemps. Cet article vient trop tard . J’ai du mal à comprendre mes 2 « collègues » qui l’ont écrit si tard( Prost et Juillard). Enfin dans mon département AVIGNON et CARPENTRAS ont conservé les 4 jours et demi. Par contre les zones rurales, les villes d’ Orange et Cavaillon -qui pour des raisons d’opposition politique était contre- sont revenues aux 4 jours. Apt aussi , raisons politiques auxquelles s’ajoutent les difficultés de transport scolaire et de recrutement d’un monde associatif faible… Dommage, la France est de plus en plus à plusieurs vitesses, nous sommes loin du principe d’égalité des français!! et dans ces trous d’emploi du temps des écoles « coraniques » voient le jour (Sarrians) et osent même demander à assurer au minimum leurs enfants à la MAE (par famille 11€30 pour les 3 premiers enfants, les autres gratuits). La MAE refuse puisque ses services ne reconnaissent que le public et le privé sous contrat.
Il serait temps d’ouvrir les yeux !!!!!
Madeleine BRUN
Le temps de scolarisation devrait faire l objet d un moratoire. Il faudrait croiser tous les points de vu afin de ne rien négliger.
Le drame c est que de nos jours chacun défends son point de vue sans tenir compte des remarques de l ensemble des partenaires de l éducation des enfants.
Les universitaires n ont certainement pas tort mais il serait intéressant qu ils tiennent compte du regards des enseignants qui côtoient leurs élèves au quotidien.
Ces derniers ont réellement constaté une fatigue accrue de leurs élèves lorsqu ils travaillaient en 4,5 jours. Depuis le retour à la semaine des 4 jours cela va mieux en terme de fatigue.
Mais peut être que la solution aurait été de rester en 4 jours en tenant compte du fait qu au bout de 5 semaines de classe les enfants étant épuisét ils pourraient être en vacances. Quitte à raccourcir les vacances d été.
Mais l enfant est il vraiment dans tout cela au coeur de ces faux débats?
Encore un tableau incomplet à qui on fait dire ce que l’on veut : il manque juste le nombre d’heures de classe par an. Le probleme n’est pas le nb de jours travailles mais la durée de la journée de classe. Les élèves français ont juste le même rythme que leurs parents, c’est plus pratique et ça coute moins cher pour les familles et les communes …
le retour de la semaine à 4 jours est attendu avec fébrilité et impatience dans ma commune, que ce soit du côté des familles, des élèves, des enseignants et de la municipalité. Nous avons subi les conséquences d’une posture démagogique et entêtée gouvernementale, qui s’est effondrée de fait au nouveau scrutin. Quel soulagement pour tous, mais quelle tristesse de constater que la démagogie de certaines pseudo-élites puisse prendre en otage des milliers citoyens ! parole d’une maman, professeure des écoles.
Très concrètement, les 4,5 , c’est : Des ‘petits’ qui ne pouvaient plus faire la sieste (que l’on devait réveiller au bout d’une heure l’après-midi….juste honteux!), des grands privés de récréation à cause d’une après-midi écourtée, des élèves parqués dès 15H15 au périscolaire (vive les décibels avec du personnel payé au lance-pierre) jusqu’à 18H00/18H30, des élèves privés des soit-disants ‘NPA’ dans les RPI, car pas de bus prévu pour la sortie, des mercredis après-midi saturés par des rdv médicaux (orthoptiste, ophtalmo…et autres suivis), des associations qui ont vu des baisses drastiques dans leurs effectifs pour ces raisons, des parents au foyer ou nounous dont les après-midis étaient gâchés car, à peine on a déposé les enfants que, déjà, on doit les rechercher (quel mépris pour tous les encadrants de la petite enfance! Ils ne sont pas corvéables à merci!)…je continue? parce que il y a encore des arguments…
bref, UNE CALAMITE !!! Il est temps que ça finisse.
Je suis désolé de vous répondre que vos arguments ne sont pas recevables.
Votre réaction est totalement idéologique et faussée par votre propre ressenti.
Les collègues avec qui j’ai eu l’occasion d’échanger sur la question font la part des choses entre le confort personnel et familial de la semaine de 4 jours et l’impact sur les enfants et l’enseignement.
Il est évident que l’école maternelle devrait pouvoir adapter son rythme aux besoins des enfants, mais concernant l’école élémentaire, il est flagrant de constater que les remarques que j’ai pu recueillir vont dans le sens d’un meilleur apprentissage sur 5 matinées, sans fatigue supplémentaire, hormis pour certains CP pour lesquels, là aussi, l’institution devrait prévoir un peu plus de souplesse de fonctionnement.
Mais visiblement, cette nouvelle réforme n’a pas été pensée pour l’enfant et son apprentissage, mais pour les finances des communes et pour le confort des familles…
Je trouve les arguments de vila tout à fait recevables, ce n’est pas du ressenti ou de l’idéologie, c’est du vécu !
Quand la semaine de 4,5 jours se passe plus mal pour les élèves, les professeurs, le personnel mairie, les parents…etc que celle à 4 jours, il est naturel que l’on souhaite revenir en arrière pour limiter la casse.
De ce que m’ont rapporté les collègues de plusieurs écoles, la semaine de 4,5 jours ne serait pas néfaste (voire positive ou sans changement) uniquement pour les CM.
Désolé, mais il ne faut pas avoir fait math sup pour se rendre compte que ce retour à cette semaine de 4 jours est une vraie régression, je suis enseignant en primaire et suis consterné par le niveau de réflexion de mes collègues, la fatigue provient d’un rythme de vie frénétique de certaines familles, pourquoi nous petits français toujours à geindre serions-nous différents des autres ? Je crois que cela illustre surtout le mal-etre des collègues mais l’intérêt des enfants d’élémentaire est bien d’avoir 5 matinées de vie collective, nous sommes la risée des autres pays..
Il manque des données dans ce tableau : le nombre d’heures passées à l’école, le nombre d’heures d’enseignement pour les élèves par jour.
Et oui, ça change tout quand des élèves passent 10 à 11 h par jour dans une école, est-il encore raisonnable de leur rajouter une journée ou une demi-journée supplémentaire ?
Si certains veulent avancer des chiffres, ok, mais il faut TOUS les chiffres et pas seulement ceux qui arrangent !
Si le passage à 4 jours réduit le nombre de jours d’école, c’est du fait d’un nombre d’heure annuel constant. Je ne peux croire que vous ne le sachiez pas.
Et c’est bien l’allongement des journées de présence à l’école qui est le plus gros problème.
Mettez 4 jours d’école par semaine avec une pause le mercredi, mais avec 4 h par jours d’école (et donc moins de vacances et plus de présence si le nombre d’heure annuel reste inchangé), et vos enfants ne s’en porteront (globalement) que mieux.
Le problème des 4,5 jours de Peillon était le fait d’avoir poussé les écoles à faire cours le mercredi matin au lieu du samedi matin.
C’est bien ce que je reproche à ce tableau incomplet : les autres pays de l’OCDE n’ont certainement pas plus de 5 h d’enseignement par jour et autant de périscolaire (cantine, garderie…), soit pas plus de 10 h passées à l’école, comme nous avons en France.
Les partisans de la semaine de 4,5 jours, voire 5 jours ne souhaitent pas que le temps journalier passé à l’école diminue, bien au contraire, ils souhaitent que les enfants restent à l’école comme eux au travail,
Or pour un enfant, 4 h d’enseignement avec 6 h de garderie, ou 6 d’enseignement avec 4 h de garderie, ça fait toujours 10 h passés à l’école, dans le bruit, la fatigue et l’agressivité qui s’installent…
Les enfants seraient surement d’accord pour une école de 9 h à 14 h et moi aussi, mais arrêtons de rêver, ça n’arrivera jamais ! Seul le travail et le tourisme ont un poids pour décider des calendriers scolaires.
Nous avons déjà trop d’heures d’enseignement en France par rapport aux autres pays de l’OCDE sans compter la place de notre pays dans le classement de l’OCDE, pourquoi les universitaires ne parlent-ils pas de ce problème aussi ? Et on veut rajouter des jours en plus ?! (non, cela ne diminuera pas le temps passé par l’enfant à l’école)
Les universitaires devraient se rendre plus souvent sur le terrain pour se rendre compte des difficultés des écoles et de la fatigue des élèves.
J’ai testé… Un établissement avec école le mercredi, « usine à TAP » de 30 animateurs (et 800 enfants répartis sur 3 communes) qui changent de groupe d’enfants toutes les 7 h d’animation (donc ne connaissent absolument pas les enfants) parceque la priorité est de faire découvrir un maximum de techniques d’activités… Avec, bien évidemment, des contrats précaires (les mairies embauchant par le biais d’une association intermédiaire), un taux d’encadrement déplorable, des activités obligatoires, un manque de respect du rythme des enfants manifeste, etc… Conclusion : augmentation de la fatigue et du stress pour beaucoup. Et oserait on le dire ? Augmentation de la violence dans les familles après l’école, bien évidemment, ça va de pair…
Et une autre commune avec école le samedi matin et TAP menés par l’équipe d’animation habituelle. Je ne peux pas dire que le fonctionnement était « parfait », un certain nombre de choses auraient encore pu être améliorées du point de vue des aménagements, du respect du rythme, etc… Mais quand même. Point de comparaison possible sur l’état des enfants après un an de fonctionnement…
Alors quelque soit la réforme, je conclurais bien qu’il est grand temps de permettre plus de temps de formation aux équipes d’animation qui font aujourd’hui partie des professionnels de l’éducation les moins formés alors que le temps que les enfants passent avec eux est croissant…
Mais aussi que + de journées avec une augmentation pour tous du temps de collectivité si les structures ne travaillent pas au respect du rythme de l’enfant dans l’activité, si tout le monde est obligé de faire la même chose en même temps, si… Pierre, qui a mal dormi, est contraint de faire du handball 15h parce que « c’est comme ça et pas autrement » et que Paul, qui a ne énergie débordante, est contraint de rester assis à faire des jeux de société après sa journée d’école… Effectivement, le résultat peut être explosif. Avec plus de temps passé dans des structures mal adaptées, dans beaucoup de lieux, nous avons dépassé les bornes des limites du manque de respect des besoins de l’enfant…
Une invitation à repenser collectivement les pratiques pédagogiques dans les temps peri et parascolaires ? Et aussi à penser les temps scolaires dans leur complexité ? Entre horaires collectifs et besoins individuels… Parce qu’il semble aussi urgent de (re)questionner les récrés, les levers trop tôt et besoins de sieste après le CP, le rythme des apprentissages propre à chacun…