A l’école, ils étaient abonnés aux mauvaises notes, parfois rejetés par les enseignants et traités de nuls : pourtant, qui pourrait deviner aujourd’hui que Bernard Campan, Thierry Marx, Quentin Claudel, Jean-Michel Aphatie, Linda Ellia ou Marc Puche, ont un jour été mauvais élèves ? Pour son documentaire « Cancre ? », diffusé le lundi 18 septembre sur France 3, la réalisatrice Réjane Varrod est allée à la rencontre de ces six personnalités confrontées un jour à la souffrance de l’échec scolaire.
« On se construit dans l’idée qu’on est nul »
Elle-même ancienne mauvaise élève, Réjane Varrod montre, à travers ce documentaire, qu’il existe une vraie « douleur d’être cancre ». « On se construit à travers l’école, très tôt. Si ça se passe mal, très vite, psychiquement on est construit. On est construit dans la mauvaise estime de soi, dans l’idée qu’on est nul, raté, on entend des choses de nous qui sont peu valorisantes », nous explique-t-elle. « Soit on est des résilients et on s’en sort, soit on ne l’est pas et la vie est vraiment très compliquée ».
« On vit avec, mais on ne s’en débarrasse pas, confirme Bernard Campan, ancien cancre. Il y a une blessure qui est toujours là. Elle a cicatrisé donc elle ne fait plus mal, mais si on la regarde, ça ravive un peu les souvenirs ». Et cette blessure peut mettre du temps à cicatriser. « Presque jusqu’à mes 40 ans, j’ai quand même fonctionné avec, en toile de fond, l’idée que je n’étais pas légitime, que j’usurpais ma place, indique Bernard Campan. Malgré le succès des Inconnus, je me cachais derrière les deux autres. Je me disais que c’était eux qui avaient du talent, pas moi, pourvu que personne ne s’en rende compte ! »
« Il faut renouveler les mains tendues »
Réjane Varrod, qui estime n’avoir pas été assez soutenue par l’école, appelle les enseignants à ne pas rejeter ces enfants en difficulté. « Je pense que l’Education nationale a du mal à comprendre ces enfants-là, même si effectivement on est 30 par classe, et que les enseignants ne peuvent malheureusement pas s’occuper de tout le monde. […] Mais jamais un enseignant ne m’a tendu la main. […] Un enfant de 10 ans qui travaille mal à l’école et qui veut être, je ne sais pas, disons, médecin, je trouve que ce n’est pas une bonne chose de lui dire ‘tu ne peux pas parce que tu travailles mal’. Je trouve que c’est l’engrammer dans quelque chose de terrible. ‘Tu es nul et c’est comme ça’, effectivement ça peut figer ».
« C’est presque une gageure, arriver à aider de manière équitable tous les élèves, c’est impossible, reconnaît Bernard Campan. Mais c’est souvent quand un élève bloque, n’avance pas, qu’il a le plus besoin d’aide. Ce n’est pas facile, mais il faut que les enseignants essayent de renouveler les mains tendues ». Il cite le souvenir d’une prof de français : « elle m’a amené à écrire des poèmes et les a notés en me mettant 20/20. C’est, je crois, le seul 20/20 de ma carrière d’écolier. Ça m’a fait un bien énorme, de me dire que je pouvais aussi être bon dans quelque chose ! »
Cancre ? de Réjane Varrod
Diffusé le lundi 18 septembre à 23h40 sur France 3 Paris Ile-de-France, Pays de la Loire, Provence-Alpes Côte d’Azur, Centre-Val de Loire, Occitanie, Grand Est, Nouvelle-Aquitaine et Rhône-Alpes.
Disponible le lendemain de la diffusion sur le site de France 3.
Les enseignants, en particulier ceux du collège, ont ici la démonstration que leur mission ne consiste pas seulement à juger, trier et orienter les élèves au moment des conseils de classes. En lisant ce témoignage de Bernard Campan, on peut espérer qu’ ils comprendront les traces qu’ ils laissent chez certains élèves. ils sont malheureusement trop peu à être capables de se remettre en question ( très péremptoires)
La généralisation abusive est un vilain défaut et vos propos un tantinet péremptoires.
Il n’y a pas un modèle unique d’enseignants. Pas de tri sélectif non plus des enseignants de collège sur la base de critères psychologiques et comportementaux.(autoritarisme, assurance, tendance à la perversité..). En tout cas pas que je sache!
N’oublions pas que l’adolescent se construit aussi avec ses parents, je pourrais même dire que ‘estime de soi se travaille d’abord avec les parents. Sans nier le caractère parfois cassant de certains enseignants, je crois pouvoir dire que, face à ce type de personnalités, le rôle des parents (aimants, aidants, rassurants) est déterminant dans la construction de l’enfant.
Quant à la sélection, si les professeurs en sont les garants peut-être à leur corps défendant, ils ne sont pas pour autant responsables de l’inégalité sociale en général. Pensez-vous vraiment plus juste le tirage au sort pour rentrer à l’université que l’évaluation de compétences?
NB Je ne suis pas professeur de collège, je témoigne en temps qu’ancienne élève ayant trouvé dans son parcours scolaire des professeurs qui l’ont aidée à minimiser les propos destructeurs d’une mère. Ca existe aussi!
Y en a marre de tous ces gens célèbres qui ont réussi et qui viennent chouiner pour un échec dans leur vie d’enfant, c’est indécent…c’est pas dans les médias qu’il faut raconter ça, mais plutôt sur un divan! Et que dire de tous ceux (la majorité) qui ont galérer à l’école et qui continue dans leur vie d’adulte avec des jobs de crevards payés au lance-pierre !!!