Au moment de notre première interview en 2013, vous aviez 16 000 followers sur Twitter. Vous en avez désormais 92 000. Cela a-t-il changé quelque chose dans votre manière de tweeter ?
Je n’ai pas l’impression que le nombre d’abonnés ait changé grand chose. Mes tweets ne sont que des instantanés, des moments furtifs que j’ai envie de sortir des murs du collège pour les partager. Qu’ils aient beaucoup d’audience ou qu’ils passent inaperçus ne change rien pour moi. Je ne cherche pas à être suivie, je veux juste entrouvrir la porte d’une salle de classe et permettre à qui veut d’y jeter un oeil et de se faire sa propre opinion.
Parvenez-vous tout de même à conserver votre anonymat face aux élèves et collègues ?
L’anonymat de ce compte est pour moi très important. Je veux mettre en lumière des situations, et non leurs acteurs. Cet anonymat permet ainsi davantage de spontanéité dans les moments que je partage. Je ne parle donc pas de mon compte sur mon lieu de travail. D’ailleurs ma salle des profs ne semble pas très adepte de Twitter ! Et je n’ai pas encore entendu dire qu’un de mes élèves suive ce compte.
Quand je dis à cet élève de 6e qu’il faut signer chaque mot du carnet, il comprend qu’il faut une signature SOUS CHAQUE MOT des phrases.
— Petit Prof (@Petit_Prof) 6 septembre 2017
Comment réagissez-vous lorsqu’un élève vous reconnaît ?
Pour l’instant, ce n’est jamais arrivé. Mes élèves sont adeptes de Snapchat, non de Twitter. Mais à chaque tweet, je me dis qu’il est possible qu’une situation soit un jour reconnue par un élève, un parent d’élève, un collègue. Cette perspective joue comme un filtre sur certains tweets : souvent, des situations auxquelles j’assiste feraient « d’excellents tweets », mais je ne les écris pas car les conséquences pourraient être néfastes ou gênantes pour ceux qui s’y reconnaîtraient.
Toi, le collègue qui m’as volé mon marronsuis’ ce midi, sache que je vais pourrir tes EPI sur 10 générations.
— Petit Prof (@Petit_Prof) 23 mai 2017
Recevez-vous des critiques de parents, d’enseignants ou d’élèves pour vos tweets parfois moqueurs ?
Depuis la création de ce compte, je reçois très peu de critiques. Probablement parce que je ne mets pas en avant mon avis personnel sur une réforme, des programmes ou un changement de ministre. D’autres comptes font cela très bien. Sur mon compte, ce sont les élèves les personnages principaux. Ce sont eux qui intéressent les abonnés, non la prof qui est devant eux, car on a tous le souvenir de l’élève qu’on a été.
Sur la convocation du conseil de discipline :
« MOTIF : a déplacé son professeur sur plusieurs mètres »
— Petit Prof (@Petit_Prof) 6 mars 2017
En classe, quel genre d’enseignante êtes-vous ?
Aucune idée ! Je n’ai jamais eu de « vocation » de prof, mais je fais ce métier avec plaisir parce qu’aucune journée ne ressemble à l’autre, qu’on travaille sur du vivant et qu’on ne sait jamais ce qui peut arriver dans une heure de cours. En classe, j’aime être avec les élèves, et j’ai l’impression que les élèves se sentent bien. Nous rions beaucoup. Mon métier est dur, ingrat, mal reconnu, éreintant. Mais quel bonheur quand j’entends un élève s’exclamer : « Oh, j’ai compris ! ». Cela vaut toutes les peines du monde !
Promis, je vais tourner la page. pic.twitter.com/lt1xTVLJi4
— Petit Prof (@Petit_Prof) 23 mars 2017
Retrouvez Petit Prof sur Twitter : @Petit_Prof
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