
Jacques Mitsch
Le festival Pariscience, qui aura lieu du 2 au 9 octobre, propose cette année une séance spéciale : la projection du film “Le Fils de Neandertal, ou le secret de nos origines” un “docu-menteur”, pour aider les élèves à développer leur esprit critique. Rencontre avec Jacques Mitsch, le réalisateur de cette farce pédagogique.
Pouvez-vous expliquer ce qu’est un “docu-menteur” ?
C’est un documentaire qui raconte des mensonges ! (rires) Il y a 2 sortes de docu-menteurs, ceux où l’on ne dit pas la vérité à la fin, et ceux où l’on révèle la supercherie !
Comment vous est venue l’idée de réaliser un tel film ?
Je suis un réalisateur de films scientifiques, et dans mon travail, j’utilise souvent l’humour pour raconter des choses de manière décalée. Cette année, Arte voulait faire un poisson d’avril. La chaîne a proposé ce projet à un producteur qui m’a demandé des pistes, et il se trouve que j’avais des idées. Avec l’archéologue Nicolas Teyssandier, nous avons ensuite monté ce projet.
Quel est le but pédagogique de ce film ?
L’idée était de faire une bonne blague, mais comme un film coûte assez cher, je voulais que ce film reste. Il fallait alors raconter une vraie histoire qui fasse réfléchir, sur l’archéologie, sur l’homme de Néandertal, mais aussi sur nous-mêmes, car le film aborde des thèmes d’actualité comme l’écologie.
Le film amène également une réflexion sur ce que l’on voit à la télévision. La vérité n’est pas définitive en sciences, c’est une chose qui évolue. Dans le film, nous disons des choses qui seront peut-être vraies dans 70 ans ! L’objectif était de réaliser un film réaliste, auquel le spectateur croit. Le film a été diffusé à 20h45 sur Arte, il convenait de piéger le public intelligemment, à partir d’une chose très réaliste qui a dérapé de plus en plus vers une blague.
Des téléspectateurs sont-ils tombés dans le piège ?
Oui, des gens étaient très en colère. Je donnais des indices par moment dans le film, en jouant sur les noms de personnages par exemple. Au bout d’une demi-heure, le spectateur est bien ferré, et on peut un plus s’amuser. D’autres personnes ont réussi à repérer des détails et ne sont pas tombées dans le panneau.
Des gens sont déçus, frustrés quand la vérité est dévoilée à la fin. Maintenant, nous souhaitons transformer ce poisson d’avril en document pédagogique afin de faire réfléchir des scolaires sur la vérité des images et sur les films documentaires. Ce n’est pas parce que l’on porte une blouse blanche que l’on dit la vérité !
Vous participerez donc au Festival Pariscience pour montrer le film à des élèves…
Oui, je suis très content car cette nomination crédibilise mon film et défie les nombreuses critiques reçues. Je suis fier de présenter le film dans ce grand festival et d’y rencontrer les lycéens.
Quels conseils donneriez-vous aux élèves pour distinguer le vrai du faux ?
Concernant les films scientifiques, on peut dire que la vérité d’aujourd’hui n’est pas celle de demain. Il y a 20 ans, on pensait que le Néandertal était l’homme préhistorique entre l’Homo Sapiens et le singe. Aujourd’hui, on s’aperçoit que nous avons tous en nous une part de Néandertal. La science évolue : si l’on regarde des grands films documentaires sur la préhistoire d’il y a quelques années, beaucoup de choses ne sont plus vraies. C’est le cas dans « La Guerre du Feu ». Cela veut dire qu’il faut se méfier des images, apprendre à lire différentes sources. Il faut toujours se poser des questions sur ce que l’on voit.
Ce film n’est-il pas également une critique du film documentaire, qui est finalement un modèle très formaté ?

Capture d’écran – Le Fils de Néandertal, ou le secret de nos origines
Forcément, nous utilisons toujours le même type de voix-off, toujours le même type de plans. Mais je me moque de moi-même car je fais cela depuis 20 ans (rires). Hélas, à la télévision, il n’y a plus trop de place pour l’imagination. Pour ce film, nous nous sommes amusés tout en produisant un travail sérieux.
Est-ce le même travail de réaliser un documentaire et un “docu-menteur” ?
Non, car le “docu-menteur” est une fiction, alors que derrière un documentaire il y a un gros travail de recherche. Ici, tout est inventé, les protagonistes sont des comédiens, tout est tourné à Toulouse. La cinémathèque de Saint-Pétersbourg est finalement celle de Toulouse, et la Géorgie c’est les Pyrénées !
Avez-vous déjà présenté ce film à des élèves ?
Pas encore ! Nous avons eu l’honneur de le présenter au Musée national de la préhistoire pour la fête du cinéma, mais j’ai hâte de le montrer à un jeune public.
Allez-vous réitérer l’expérience du docu-menteur ?
Ce 1er avril m’a un peu dépassé. Je suis reparti sur des projets plus sérieux désormais !
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