
Laetitia Barel, Stéphane Crochet, Claire Krepper, et Angelina Bled-Pastorino ; secrétaires nationaux du SE UNSA ; lors de la conférence de rentrée du syndicat / photo SE UNSA.
Lors de sa conférence de rentrée, qu’il est possible de revivre grâce au live-tweet du syndicat, Stéphane Crochet, secrétaire général du SE-Unsa a décrit un retour des enseignants à l’école « sous tension ». Et a réaffirmé la « vigilance » du syndicat face à la politique menée par Jean-Michel Blanquer.
« Des polémiques qui clivent »
« Notre ministre, amateur de provocations, multiplie les annonces et tente de lancer des polémiques qui clivent… alors que nous avons besoin de sérénité », remarque-t-il. Pour le syndicaliste, Jean-Michel Blanquer essaie d’opposer « pédagogues » et « républicains conservateurs », et « bien qu’il parle de confiance et dise vouloir rassembler sur les questions éducatives, il semble vouloir prendre sa revanche, cultivant la défiance et sapant la confiance des parents envers l’école ».
Pour le SE-Unsa, le ministre de l’Education nationale effectue, bien qu’il affirme le contraire, un « retour en arrière », notamment avec l’assouplissement de la réforme des rythmes scolaires, qui est « présentée comme pragmatique, mais qui se fera au détriment des élèves fragiles ».
Dédoublement : « le redéploiement des PDMQDC n’est qu’un début »
Concernant le dédoublement des classes de CP en REP+, le syndicat note que « personne ne peut être contre le principe de la réduction des effectifs », mais qu’il faut « accompagner cela d’une pédagogie adaptée » – celle du « petit groupe ». Le SE-Unsa affirme ainsi « attendre de voir » comment les enseignants des CP à 12 seront formés et accompagnés, et espère qu’une « évaluation sérieuse » sera menée autour de ce dispositif.
« Même si le ministre affirme le contraire, les CP à 12 se font avec une suppression des postes de Plus de Maîtres que de Classes (PDMQDC) », constate en outre Stéphane Crochet, qui décrit son syndicat comme « inquiet » face aux conditions de mise en place des dédoublements. « Le redéploiement des PDMQDC n’est qu’un début… On enlève ce qui se voit le moins. Et on peut raisonnablement s’inquiéter pour les postes de remplaçants et de RASED pour la suite de l’opération CP, puis CE1, à 12 élèves », ajoute-t-il.
Des évaluations qui risquent « d’étiqueter » des élèves

Stéphane Crochet, secrétaire général du SE Unsa.
Face aux évaluations en CP et en 6e annoncées par Jean-Michel Blanquer, le SE-Unsa considère qu’elles « n’apprendront rien aux professeurs, car ils savent déjà repérer ce dont ont besoin leurs élèves », mais qu’elles risquent d’inquiéter les parents, et « d’étiqueter comme ‘en difficulté’ de très jeunes enfants. »
Stéphane Crochet ajoute : « pourtant, le ministre connait l’effet Pygmalion ! » Cette prophétie auto-réalisatrice provoque une amélioration des performances d’un sujet, en fonction du degré de croyance en sa réussite venant d’une autorité – contrairement à l’effet Golem, qui se traduit par une performance moindre sous l’effet d’un potentiel jugé limité par un enseignant ou un parent.
Enfin, le SE-Unsa craint, suite à ces évaluations nationales, l’émergence d’un effet « teaching to the test » dans les classes de grande section (il s’agit d’une méthode consistant à préparer les élèves à passer un test standardisé, parfois au détriment des programmes, ndlr).
Bac : « valider des compétences, pas seulement ‘avoir 10′ »
Reste la réforme du Bac, lancée par Jean-Michel Blanquer lors de sa réforme de rentrée, et qui concerne l’épreuve de 2021 – après une phase de concertations. Pour le SE-Unsa, le système Admission post bac (APB) devra impérativement être revu, en particulier pour permettre aux bacheliers professionnels et technologiques d’entrer à l’université. « Il faut prendre le dossier APB en commençant par se préoccuper des besoins des plus fragiles, or ce n’est hélas pas ce qui se profile », indique Claire Krepper, secrétaire nationale du syndicat.
Enfin, le SE-Unsa constate que « vouloir revoir le Bac est une bonne chose, mais qu’il va falloir se demander comment valider l’obtention de compétences, et pas seulement ‘avoir 10’ ! »
À chaque rentrée Crochet nous donne sa vision de l’Education Nationale et je ne sais pas pourquoi mais chaque fois je le trouve moins crédible.