
Guillaume Martin lors de la 4e étape du Critérium du Dauphiné 2017 (©Radu Razvan / Shutterstock)
Cycliste professionnel depuis 2016, Guillaume Martin a découvert le Tour de France en juillet 2017 avec l’équipe belge Wanty-Groupe Gobert. Le Français de 24 ans s’est distingué durant ces trois semaines de course, notamment sur son terrain de prédilection : la montagne.
3e de la 8e étape remportée par son compatriote Lilian Calmejane, Martin a terminé son premier Tour à la 23e place. Coureur prometteur chez les Espoirs (vainqueur de Liège-Bastogne-Liège espoirs et d’une étape du Tour de l’Avenir en 2015), le Normand a réussi à concilier le sport de haut niveau avec ses études puisqu’il est également titulaire d’un master de philosophie à l’Université de Paris-Nanterre. Guillaume Martin nous a accordé une interview pour revenir sur son parcours.
Vous avez terminé votre premier Tour de France à la 23e place. Comment cela s’est-il passé ?
Il y a eu des moments plus ou moins difficiles. La dernière semaine notamment a été plus délicate mais c’était mon premier Tour donc c’est de l’expérience emmagasinée. Cela m’aidera à affiner ma préparation à l’avenir. Ce premier Tour reste très satisfaisant malgré tout.
Est-ce que ce Tour vous a donné des perspectives de classement général ou de victoire d’étapes pour les années à venir ?
J’ai placé des pions pour les deux, il faudra voir en fonction des circonstances et des sensations du moment.
Quel a été votre parcours ? Vous avez notamment un master de philosophie…
J’ai obtenu un bac littéraire mention très bien avec une année d’avance, j’ai fait une année de classe préparatoire aux grandes écoles à Rennes, ensuite j’ai basculé vers une licence de philosophie puis un master à distance. Les cours étaient donc sur internet en lien avec l’université Paris IX-Nanterre.
Comment concilier sport de haut niveau et études avancées ?
C’est surtout une histoire de volonté et d’organisation. En licence, j’étais de plus en plus absent car j’étais souvent parti pour des courses donc je ratais forcément des cours. Dans ces cas-là je m’arrangeais en demandant les cours à d’autres étudiants. Le master à distance m’a aidé à organiser mes journées.
Est-ce que concilier les deux s’est montré complémentaire ?
Tout à fait, avoir les deux m’a permis d’avoir moins de pression dans chaque domaine car je savais que j’avais toujours une roue de secours. Quand on écrit un mémoire et qu’on a un peu de mal à écrire, parfois le fait de faire une sortie en vélo permet de repartir sur de bonnes bases. A l’inverse, je n’aurais pas pu faire que du cyclisme sans avoir une activité à côté.
Comment les professeurs appréhendaient cette situation ?
Cela dépendait des professeurs. Au lycée, j’étais en section sport-étude donc c’était plus simple. En classe préparatoire ou à l’université, certains professeurs ne se rendent pas compte de ce que c’est. Ils entendaient que j’étais cycliste mais ils ne comprenaient pas comment : ils ne faisaient pas de distinction entre le cycliste du dimanche et le cycliste qui doit s’entraîner 20 heures par semaine. A côté de ça, j’ai aussi eu des professeurs qui étaient parfaitement au courant de la situation.
Pouvez-vous nous parler du sujet de votre mémoire : « Le sport moderne : une application de la philosophie nietzschéenne ? »
J’ai voulu essayer d’associer mes domaines de prédilection. J’avais deux mémoires à écrire lors de mes deux années de master. J’ai fait mon premier mémoire sur la question du corps chez Nietzsche. En deuxième année je suis entré en contact avec le président de l’Université Paris-Nanterre, Jean-François Balaudé, ancien philosophe et passionné de cyclisme, qui s’est montré intéressé par mon profil et mon sujet de mémoire réunissant philosophie et sport.
C’est un paradoxe car Nietzsche n’a jamais écrit sur le sport mais l’idée générale c’était que sa philosophie permettrait de penser et parler du sport de manière plus authentique que l’idéologie actuelle du sport véhiculée par Pierre de Coubertin notamment.
Excellent. Un cycliste pro à bien sûr, des jambes, et une une « bonne tête » mais pour Guillaume, c’est un peu plus et c’est assumé. Je lui souhaite de réaliser ses objectifs et comme il ne manquera pas de passer par Malaucène pour le Ventoux face nord, nos routes se croiseront.