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L’école est un sujet très souvent traité au cinéma. Comment expliquez-vous cela ?
La société entière s’intéresse à l’école, donc le cinéma aussi ! D’abord car c’est le lieu où se forment les futurs esprits, et parce que je pense qu’il y a beaucoup de tensions dramatiques par rapport à la narration. Je pense que ceux qui font des films sur l’école relatent ce qu’ils ont vécu en tant qu’élève. Tout le monde a une histoire d’école à raconter !
Cela donne des films très visuels, car il y a des scènes de « climax » qui se passent tous les jours dans les vies d’élèves et de professeurs. Il y a également des enjeux politiques extrêmement forts derrière cette question.
Voyez-vous une évolution dans la manière dont l’école est perçue au cinéma ?
Je trouve que la manière dont le cinéma traite l’école est toujours très stéréotypée, y compris dans Entre les murs. Il se trouve que j’enseignais à ce moment dans le collège à côté de celui dont le film parle, donc je connais ce sujet, les difficultés des collèges en zone d’éducation prioritaire, et ici, le point de vue de l’enseignant est celui d’un novice. Il n’était professeur que depuis très peu de temps, et on voit dans son personnage qu’il n’aime pas ce métier et que ce qu’il raconte dans sa relation avec les élèves est faux, dans le sens où il cherche à les dominer, à leur faire reconnaître et accepter leur infériorité, particulièrement au niveau du langage. Cela m’a inquiété, car ce film est devenu une sorte de doxa sur l’école, sauf qu’en réalité ce n’est pas comme cela que ça se passe.
Cette vision de l’école au cinéma a évolué, tout comme l’école a évolué et continue d’évoluer avec la société. Globalement, le traitement reste tendancieux et très politisé. Le problème est que le cinéma aborde l’école avec une vision d’élève, et non d’enseignant, ou alors une vision d’enseignant de « passage » dans le métier.
Il faudrait donc que des enseignants réalisent des films…
Exactement ! Pour l’Académie de Nantes, je suis souvent amenée à filmer en classe, pour montrer à d’autres professeurs des pratiques pédagogiques innovantes. Il faut avouer qu’en tant qu’enseignants, nous savons ce qu’il faut filmer dans une salle de classe, ce qui n’est pas le cas de certains réalisateurs de cinéma.
Selon vous, quels sont les meilleurs films sur l’école ?

Affiche film Camille redouble
J’aime beaucoup Le Péril jeune et Camille redouble, tous les deux produits par Arte, qui traitent plutôt de la jeunesse, et j’y retrouve des moments que j’ai vécus en classe en tant qu’élève, et qui sont assez fins et subtils.
Pensez-vous que le cinéma puisse faire comprendre au spectateur la réalité de l’école ?
Le cinéma s’amuse à faire comme si c’était réel car c’est l’art de l’illusion. Dans certains cas, je pense que cet art capte en effet de vraies réalités. Je pense à L’Esquive, que j’ai trouvé très intéressant sur l’enseignement. Ce film montre que dans des classes de banlieues on peut vraiment aborder la littérature, la question du langage, contrairement aux stéréotypes qui sont véhiculés.
En tant qu’enseignante, pensez-vous que le cinéma soit une bonne ressource pédagogique ?
C’est un formidable support pédagogique, aujourd’hui complètement intégré aux programmes. Quand on voit en terminale L, que pour étudier La Princesse de Montpensier, le film de Tavernier est au programme, c’est formidable. Quand j’ai enseigné en ZEP, j’avais beaucoup de difficultés à enseigner le français, et c’est le cinéma qui m’a permis de le faire.
J’essaye de ne pas trop utiliser ce support, mais cela permet parfois de faire lire aux élèves des textes difficiles, et de réfléchir à des questions philosophiques. C’est l’outil qui m’a permis de faire lire mes élèves.
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