orthographe

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Depuis 2008, plus de quatre millions de Français se sont entraînés avec le projet Voltaire, premier service en ligne personnalisé de remise à niveau en orthographe. Afin de valider leurs acquis, les participants peuvent passer un examen : le Certificat Voltaire« Nous travaillons auprès de 700 entreprises et 2 000 établissements scolaires », a précisé Pascal Hostachy, fondateur de Woonoz et créateur de cette initiative, lors de la présentation des résultats de la 3e édition, le mercredi 31 mai à Paris.

Les quatre millions d’utilisateurs ont alimenté une base de données conséquente sur les Français et l’orthographe. Une base de données permettant d’appréhender leur niveau en fonction de leur âge, de leur sexe ou encore de leur zone géographique.

Les femmes meilleures que les hommes

Le Baromètre Voltaire mesure le niveau d’acquisition sur « les 84 règles les plus courantes », explique le communiqué de presse. Ces 84 règles sont classées en deux catégories : grammaticale et lexicale. La première catégorie se mesure sur la capacité à écrire un mot en conformité avec une règle de grammaire (la conjugaison ou les accords par exemple) alors que la deuxième repose sur la manière d’orthographier un mot tel qu’il figure dans le dictionnaire.

La finalité est donc de donner une moyenne du niveau des Français en orthographe. On remarque que le niveau initial (c’est-à-dire avant de s’entraîner avec le Projet Voltaire) est meilleur chez les femmes (40%) que chez les hommes (34%). « Il n’y a pas vraiment d’explication, nous savons néanmoins qu’il y a une plus grande exigence scolaire avec les filles et que ce sont elles qui sont le plus souvent envoyées dans les sections littéraires », commente Julien Soulié, professeur de lettres classiques à Lille, pendant la conférence de presse. « Les garçons sont davantage poussés vers les maths et les matières scientifiques », ajoute Pascal Hostachy.

Des résultats inquiétants chez les collégiens

Collège

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Il apparaît aussi que le pourcentage de règles maîtrisées dans l’enseignement secondaire et supérieur est assez faible et ne franchit jamais le seuil des 50% : 27% au collège, 30% au lycée, 45% à l’université. « Ces résultats sont assez inquiétants », juge Julien Soulié. « La règle de mettre un -s ou un -t à la première personne du pluriel (ex: ‘nous nous amusons’ ou ‘nous nous amusont’), qui n’apparaît pourtant pas comme une règle extravagante, est maîtrisée par seulement 52% des collégiens », précise-t-il.

Le chiffre est identique pour le -s de la deuxième personne du singulier. « C’est un peu préoccupant », continue le professeur. Si les élèves progressent avec le temps, c’est grâce à « une prise de conscience qui se fait au niveau universitaire où les étudiants ne veulent pas rendre un mémoire truffé de fautes ». « Il faut le temps que les règles mûrissent un peu dans leur tête », analyse-t-il.

C’est une fois dans le milieu professionnel que le seuil des 50% est franchi : en entreprise, 52% des Français maîtrisent les règles d’orthographe. Les scores au Certificat Voltaire progressent d’ailleurs avec l’âge : ils passent de 564 à 650 points pour les 20-30 ans à une fourchette comprise entre 703 et 798 points pour les 50-60 ans. Le pic est atteint avec les septuagénaires : 835 points.

Une majorité d’erreurs sur les règles grammaticales

En typologie, les erreurs se font très majoritairement sur les règles grammaticales (76%) plutôt que sur les règles lexicales (24%). Cela peut notamment s’expliquer par le fait que « les règles grammaticales sont plus nombreuses que les règles lexicales », ces dernières pouvant « être traitées par le correcteur orthographique », explique l’étude.

Les règles les mieux maîtrisées sont, justement, « mieux » ou « mieu » (70%), « je le savais » ou « je le savait » (69%) et « je peux » ou « je peut » (66%). Les moins maîtrisées sont « -ions, -iez » ou « -iions, -iiez » (14%), le participe passé conjugué avec l’auxiliaire avoir antéposé (13%) et « à l’attention de » ou « à l’intention de » (12%). Ces trois règles sont initialement maîtrisées par moins d’un Français sur cinq.

Quelques astuces mnémotechniques

Dans le compte-rendu de son étude, le Baromètre Voltaire propose aussi des astuces mnémotechniques pour maîtriser ces règles. Les trois astuces les plus populaires chez les utilisateurs sont « ajouter ‘en train de’ devant l’infinitif pour savoir si le participe passé s’accorde » (choisies par 4 264 utilisateurs), « remplacer je par nous dans ‘je ferai’ ou ‘je ferais' » (2 458) et « prendre et tirer parti = sans e » pour « parti » ou « partie » (2 228).