Macron

Source : Facebook Emmanuel Macron

Second volet de notre enquête auprès des enseignants, qui nous font part de leurs attentes vis-à-vis du nouveau président

Aurélien, professeur de mathématiques en lycée à Rouen :

« J’attends du quinquennat de monsieur Macron une profonde réflexion sur l’état actuel du système qui est frustrant pour beaucoup d’élèves en termes d’orientation et de réussite. Il faut que chacun trouve sa place et cela passera par une réflexion autre que le collège 2016. Une réorganisation du lycée est également nécessaire, afin de rendre à chaque section, aussi bien générale que technologique ou professionnelle, un véritable attrait. Par exemple que la filière S ne soit plus aussi « généraliste » mais avec un vrai et fort pôle scientifique, que ce soit sur les contenus ou l’esprit de démarche scientifique. Enfin, j’attends un engagement solide sur le fait de ne pas brader l’enseignement national à n’importe qui ! »

J’attends qu’il revienne sur sa décision d’interdire les smartphones en classe

Sylvie, professeure de lettres modernes au collège dans l’académie d’Orléans-Tours :

« J’attends dans un premier temps d’Emmanuel Macron qu’il revienne sur sa décision d’interdire l’usage du smartphone en classe. Beaucoup de salles informatiques de nos collèges dysfonctionnent, les mauvais choix de tablettes et leur raréfaction ne permettent pas d’appliquer convenablement les programmes liés au numérique, ni le débit internet souvent insuffisant. J’attends ensuite de lui qu’il modifie notre statut afin que ceux qui enseignent en faisant fi des programmes et des réformes, et surtout dans un rapport frontal et descendant, soient écartés des fonctions d’enseignement. J’attends enfin qu’il forme les personnels de direction et d’inspection aux pédagogies innovantes et/ou alternatives et qu’il les encourage. Un enseignant dans une posture de recherche pédagogique, qui s’acharne à faire réussir ses élèves, ne devrait pas être mis de côté par ignorance. »

Thérèse Clerc, présidente de l’Association pour le Développement de l’Enseignement de l’Allemand en France (ADEAF) :

« Après de graves distorsions entre discours et réalité sur les effets de la réforme du collège, nous ne pouvons qu’espérer une réhabilitation de la parole politique !
Des objectifs de notre association sont partagés par E. Macron. Nos attentes sont donc fortes, en matière de politique étrangère, avec le rôle moteur du couple franco-allemand pour l’Europe, et de politique éducative avec le rétablissement des structures efficaces et attractives que sont les sections bilangues et européennes au collège, avec des moyens dédiés et un cadrage national. Une politique des langues volontariste est nécessaire, qui favorise la diversité linguistique et l’apprentissage de l’allemand, qui soutienne les enseignants et s’appuie sur leur expertise : l’ADEAF est prête. »  

Que les profs soient formés à gérer des situations psychologiquement difficiles
enseignant collège

© Drivepix – Fotolia

Elodie, professeure de philosophie en lycée dans l’académie de Toulouse :

« J’ai voté pour Emmanuel Macron, non par adhésion à sa ligne politique, que je juge trop libérale, mais par refus de voir passer le Front National. À présent qu’il est élu, ce que j’attends du nouveau président concernant l’éducation : qu’il prenne en compte la diversité des établissements, et notamment les collèges et lycées de zone rurale, puisque je connais bien cette réalité. Des pertes d’heures, voire des suppressions de postes dans ces établissements ont des conséquences autrement plus graves qu’en ville. J’aimerais aussi que la filière littéraire au lycée soit enfin revalorisée. Enfin, que l’offre de formation proposée aux enseignants soit plus adaptée aux réalités qu’ils vivent. Plusieurs fois confrontée à des classes touchées par des drames de la vie, j’ai dû, en tant que professeur principal, gérer des situations psychologiquement difficiles, sans aucune formation sur la manière d’aider mes élèves. Il en va de même pour le harcèlement scolaire, que j’ai pu rencontrer dans mes classes. Des formations spécifiques pour apprendre à réagir face à ces situations, de plus en plus nombreuses, seraient les bienvenues. Et puis, en tant que professeur de philosophie, je souhaiterais que cet enseignement soit étendu, dès la classe de seconde et ouvert aux bacs pros. »

Guillaume, professeur des écoles en Charente :

« Je suis globalement d’accord avec l’idée des classes de CP à moins de 12 élèves en REP. Par contre, il va se poser la question des effectifs d’enseignants s’il n’y a pas de création de postes. Il faut espérer que cette réorganisation ne se fasse pas au détriment d’autres chantiers … Même si l’organisation des nouveaux rythmes scolaires n’est pas parfaite, il ne faut pas tout mettre par terre, cette idée était très intéressante pour moi au départ. Pour le secondaire, pourquoi ne pas gagner en autonomie mais attention à ne pas trop créer de disparité entre les établissements… En même temps, est-ce qu’elle n’existe pas déjà ? »

Il faut simplifier les systèmes de mutation et d’évolution de carrière

Lucile, enseignante d’espagnol au collège à Gretz-Armainvilliers :

« Nous attentons une revalorisation de notre enseignement et de notre carrière, car nous ne sommes pas forcément bien accompagnés dans les débuts ni bien considérés par les élèves, les parents ou même par certains collègues. De plus, nous sommes envoyés devant les élèves sans avoir suivi une formation adéquate. Il faudrait donc que le nouveau président pense à la revoir et à simplifier, par ailleurs, les systèmes de mutation et d’évolution de carrière. C’est vraiment très compliqué ! Monsieur Macron va ainsi faire face à de nombreux chantiers. Nous verrons bien ce qu’il proposera mais cela ne peut pas être pire que le précédent, avec sa réforme des collèges et des carrières… »