jeune prof classe de primaire

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Pour son numéro 74 d’avril 2017 la Revue internationale d’éducation de Sèvres éditée par le CIEP (Centre international d’études pédagogiques) s’intéresse aux enseignants débutants – définis comme ayant moins de trois mois d’expérience : « Qui sont aujourd’hui ces nouveaux enseignants, comment sont-ils formés et découvrent-ils le métier, quelle est leur insertion dans l’établissement scolaire ou dans l’institution ? »

Pour répondre à cette problématique, huit études de cas ont été réalisés dans huit pays : Argentine, Chine, États-Unis, Finlande, France, Niger, Rwanda et Suisse. « Ces pays ont été choisis pour représenter toute la diversité du monde », a expliqué Jean-Pierre Véran, coordinateur du numéro lors de sa présentation à Paris le mercredi 17 mai.

L’ouvrage attire notamment l’attention sur « un phénomène de décrochage professionnel, en lien avec les conditions matérielles et symboliques d’exercice du métier ». Selon le baromètre Unsa Education 2017, seuls 27,6 % des enseignants recommanderaient leur métier à un jeune de leur entourage.

Une massification de l’éducation

L’étude des différents pays permet un large panorama de l’évolution du métier d’enseignant, et « si certains ont encore la vocation », force est de constater que leur représentation de la profession ne correspond pas à la réalité des premières années durant lesquelles « les enseignants débutants sont surexploités et accablés », a développé Jean-Pierre Véran. Ainsi, « des bons étudiants théoriques n’ont pas de notions réelles de leur futur métier ni des élèves qu’il auront en face d’eux ». L’exemple suisse rédigé par Crispin Girinshuti le montre : « beaucoup de jeunes enseignants démissionnent car ils refusent l’inclusion ».

Dans ces contextes, il existe « une exigence commune de professionnalisation, qui demeure paradoxale pour de multiples raisons », explique le communiqué de presse. « Que ce soit dans des pays développés ou des pays émergents, nous nous retrouvons face à une massification de l’éducation : c’est-à-dire l’accès à l’enseignement fondamental à un maximum de jeunes. Par conséquent, tous les pays se retrouvent dans l’obligation de recruter des enseignants. Est-ce que les enseignants d’aujourd’hui sont les mêmes que ceux d’hier quand le recrutement était limité et que le système éducatif ne s’adressait pas à une masse d’élèves ? »s’interroge Jean-Pierre Véran.

Si le métier a besoin d’être professionnalisé, « ce développement est submergé par les exigences demandées aux débutants et qui deviennent la source de nombreuses démissions ». C’est pourquoi « les auteurs soulignent aussi l’importance cruciale de l’accompagnement dans l’établissement scolaire et l’enjeu politique du développement professionnel des enseignants », est-il précisé dans le communiqué.

Ainsi, selon ces études, notamment celle de TALIS 2013 – Enseignant en France : un métier solitaire ? de l’OCDE également présente dans l’ouvrage, il faudrait « transformer le métier pour mieux correspondre aux exigences d’aujourd’hui », conclut Jean-Pierre Véran.