
Philippe Roederer
Quelles sont les missions de la D.A.N.E de Créteil ?
Nous sommes en charge de la mise en place du plan numérique pour l’Éducation, qui repose sur quatre piliers : le déploiement matériel, la formation, l’accompagnement et la prise en main des nouvelles ressources numériques pour enseigner, sans oublier une partie innovation sur laquelle nous sommes extrêmement présents.
A quels enjeux répond votre délégation ?
Nous avons une responsabilité face à ce tsunami numérique, celle de préparer nos élèves à évoluer dans ce monde où la culture numérique est omniprésente.
L’enjeu pédagogique est d’utiliser le numérique non pas comme un simple outil mais comme un levier à la mise en œuvre de pratiques pédagogiques plus actives. Le numérique est là pour favoriser le travail de groupe, la différenciation pédagogique, de nouvelles modalités d’évaluation. D’autres enjeux s’ajoutent à cela, comme la personnalisation des apprentissages ou l’adaptation pédagogique des élèves en situation de handicap.
Nous avons un ensemble de compétences à faire construire à nos élèves et à nos professeurs. Cela fait partie de la culture générale du citoyen du 21e siècle, et cette culture redéfinit tout un tas de choses : les temps, les lieux d’apprentissages, et toutes les disciplines sont concernées par cette révolution numérique. Les ressources en ligne, accessibles très facilement par l’élève, questionnent également sur le rôle de l’enseignant et sa relation avec les élèves.
Comment se situe l’académie de Créteil en terme de déploiement numérique ?
L’académie de Créteil est très avancée à ce niveau puisque 356 collèges publics, 18 collèges privés et 327 écoles sont engagés dans le plan numérique. L’objectif du ministère était d’avoir 50% des collèges équipés à la rentrée prochaine. Avec 100% des collèges, cela fait de notre académie un territoire particulier pour le développement des usages du numérique.
Tout cela ne peut pas fonctionner sans un plan de formation qui soit ambitieux. Il convient donc de former les enseignants à prendre en main ces outils, pour les aider à construire des compétences propres au 21e siècle.
Y a-t-il des initiatives que vous encouragez ?
Bien sûr, nous avons été très présents lors de la semaine de la classe inversée, en organisant un séminaire académique qui a eu un très grand succès. Nous restons attentifs, car la classe inversée peut avoir quelques dérives.
Nous sommes accélérateurs de dispositifs comme la Twictée, avec Régis Forgione et Fabien Hobart. Ce dispositif est tout à fait intéressant car cela part d’une réflexion didactique solide sur l’enseignement de l’orthographe, et derrière cela permet aux élèves de construire des compétences en éducation aux médias et en information, ce qui les confronte très jeunes aux réseaux sociaux et à la vigilance que cela requiert. Il convient de mettre en action les élèves pour prévenir les dérives.
Que répondez-vous aux sceptiques du numérique dans l’éducation ?
Pour nous, c’est une question qui n’a pas de sens au 21e siècle que de se demander s’il faut ou non mettre du numérique au quotidien dans la classe. Nous sommes dans une société dans laquelle le numérique est omniprésent, donc faire comme si l’école était en dehors de ce phénomène serait une erreur absolue.
En revanche, se poser la question des conditions dans lesquelles le numérique peut apporter une plus-value dans les apprentissages des élèves nous semble important, parce qu’il ne suffit pas de mettre du numérique dans la classe pour que cela soit mobilisé de bonne manière.
Cela nécessite de former les enseignants et de prendre du recul sur ces pratiques.
Est-ce que vous avez des retours d’élèves et d’enseignants ?

The Prentice School Educational Assistive Technology Classroom / Wikimedia / Licence CC
Les retours sont évidemment positifs lorsque derrière l’utilisation du numérique il y a une réflexion didactique et pédagogique de qualité, et nous essayons d’objectiver cela, notamment à travers une forte présence de l’académie sur le dispositif e-FRAN (Espaces de Formation, de Recherche et d’Animation Numériques).
e-FRAN est un appel à projets qui permet à des pratiques pédagogiques numériques de terrain d’être validées scientifiquement par le biais d’un partenariat avec des universités. L’objectif est ensuite de développer ces initiatives sur tout le territoire.
À l’échelle nationale, il y a eu près de 160 projets déposés. 22 ont été retenus, et sur ces 22 projets, l’académie de Créteil en a 4. Le projet Twictée en fait partie.
Le projet va durer 4 ans et s’appuyer sur des enseignants, avec des classes témoins, et nous allons essayer de construire de la connaissance pédagogique et didactique autour de l’utilisation du numérique.
Quels sont les prochains chantiers de la D.A.N.E de Créteil ?
L’objectif est de s’appuyer sur la dynamique engagée par les collèges afin de faire la même chose pour l’école élémentaire. On voit bien qu’il y a un décalage important en matière d’équipement entre les écoles et les collèges, donc nous voulons transformer l’école élémentaire. Cela va s’accompagner d’un effort de formation des enseignants, sur les compétences qui sont à construire au 21ème siècle pour faire du numérique un levier de transformation des pratiques pédagogiques.
Le chantier des ressources numériques est également très important pour nous. Il s’agit de montrer qu’aujourd’hui il y a des manuels scolaires mais pas que, qu’il y a également de nouveaux types de ressources numériques, qui permettent une plus grande autonomie de l’enseignant dans la construction de sa scénarisation pédagogique.
Nous avons pris ce projet à bras le corps cette année, avec la création d’une commission académique dédiées aux ressources numériques, et c’est un chantier qui prendra beaucoup d’importance dans les mois à venir.
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