
Emmanuel Macron en septembre 2014 / Gouvernement français / Licence CC
Camille, professeure en ULIS école dans l’académie de Bordeaux :
« Ma première vraie attente est que le nouveau président ne change pas les programmes élaborés en 2015. En effet, nous avons travaillé en équipe à leur appropriation et nous n’avons pas envie que ce travail soit à nouveau remis en question. Concernant l’ASH (adaptation scolaire et scolarisation des élèves handicapés), je souhaiterais qu’il puisse libérer le temps de travail dédié à l’aide personnalisée pour le remplacer par des temps d’échanges en équipe afin de construire et réguler les projets d’apprentissage pour les élèves en grande difficulté scolaire ou en situation de handicap. Ceci est d’autant plus nécessaire que nous sommes en REP. A défaut de réattribuer ces 36h aux équipes, nous pourrions bénéficier, comme en REP+, d’un temps spécifique pour mener ce travail à bien. »
Bastien, titulaire sur zone de remplacement (TZR) en histoire-géo en lycée dans les Deux-Sèvres :
« En tant qu’électeur de J.-L. Mélenchon au premier tour, ce que j’attends d’E. Macron, pour qui j’ai voté au 2nd tour par réflexe républicain plutôt que par adhésion à son programme que j’estime très proche de celui de Tony Blair, c’est d’au moins tenir ses promesses en matière d’éducation et de s’en tenir à celles-ci, sans nous cacher une nouvelle libéralisation de l’école telle que celle voulue par divers think tanks (Terra Nova, Institut Montaigne) ou par le MEDEF. Mais je reste très dubitatif vis-à-vis du programme éducatif d’E. Macron. Le choix du ministre de l’Education nationale sera sans doute révélateur de sa politique. Espérons toutefois qu’il me surprenne positivement. »
Pierre, professeur de statistiques à l’université de Clermont-Ferrand :

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‘De l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace… et la France sera sauvée’ (Danton)
« Ayant voté Macron au premier et au second tour, je suis d’abord satisfait de son élection. Je suis également très satisfait de l’intérêt de tous qui a abouti à un résultat porteur de promesses.
Du président élu, j’attends qu’il respecte ses promesses (en tenant compte des contraintes), qu’il modernise et fasse les réformes qui auraient dues être faites depuis 15 ans. Je souhaite que la France revienne dans le peloton de tête des nations européennes. Concrètement, je souhaite en priorité que le chômage baisse, que l’enseignement primaire et secondaire redeviennent excellents (mais cela prendra du temps), et comme universitaire, que l’autonomie des universités soit renforcée, ainsi que la recherche et le développement en lien avec l’industrie, afin de créer les emplois de demain. »
Christian, enseignant d’EPS en lycée à Montpellier et secrétaire national du SNEP :
«Nous attendons que le nouveau président mette rapidement en œuvre le dédoublement des classes de CP en zone REP et REP+. Le reste est assez convenu, comme l’individualisation, le focus sur le lire-écrire-compter, l’orientation, la relation avec les parents… Nous notons toutefois que la réforme de la formation du gouvernement précédent n’a pas produit les effets escomptés. E. Macron propose de mettre les étudiants en alternance sur le terrain encore plus tôt, alors qu’ils sont logiquement moins formés ! Nous nous doutons que c’est sa façon de compenser les postes qu’il souhaite supprimer en mettant des étudiants sur le terrain dès la licence. Là encore, nous espérons qu’il renonce à ce projet qui va encore dégrader la formation. »
Annie, directrice d’école primaire à Amiens :

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« Je suis aujourd’hui soulagée qu’E. Macron ait été élu et satisfaite de sa priorité annoncée à l’école primaire. Pourtant, ses mesures annoncées pour l’éducation, dès la rentrée prochaine, m’interrogent. La loi de refondation de l’école, de l’éducation prioritaire ont besoin de temps et d’évaluation pour être optimisés. Le dédoublement des classes en REP+ nécessite un grand nombre de postes. Les annonces laissent augurer que les postes du dispositif « plus de maîtres que de classe » y seront transférés. Nous ne pouvons que dénoncer ce projet qui est pour nous un renoncement à l’évolution des pratiques pédagogiques et l’autonomie des équipes. Il en est de même pour la remise en cause de la réforme des rythmes. Les indicateurs de réussite des cinq matinées de classe sont favorables, laissons le temps à la loi de refondation d’être évaluée avant de la remettre en question ! »
Jeanny, enseignante et formatrice en langues-cultures étrangères à l’ESPE de l’Académie de Lyon :
« J’attends du nouveau président qu’il limite l’effectif dans les classes maternelles (28 élèves en petite section, ce n’est pas raisonnable) et professionnalise l’accompagnement des élèves en difficultés psycho-socio-cognitives en l’étendant sur le primaire et tout le secondaire (tel que vu en Angleterre 2005 et Finlande 2009). Je souhaite également qu’il évalue scientifiquement les différentes modalités concrètes de la « réforme des rythmes scolaires », en tirant parti des enseignements de cette évaluation pour améliorer les situations locales au bénéfice des élèves. Enfin, j’attends de lui qu’il réforme vraiment la formation initiale des enseignants : la situation actuelle a été davantage un retour à avant Sarkozy (en moins bien puisque 50% exercice + 50% master = pas le temps de préparer la classe). »
c’est rassurant de se doter de sigles ulis sega rep puis rep+ pourquoi pas de rep++ etc…. la réalité est tout autre on maintient à l’école des jeunes qui n’en veulent plus, ils veulent apprendre un métier et travailler donnons leur la possibilité de le faire et offrons leur la possibilité de revenir en formation quand ils en éprouveront l’envie. donc fin du collège unique car chaque enfant est différent et des enseignements choisis et « productif » qui rendent important les acquis du socle commun.
Un système de formation pour adulte qui soit à la hauteur.
Bref y a du boulot , mais avant tout y a t’il une volonté que ça change? sinon on est mal.
J’attends de Macron qu’il répare les dégâts causés par NVB et son prédécesseur au collège, au lycée, aux langues, au français, à la physique et aux mathématiques. Je souhaite aussi qu’il y ait modulation intelligente des effectifs de classe et des dédoublements. Par exemple : pas plus de 28 en 2nde et STMG, etc.
J’attends de M. Macron qu’il réhabilite l’enseignement public. Les professeurs sont méprisés par leurs parents et leurs enfants qu’ils soient de la classe moyenne ou défavorisés même combat. Le climat de classe est degradé. On nous rabat les oreilles avec le mot bienveillance tandis qu’autour de nous on observe mépris, insécurité, violence verbale et physique, désinvolture, impunité et absentéisme. Et pas besoin d’aller en REP + ou REP pour aussi observer la pauvreté culturelle des jeunes générations et leur individualisme qui fera plus tard le lit des extrêmes.
Je partage globalement votre constat. J’enseigne dans 2 collèges privés dans 2 petites villes de provinces, bien loin des REP. Il faut que nous soyons bienveillants, à l’écoute des parents…Mais qu’avons-nous en effet de plus en plus en face et en retour ? Et bien tout ce que vous avez énuméré avec des parents qui remettent de plus en plus en question à la fois notre pédagogie et surtout, notre discipline, nos sanctions….Il faut que nous jouions le jeu mais en face le joue-t-on ? Quand un élève refuse de travailler, n’a aucune notion de l’effort, de motivation, la bienveillance est-elle bien alors la meilleure des réponses ? Par expérience, non !! C’est ainsi, qu’après avoir été bien bienveillante avec un élève de sixième qui refusait de faire quoi que ce soit, j’ai un jour changé de stratégie en utilisant la fermeté et l’autorité la plus totale. Et là, et bien déclic. Il s’est mis au travail, s’est métamorphosé et se montre très positif et demandeur. A leur âge, ils ont aussi et surtout besoin d’être cadrés, recadrés et parfois « secoués ». La bienveillance à outrance est une erreur. Il faut aussi beaucoup de fermeté et d’exigence, et avec les parents aussi ! Ce qu’ils peuvent se permettre parfois est inadmissible…
les jeunes générations ne sont pas pauvres au niveau culturel et les poncifs de fanny sur leur soit disant individualisme qui les jetteraient dans les extrêmes sont évidemment des inepties. En 2017 ,les enseignants sont encore trop souvent enfermés dans leurs certitudes. Qu’ils commencent par sortir de cette suffisance et de cette arrogance qui les empêchent de prendre en charge les élèves en difficulté .
remettons enfin les choses dans leurs justes proportions, au niveau culturel,les enseignants de collège ont une cultures convenable mais n’ont rien à voir avec les professeurs des universités .
On demande juste à ces gens de faire progresser les élèves et d’être un peu moins dans la plainte