Près de 18.000 pages de notes inédites du géant des mathématiques Alexandre Grothendieck vont être mises en ligne mercredi en accès libre par l’université de Montpellier, ouvrant la porte à de grandes avancées scientifiques.

« Il s’agit d’un des plus grands, sinon du plus grand mathématicien du 20e siècle. A 16H30, nous allons dévoiler au monde entier le contenu de ce fonds, il y a des pépites et des perles à n’en pas douter », a déclaré à l’AFP Jean-Michel Marin, directeur de l’institut montpelliérain dédié au mathématicien, confirmant une information du Parisien-Aujourd’hui en France.

Les documents mis en ligne proviennent d’un fonds de 28.000 feuillets légués par le maître mort en 2014 à son élève, Jean Malgoire, toujours professeur à l’université de Montpellier. Cette publication est rendue possible par l’accord trouvé avec les enfants du mathématicien, qui conservent la propriété physique des documents mais en ont cédé les droits de diffusion à l’université.

« Il a refondé tout un pan des mathématiques, la géométrie algébrique. Exploiter ses notes demandera des années de travail par des spécialistes. Il n’y a dans le monde que quelques centaines de personnes qui peuvent les comprendre. Elles ne contiennent pas que des résultats inédits, mais aussi des outils pour comprendre sa pensée », a précisé Jean-Michel Marin.

« Les autres feuillets sont de la correspondance, et même si elle est de nature mathématique il faut l’accord des correspondants », a précisé M. Marin, soulignant l’important travail d’archivage et de numérisation effectué.

Méconnu du grand public mais légende parmi les mathématiciens, Alexandre Grothendieck, né le 28 mars 1928 à Berlin et naturalisé français en 1971, était un génie à l’esprit audacieux, sans concession, un écologiste radical à la personnalité hors du commun.

Il a forgé une vision révolutionnaire de la géométrie avant de se retrancher du monde en 1990 dans un village d’Ariège dans le silence et le secret absolus, et d’y mourir à 86 ans. Il avait reçu la médaille Fields en 1966, récompense la plus prestigieuse pour un mathématicien, mais l’avait refusée.