Le président de l’Université de Poitiers, qui avait appelé les étudiants à voter contre Marine Le Pen au second tour de la présidentielle, a porté plainte après des menaces de mort proférées par des internautes sur un site identitaire, suggérant notamment « une balle dans la tête ».

« Il me semble essentiel de porter plainte après ces menaces, qui sont réellement une incitation à la haine », a déclaré mercredi à l’AFP Yves Jean, le président de l’Université, qui a confirmé avoir déposé plainte contre X mardi auprès du procureur de la République à Poitiers.

Selon Yves Jean, d’autres présidents d’université, qui avaient aussi appelé à voter contre Marine Le Pen, devraient déposer plainte, encouragés par le président de la Conférence des présidents d’université (CPU), Gilles Roussel. La CPU a indiqué à l’AFP avoir déposé un signalement dans un commissariat parisien et adressé un courrier au procureur de la République.

Dans un courriel titré « Appel à voter contre Madame Le Pen », envoyé le 28 avril aux 26.000 étudiants et 3.000 personnels de l’Université de Poitiers, son président Yves Jean avait appelé à voter contre la candidate du Front national (FN) au second tour de la présidentielle. Dans ce message, il rappelait la tradition d’accueil d’étudiants étrangers de l’Université de Poitiers et appelait à « faire barrage » à la candidature Le Pen, selon lui « à l’opposé (…) de cette ouverture à la diffusion des connaissances au plus grand nombre » et de la tolérance, au coeur « des valeurs et traditions universitaires ». Le bureau de la CPU avait lui aussi appelé à votre contre « l’extrémisme que porte la candidature de Marine Le Pen ».

Ces appels avaient été relayés par maints médias, dont le site « Blanche Europe », qui se présente comme défenseur d’un « nationalisme sans concession » et de la « race blanche ». Certains commentaires d’internautes postés sur le site avaient fustigé l’appel électoral des universitaires : « J’ai quelque chose pour eux (…) une balle dans la tête. Si, si, une suffit; il s’agit de ne pas gâcher les munitions », écrivait un internaute. « Une balle, un homme est la politique que nous devons mener », appuyait un autre.

« Il est impensable dans ce pays de lire de telles choses proférées », a déclaré Yves Jean, précisant ne pas être inquiet à titre personnel, même si « cela peut être troublant ». « La meilleure chose à faire est de le diffuser, de faire savoir que ce genre de choses existe », a-t-il dit.