Cours d'anglais avec byod

Cours d’anglais avec BYOD / Reportage dans la classe d’A. Kartner.

Dans son programme pour l’éducation, Emmanuel Macron souhaite « interdire l’usage des téléphones portables dans l’enceinte des écoles primaires et des collèges ». Pour le candidat d’En Marche, qui affrontera Marine Le Pen le 7 mai lors du second tour de l’élection présidentielle, cette mesure devrait permettre d’améliorer le climat scolaire « en donnant aux professeurs les moyens d’enseigner, dans le respect et la sérénité », et de « garantir un environnement serein pour la transmission des savoirs ».

Ainsi, écrit-il dans sa lettre ouverte aux enseignants, les téléphones portables « sont une source d’interruptions intempestives dans les apprentissages ».  D’après une étude de la London School of Economics, l’utilisation du téléphone portable en cours nuirait à la concentration (en particulier des élèves en difficulté), et lorsque le smartphone est banni, les résultats scolaires seraient meilleurs. Et selon Philippe Tournier, secrétaire général du SNPDEN, le syndicat des chefs d’établissement, les sonneries ou l’utilisation sans autorisation en classe d’un appareil mobile représentent « entre un tiers et la moitié des sanctions infligées dans les collèges ».

Les smartphones, difficiles de s’en passer © Syda Productions - Fotolia.com

© Syda Productions – Fotolia.com

« La loi n’interdit pas leur usage dans les établissements »

Pour Emmanuel Macron, « à l’autorité des professeurs et des chefs d’établissements, dont l’attention doit être tout entière tendue vers l’élaboration d’un cadre propice au travail de tous, doit faire écho l’autorité des parents et leur soutien aux professeurs dans l’application de cette interdiction. »

Pour autant, le candidat centriste ne rentre pas dans les détails de la mise en oeuvre de cette réforme. Est-celle facilement applicable ? Valérie Sipahimalani, secrétaire générale adjointe du Snes-FSU, ne cache pas son scepticisme, et déplore une « méconnaissance de la réglementation » chez Emmanuel Macron. Ainsi, nous explique-t-elle, l’utilisation des smartphones est déjà interdite dans les collèges et les écoles durant les cours, comme le précise le code de l’éducation.

« La loi n’interdit pas leur usage dans les établissements : c’est du ressort du règlement intérieur », note Valérie Sipahimalani. Et de rappeler que « les élèves sont équipés par leurs parents, « qui veulent pouvoir joindre leur enfant après la classe, parce que ça les rassure ».

Pour Vincent Le Roy, secrétaire départemental de l’Unsa de l’Indre et Loire, interdire aux élèves d’avoir un portable dans la cour de l’école risque, concrètement, d’être compliqué : « les employés de la vie scolaire ont d’autres choses à faire que la chasse aux smartphones. Et on ne va pas non plus fouiller les sacs des enfants pour vérifier qu’ils n’ont pas de téléphones portables ».

Pour concevoir un audiobook, les 6e de Yann Houry enregistrent leur voix sur un smartphone, lors de la lecture du conte.

Pour concevoir un audiobook, les 6e de Yann Houry enregistrent leur voix sur un smartphone, lors de la lecture du conte.

Emmanuel Macron, que nous avons interviewé récemment, remarque : « certains se sont empressés d’objecter que leur interdiction était déjà inscrite dans le code de l’éducation ou dans les règlements intérieurs, mais quelle est la réalité des établissements ? Les devoirs aussi sont interdits à l’école primaire, ont-ils disparu partout pour autant ? »

L’usage pédagogique des smartphones en question

L’interdiction du téléphone portable dans la cour de récréation, et pendant les intercours, laisse aussi Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale du Sgen-CFDT, dubitative, mais en ce qui concerne son utilité. A l’AFP, elle indique que l’importance donnée à cette mesure dans le programme d’Emmanuel Macron est « disproportionnée : ce n’est pas ça qui aura une influence sur la qualité du système éducatif ».

Et de noter que des professeurs, à l’école primaire et au collège, mettent en place de plus en plus « d’activités pédagogiques » avec des smartphones – notamment dans le cadre de l’utilisation des réseaux sociaux, ou de l’éducation au bon usage des outils numériques et d’Internet.

2 Boy Using Smartphone / natureaddict / Pixabay / Licence CC

2 Boy Using Smartphone / natureaddict / Pixabay / Licence CC

Les smartphones « contribuent au harcèlement scolaire » (Macron)

Selon Emmanuel Macron, en plus de déconcentrer les élèves en classe, les smartphones « contribuent au harcèlement scolaire ». Ainsi, « au-delà des interférences néfastes au climat d’apprentissage dans la classe », le candidat d’En Marche souhaite empêcher « des drames » et « des situations que l’on ne peut plus accepter » – faisant référence, notamment, à des « vidéos ou des photographies mettant en scène l’humiliation de camarades de classe via des images capturées dans les cours de récréation, au sein même de nos établissements ».

Pour le candidat, « si, malheureusement, le harcèlement scolaire a toujours existé, les nouvelles technologies rendent sa réalité plus dure encore : auparavant, il cessait une fois l’enfant rentré chez lui, aujourd’hui, il se poursuit sur les réseaux sociaux. Notre responsabilité est de prendre toutes les mesures qui s’imposent pour protéger nos enfants. »