Alexandre Schajer

Alexandre Schajer

Vous êtes Président du Réseau E2C. En quoi consistent concrètement les Ecoles de la 2e Chance et à qui s’adressent-elles ?

En France, la première Ecole de la 2e Chance a été créée à Marseille en 1997. Aujourd’hui, le Réseau E2C compte 49 membres qui gèrent 116  sites-écoles dans 12 régions et 4 ultrapériphériques. En 2017, de nouvelles écoles renforceront la présence nationale des E2C, avec une prévision de 7 à 8 nouveaux sites.
Le dispositif  E2C s’adresse à un public âgé de 16 à 25  ans, sans diplôme ni qualification et ayant quitté le système scolaire depuis plus d’un an. Leur mission consiste à accompagner les stagiaires dans la construction de leur projet professionnel par un parcours individualisé et en alternance, et de leur offrir une nouvelle chance de développer compétences et savoir-être afin de s’insérer durablement sur le marché du travail. Selon le niveau du jeune à son arrivée, la formation peut durer de 6 mois à deux ans et est constituée d’un parcours en trois volets : une remise à niveau des savoirs de base (français, mathématiques…), des stages en entreprise et des activités culturelles et sportives.
En 2016, 14 338 stagiaires ont été accueillis sur l’ensemble du territoire, avec pour objectif d’offrir à tous un droit à un nouveau départ. Enfin, la diversité des profils accueillis montre que les Ecoles de la 2e Chance sont un lieu de mixité sociale : 32 % des stagiaires viennent des quartiers prioritaires, 12 % sont de nationalité extra-européenne, 10 % viennent de zones rurales et 4 % sont en situation de handicap. La parité au sein des E2C est aussi bien présente puisque 50 % des stagiaires sont des femmes et 50 % des hommes.

Y a-t-il des critères de sélection pour intégrer ces structures ? 

Pour entrer à l’E2C, le candidat doit contacter la mission locale la plus proche de chez lui pour demander un dossier d’admission. L’inscription se fait tout au long de l’année. Les écoles peuvent procéder à des entretiens individuels pour détecter chez le jeune une réelle envie de s’engager. Toutefois, le principal critère pris en compte dans le recrutement des candidats est la motivation ! D’ailleurs, une période d’essai de 4 à 6 semaines permet de mesurer la motivation du jeune et de voir s’il respecte correctement le règlement intérieur de l’école. A son terme, un bilan juge de l’entrée ou non en formation du jeune au sein de l’E2C. En moyenne, 12% des jeunes ne sont pas acceptés à l’issue de cette étape. Pour ceux dont la période d’essai est validée, ils deviennent alors stagiaires de la formation professionnelle.

Aujourd’hui, quel bilan faites-vous des Ecoles de la 2e chance ?

Le bilan est très positif ! En 2016, les Écoles de la 2e Chance (E2C) ont accueilli et accompagné 14 338 jeunes sur l’ensemble du territoire français. Au terme de leur parcours, d’une durée moyenne de 6,5 mois, 55% d’entre eux ont trouvé un emploi ou une formation dès la sortie de l’E2C. Grâce à l’accompagnement individualisé post-formation, allant jusqu’à 12 mois après leur sortie, ce taux d’insertion des stagiaires a atteint 62% alors qu’il était de 59% l’an passé. Cela représente une bonne évolution compte tenu de la situation économique actuelle du pays. Ces jeunes bénéficient d’un accompagnement personnalisé pendant leur parcours mais aussi après leur sortie de l’E2C. Le taux de rupture est relativement limité : 78% des jeunes vont jusqu’au bout du parcours. De plus, les stages en alternance, d’une durée moyenne de 2 mois et  demi, permettent aux stagiaires de consolider leurs compétences professionnelles en parallèle de leurs savoirs de base (français, mathématiques, informatique…). Ce renforcement de l’employabilité permet à 85% des stagiaires en sortie positive de bénéficier d’un emploi ou d’une formation de plus de 6 mois. Ce sont des résultats très encourageants. Nous espérons continuer dans cette voie l’année prochaine.

Quels sont les dispositifs mis en place par les E2C pour parvenir à ces résultats ?

Les E2C proposent au jeune un parcours de formation individualisé, à durée variable et à l’action pédagogique souple et innovante permettant notamment :

  • l’acquisition de connaissances dans les matières fondamentales comme le français, les mathématiques ou l’informatique ;
  • l’acquisition de compétences sociales et civiques qui permettent l’insertion dans la vie professionnelle mais aussi citoyenne ;
  • la construction avec l’équipe pédagogique d’un projet professionnel, une formation en alternance dans des entreprises partenaires et des temps dédiés à la recherche d’emploi ;
  • la construction d’un portefeuille de compétences et la remise d’une attestation de compétences acquises au terme du parcours. Cette attestation permet de mesurer les progrès accomplis au sein de l’E2C, avec l’objectif de faciliter l’accès à l’emploi ou à une formation professionnelle qualifiante à la sortie du parcours. Un suivi personnalisé par un formateur référent unique est aussi proposé à chaque jeune, pendant et après le cursus.

C’est grâce à l’ensemble de ces points que sur les 14 338 jeunes décrocheurs accueillis en 2016 par les E2C en France, 62% d’entre eux ont trouvé un emploi ou une formation.

relation prof élèves

© Igor Mojzes – Fotolia.com

De nouvelles actions sont-elles à prévoir ?

Nous sommes actuellement en train de réfléchir à un nouveau référentiel de compétences, qui devrait être mis en place, dans toutes les E2C, d’ici fin 2017. Cette recherche, réalisée avec des enseignants-chercheurs de l’Université de Nancy, a pour objectif de travailler de plus en plus sur des projets pédagogiques, gérés par des groupes de jeunes. Ces projets permettront de valider un plus large panel de compétences.

Combien de décrocheurs sont passés par les E2C depuis leur création et que sont-ils devenus ?

Aujourd’hui, ils sont plus de 70 000 à être passés par les Écoles de la 2e Chance. C’est un très beau chiffre ! Nous n’avons malheureusement pas encore d’enquête précise qui montre ce que sont devenus nos anciens élèves mais nous travaillons actuellement dessus. Il est en effet intéressant de savoir ce qu’ils deviennent à terme et quelle est leur durabilité dans l’emploi. Néanmoins, certaines écoles, ayant mené des enquêtes, nous ont fait part de retours positifs : après leur sortie, les 3/4 des jeunes s’insèrent assez rapidement dans le marché du travail.