
Emmanuel Macron
Avant l’élection présidentielle, le SNES-FSU a interpellé les candidats sur l’avenir de l’école et du second degré. Parmi les sujets abordés, on trouve les conditions de travail des enseignants (comment les améliorer), l’autonomie des établissements (quels rôles pour les chefs d’établissement), ou encore le collège (“reviendrez-vous sur la réforme de 2016 ?”).
Seuls 4 candidats ont répondu : Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron, Philippe Poutou et François Asselineau. Le 7 mai, le candidat d’En Marche affrontera finalement Marine Le Pen lors du second tour. Quelles ont donc été ses réponses au SNES ?
Une « lettre ouverte » de Macron aux enseignants
Dans son courrier, en fait une “lettre ouverte” adressée à tous les enseignants, Emmanuel Macron répond à quelques-unes des questions du SNES. Concernant les conditions de travail des profs, il promet “d’accompagner” les enseignants pendant leur carrière, de les faire bénéficier de 3 jours de formation continue par an (organisées “autour des besoins identifiées dans les salles de classe”) et d’augmenter les salaires.
Pour “lutter contre les déterminismes qui entravent l’ascension sociale” et “sortir du mythe d’une uniformité qui garantirait l’égalité”, le candidat d’En Marche écrit vouloir empêcher qu’un enseignant ayant moins de 3 ans d’expérience soit affecté en REP ou REP+ – “hors choix motivé”, mais aussi vouloir donner aux profs d’éducation prioritaire, une prime annuelle supplémentaire de 3000 euros nets.

Silence on lit / Collège de Banon
Enfin, pour “améliorer le climat” scolaire et “réaffirmer le respect et la sécurité” à l’école et au collège, Emmanuel Macron indique dans sa lettre vouloir “faire respecter” l’interdiction des téléphones portables dans les établissements, ou encore former les personnels aux risques d’attentats et d’intrusions.
Le candidat d’En Marche n’aborde pas la question de l’autonomie, ni celle du collège – bien que les réponses soient consultables dans son programme. Il y indique vouloir accorder une “autonomie pédagogique et de recrutement” aux établissements, permettant notamment aux collèges de rétablir les classes bilangues en 6e et d’instituer un “véritable enseignement du grec et du latin”.
“Tout dépend donc de ce que l’on met derrière les mots” (SNES)
Que pense le SNES-FSU du programme et des réponses d’Emmanuel Macron ? Pour le moment, le syndicat reste sur ses gardes. “Il n’a pas vraiment détaillé ce qu’il souhaite sur l’éducation, et ce qu’il fera, concrètement, sur le terrain. Par exemple, concernant les 3 jours de formation continue par an destinées aux enseignants, on ne sait pas s’il s’agit d’une formation obligatoire, et s’il s’agit du même type de formation que ces dernières années, ce qui n’aurait aucun intérêt”, nous indique Valérie Sipahimalani, secrétaire générale adjointe du syndicat.
Concernant l’idée de “sortir du mythe d’une uniformité qui garantirait l’égalité”, le SNES s’avoue “un peu inquiet”, car “plus on laisse de l’autonomie aux établissements, plus les inégalités augmentent dans les établissements”, constate Valérie Sipahimalani. “Tout dépend donc de ce que l’on met derrière ces mots”, ajoute-t-elle.
Le SNES s’inquiète aussi de la promesse du candidat de “limiter à 12 élèves” les classes de CE1/CP, et des conséquences sur le secondaire : “cela signifierait des redéploiements de postes dans l’Education nationale. Or nous sommes déjà à l’étiage en collège et en lycée”, explique la secrétaire générale adjointe.
Autonomie : le SNES craint le retour de « vieilles lunes »

Valérie Sipahimalani, secrétaire générale adjointe du Snes-FSU / Thierry Nectoux /regard-social.com / Libre de droit
Le SNES salue la volonté d’Emmanuel Macron de payer davantage les enseignants, et en particulier ceux de REP et REP+, mais reste prudent face à sa promesse de n’orienter vers l’éducation prioritaire que les profs ayant plus de 3 ans d’expérience : “nous craignons que l’on nous ressorte de vieilles lunes de la droite, notamment le programme ECLAIR, dans lequel les chefs d’établissement recrutaient les enseignants sur profils dans les ZEP”, note Valérie Sipahimalani. Selon elle, “ce programme a connu un cinglant échec et a augmenté le turn-over dans les collèges et lycées”.
Le fait de donner un pouvoir de recrutement aux chefs d’établissement “serait inacceptable” pour le SNES. Ainsi, remarque Valérie Sipahimalani, en Suède, où a été mis en place ce système, “les résultats des élèves se sont effondrés : on peut difficilement dire qu’il s’agit d’une recette qui marche”.
Un programme « pas assez détaillé » et « des méconnaissances »
La secrétaire nationale regrette un “programme pas assez détaillé”, et quelques “méconnaissances du système éducatif et de ses subtilités” de la part d’Emmanuel Macron (ou son équipe). Par exemple, explique-t-elle, l’idée d’interdire les smartphones au collège “reflète un manque de connaissance de la réglementation, car leur utilisation est déjà interdite durant les cours, comme le précise le code de l’éducation. La loi n’interdit pas leur usage dans les établissements : c’est du ressort du règlement intérieur”.
Concernant la réforme du collège, que le candidat prévoit de détricoter en donnant plus d’autonomie aux établissements, “c’est un gage de bonne volonté, mais les rectorats donneront-ils les moyens à ceux qui voudront par exemple rouvrir des classes bilangues, ou devront-ils le faire sur leurs moyens propres ?”, s’interroge V. Sipahimalani.
Dans son programme, Emmanuel Macron écrit vouloir réformer le Bac, en réduisant l’examen final à “4 matières obligatoires”, le reste étant validé par un contrôle continu. “Les retours que nous avons, notamment sur le CCF (contrôle en cours de formation) en voie professionnelle, nous permettent d’affirmer que le passage en contrôle continu est extrêmement chronophage et risque de désorganiser les lycées. Vouloir simplifier le Bac en faisant passer les épreuves en cours d’année est une fausse bonne idée”, conclut la secrétaire générale adjointe du SNES.
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