© @najatvb

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Emmanuel Macron et Marine Le Pen s’affronteront au second tour de l’élection présidentielle, le 7 mai prochain. Leurs programmes sont très différents, mais convergent sur un point : la remise en cause des réformes de Najat Vallaud-Belkacem, toujours ministre de l’Education jusqu’à la fin des élections.

Les rythmes scolaires en sursis

Très critiquée depuis sa mise en place, la réforme des rythmes scolaires est dans le collimateur des deux candidats. La présidente du FN a ainsi indiqué souhaiter l’abroger si elle était élue. Pour elle, « modifier les rythmes scolaires – surtout pour faire du macramé ou des jeux de ballon – en laissant aux municipalités le soin de la financer alors qu’elles sont dans des situations très difficiles, c’est une absurdité ».

Emmanuel Macron sur le plateau de TF1 © @TF1LeJT

Emmanuel Macron sur le plateau de TF1 © @TF1LeJT

Emmanuel Macron a également un regard très critique vis-à-vis des 4,5 jours de cours par semaine. « Aujourd’hui, on a des communes qui sont dans l’impasse, financièrement et en terme d’organisation. Je suis pour le pragmatisme. Les départements et les communes sont le lieu d’organisation de tout cela, je suis pour laisser la liberté de sortir du dispositif quand il est considéré comme inefficace et non pertinent », explique-t-il ainsi.

Selon La Croix, le candidat d’En Marche ne compte « trancher » sur le sujet qu’en 2019, et ne prévoit pas d’abroger la réforme. Mais dans son programme, il souhaite en tout cas accorder une « autonomie pédagogique » aux écoles, qui auraient la possibilité « d’organiser le temps périscolaire sans contrainte ».

La réforme du collège abrogée, ou détricotée ?

Hénin-Beaumont - Marine Le Pen au Parlement des Invisibles le dimanche 15 avril 2012 / Wikimedia / Licence CC

Hénin-Beaumont – Marine Le Pen au Parlement des Invisibles le dimanche 15 avril 2012 / Wikimedia / Licence CC

Critiquée par nombre d’enseignants, la réforme du collège est dans le viseur d’Emmanuel Macron et de Marine Le Pen. Pour la candidate du Front National, il s’agit d’une « catastrophe pédagogique, qui hypothèque l’avenir de nos enfants », en « diminuant massivement les heures de cours consacrés aux enseignements disciplinaires ».

Opposée aux EPI (enseignements pratiques interdisciplinaires), qui « empiètent sur les fondamentaux », mais aussi à la « suppression en douce du latin » et à la « disparition dissimulée » des classes européennes et bilangues, elle propose de « supprimer le principe d’interdisciplinarité », de « redistribuer les heures au profit des fondamentaux », de « promouvoir et de soutenir » les « sections langues »… et de supprimer le collège unique, qui selon elle « n’a d’égalitaire que le nom ».

De son côté, Emmanuel Macron souhaite « renforcer et encourager l’autonomie des établissements pour favoriser l’adaptation aux besoins de leurs élèves et aux situations locales et stimuler l’innovation ». Il nous a ainsi expliqué lors d’une récente interview que « les équipes pédagogiques qui le souhaitent » pourront « proposer à nouveau » des classes bilangues en 6e, des sections européennes, et « rétablir pleinement » l’enseignement des langues anciennes. Pas question de revenir directement sur la réforme, donc, mais un moyen de la détricoter tout de même.

Des réformes difficiles à annuler dans l’immédiat

Reste la faisabilité de ce que proposent les candidats. Selon Christian Chevalier, du SE-Unsa, il serait possible de « prendre un décret dès juin pour décider, par exemple, de supprimer les activités périscolaires » et ainsi revenir sur la réforme des rythmes scolaires, « Mais, politiquement, ce serait risqué, car il faudrait dire aux parents de s’organiser pour venir chercher leurs enfants plus tôt à l’école et supprimer des postes d’animateurs ».

Concernant le collège, il risque aussi d’être difficile de revenir dessus dans l’immédiat. « Supprimer les EPI aurait une incidence sur les emplois du temps des enseignants. Ce n’est pas jouable », explique C. Chevalier.

Pour Claude Lelièvre, historien de l’éducation, les enseignants « non favorables » aux EPI pourraient toutefois « profiter d’une remise en cause de la réforme pour mettre la pédale douce sur ce dispositif, car ils n’en craindront pas les conséquences ». Comme l’indique Christian Chevalier, « si le futur ministre de l’Education décide de revenir sur tout ou partie de la réforme, cela peut avoir un effet psychologique fort sur les enseignants et casser la dynamique ».