
Georges Fotinos
Georges Fotinos, docteur en géographie et ancien inspecteur d’académie, spécialiste des questions sur le climat scolaire, chargé de mission d’inspection générale, a conduit une nouvelle étude portant sur le moral des personnels de direction pour l’année scolaire 2015-2016, en collaboration avec José Mario Horenstein, médecin psychiatre, spécialiste de l’Éducation nationale. Cette étude est parrainée par la CASDEN et a deux objectifs : mieux connaître la situation de « mal être » et le « mal compris » ressentis par les personnels de direction et proposer des pistes d’action.
Première enquête de cette ampleur
Elle a été réalisée en février dernier auprès de 3000 chefs d’établissement et adjoints, et elle est la première enquête de cette ampleur. Elle touche en effet 22,5% des chefs d’établissement, leur nombre total s’élevant à 13 360.
Elle fait suite à une première enquête réalisée en 2007 sur le même sujet, et s’inscrit dans la continuité d’une première enquête sur le climat scolaire de 2003, qui comportait déjà des items concernant les personnels de direction des établissements scolaires (ou perdir).
Les résultats de l’enquête 2017 peuvent ainsi être mis en parallèle avec ceux des années précédentes, ce qui s’avère particulièrement éclairant.
A noter, les résultats de l’enquête 2017 portant sur les agressions, sont eux mis en regard d’une enquête conduite en 2010 intitulée « Violence et climat scolaire dans les établissements du second degré en France« .
L’étude ne sera publiée, avec des commentaires, qu’en septembre prochain, mais Georges Fotinos en présentait ce matin, lors d’une conférence de presse, les premiers résultats.
Des résultats positifs…

Photo : iStockPhoto
81% des perdir s’estiment satisfaits de l’intérêt de leur travail et il est à noter que ce chiffre n’a pas évolué depuis 2003. Par ailleurs, 83% d’entre eux trouvent du sens dans le travail réalisé, et 70% estiment les caractéristiques de leur métier très motivantes.
94% d’entre eux jugent avoir la considération des élèves et 81, 5 % ont un sentiment de soutien des collègues en cas de difficulté.
mais aussi des points noirs !
34,75% des perdir estiment que la qualité des relations avec les parents s’est dégradée – ils étaient 12,47% à la penser en 2003, et seuls 18% jugent qu’elle s’est améliorée, contre 51% en 2003 !
84,5% estiment que les décisions sont prises d’en haut, ils étaient respectivement 43% en 2003, et 61% en 2007 à le penser.
Ils sont par ailleurs 84,5% à juger qu’il y a trop de réorganisations du système éducatif, en 2003, ils étaient 57% à le penser, et en 2007, près de 75%. Ils pensent aussi à 34,4% que la réussite scolaire s’est dégradée, en 2003, ils n’étaient que 9,3% et en 2007, près de 29%.
En 2003, ils jugeaient que la réussite scolaire s’était améliorée à 40,7%, en 2007 à 23%, et en 2017, ils ne sont plus que 18% à le penser.
Les perdir sont par ailleurs fatigués : 1 perdir sur 4 est en épuisement professionnel -tout comme les inspecteurs de l’Education nationale -et 14,5% d’entre eux sont en burn-out clinique.
Enfin, gros point noir, les agressions de perdir dans le second degré : en 2017, 50% d’entre eux ont été insultés au cours de l’année scolaire écoulée. Ils étaient 39,5% en 2010. En 2017, 13% d’entre eux ont été bousculés, ils étaient 5% en 2010. Ils étaient 1% à avoir été frappés en 2010, ils sont 3,4% en 2017. Enfin, ils sont 23% à avoir été harcelés. Ils étaient 12% en 2010.
Cette enquête met-elle sur le même plan directeurs d’école et perdirs du secondaire ? Les conditions de travail ne sont pas du tout les mêmes, en premier lieu parce que les directeurs ne sont pas chefs d’établissement, ont quasiment tous la charge d’une classe au quotidien et sont seuls face aux tâches administratives.
Seuls les chefs d’etablissement fu 2nd degre ont le statut de personnels de direction (concours et changement de corps) et les responsabilites juridiques qui vont avec, presidant un conseil d’administration, ayant la charge d’ordonnateur co responsable avec l’agent comptable, bref a la tete d’un EPLE representant de l’etat…le travail n’a rien de commun et ne se compare en rien sans que l’un ou l’autre en soit valorise ou diminue…votre remarque montre combien il reste a faire pour se connaitre et explique la deconvenue/les manques de reperes (et parfois les grandes difficultes des 1eres annees d’exercice ) des directeurs du 1er degre passant le concours de perdir lorsqu’ils sont sur le terrain de l’EPLE…. perdir en college et lycee depuis 22 ans dans 4 academies, tuteur depuis 8 ans, j’ai cette experience qui rend inquiet et confiant alternativement sur la question!
Après l’enquête sur les IPR, celle sur les chefs d’établissements.
Et à quand une enquête sérieuse aussi pour parler du moral des enseignants qui sont face à des élèves de plus en plus difficiles ? Qu’on ne me rétorque pas que nous étions les mêmes : la société a évolué et la jeunesse aussi, plus exigeante, plus encline à la contestation, à la revendication, à la critique – des qualités sûrement – mais enfants rois auxquels on doit tout et plus, mais de moins en moins attentifs et pas pour autant plus travailleurs- plutôt moins d’ailleurs !
Enseignants qui subissent aussi de plein fouet les réorganisations successives et répétées du système éducatif, qu’ils doivent coûte que coûte mettre en place sans préparation réelle ?
Enseignants en 1ére ligne pour essuyer les insultes et les violences verbales et/ou physiques des élèves et parfois des parents, le harcèlement parfois des CE (en burn out peut-être) qui comptent sur nous pour faire tourner la baraque et sont prêts à toutes les mesquineries pour obtenir la paix sociale dans leur établissement et la reconnaissance de leur hierarchie pour avoir réussi à nous faire avaler (de travers) la pilule !
Nous avons peut-être ce que nous méritons, faute de nous battre sur le terrain de façon efficace avec nos syndicats (pas toujours très pugnaces certes, mais auxquels nous devons qd même bcp de nos acquis, voire tous nos acquis), préférant accepter de transiger entre 4 yeux dans le bureau du chef pour gagner des emplois du temps « aménagés » ou autres petits intérêts perso (heures sup, charge de pp, par ex.).
Une vision triste et désabusée en cette veille de 2ème tour des présidentielles, ceci explique peut-être cela et inversement !!
« …tous la charge d’une classe au quotidien et sont seuls face aux tâches administratives. »
… et celles, encore plus importantes, du pilotage de l’équipe pédagogique, des relations avec les acteurs locaux et de la responsabilité entière des personnes et des biens.
sans parler des problèmes des directeurs d’école face aux enseignants! et non les relations ne sont pas toujours roses! Des enseignants jaloux mais qui ne veulent pas être directeur, des enseignants qui aiment semer la pagaille pour le plaisir et qui détruisent psychologiquement des directeur saturé de travail (entre classe et administration), des équipes pédagogiques qui jouent avec le fait qu’un directeur n’est pas leur leur chef, et que l’IEN (qui est leur supérieur hiérarchique) est loin des yeux….des enseignants qui veulent être mis en avant mais sans prendre de groupe de travail en charge, des équipes pédagogiques affectées avec flou & artistique! Sans que le directeur ne connaisse leurs antécédents (et donc comment les gérer….) et se retrouve face à des parents accusateurs qui ont « découverts » des choses!
A quand l’enquête sur les directeurs d’école et leur potentiel statut de chef d’établissement?
Bonjour, je découvre cette enquête et vos réponses.Nous n’aurons jamais le statut des personnels de direction, nous pauvres directeurs d’école.Cela coûterait trop cher à l’état et les syndicats sont contre, sauf le sne peut-être.En tous cas, on observe que dans les systèmes éducatifs qui fonctionnent bien, le directeur d’école est le chef.La solution pour nous: passer le concours de perdir ou se satisfaire d’un à peu près et risquer la démotivation à terme.Enfin, nous sommes bien seuls dans nos écoles de 400 élèves pris en étau entre les élèves, les parents, les collègues pas toujours bienveillants enclins à l’immobilisme et l’institution qui vient sans état d’âme de supprimer les 23000 evs , aide administrative à la direction d’école et relègue ainsi le directeur à des rôles subalternes une multitude de microtâches qui l’éloignent de ses missions véritables.