Emmanuel MacronArrivé en tête du premier tour des élections présidentielles le 23 avril avec 24 % des voix, Emmanuel Macron propose un programme dense. L’éducation y joue un rôle central. Lors du dernier débat télévisé avant le premier tour, le 21 avril, il y avait d’ailleurs consacré sa « carte blanche ».

Dans la partie  “éducation” de son programme, on retrouve des propositions qu’il avait déjà formulées, ainsi que de nouvelles mesures qui égratignent la réforme du collège.

Emmanuel Macron avait répondu à nos questions le 2 mars dernier pour faire le tour de son programme pour l’enseignement scolaire.

Priorité au primaire

Le fondateur d’En Marche veut donner à tous les enfants “les mêmes chances”. Pour cela, il propose de donner la priorité au primaire et à l’acquisition des fondamentaux en maternelle et à l’élémentaire, “afin que tous sachent lire, écrire et compter” en 6e. “Un accompagnement renforcé et une individualisation des apprentissages, dès la maternelle”, devraient “donner à chacun la possibilité de réussir”, ajoute-t-il.

Emmanuel Macron propose aussi, comme il l’avait déjà annoncé, de “diviser par deux” les effectifs des classes de CP et de CE1 en REP et REP+. Il s’agit, estime-t-il, de la “mesure la plus importante prise en faveur” de l’éducation prioritaire, “depuis la création des ZEP, en 1981”.

12.000 profs des écoles “porteront ce projet”. Pour cela, il prévoit de “réorienter” entre 6000 et 10.000 postes, sur les 60.000 créés au cours du quinquennat Hollande… et de créer entre 4000 et 5000 postes. Les enseignants de ce dispositif “recevront une prime annuelle” de 3000 euros nets. Ce seront aussi des profs “expérimentés”, indique E. Macron. Ainsi, d’ici 2022, ceux affectés en zone prioritaire auront “au moins 3 ans” d’ancienneté.

A noter que face à la “déperdition des savoirs scolaires”, Emmanuel Macron prévoit de proposer aux élèves, entre le CP et le CM2, des “stages de remise à niveau” en fin d’été. Pour l’instant, ils ne sont proposés qu’à partir du CM1.

Le retour des études dirigées, du latin et des classes bilangues au collège

Considérant que le collège “échoue” à “corriger les inégalités” apparues dès le primaire, et que “de trop nombreux jeunes” quittent le secondaire sans diplôme, Emmanuel Macron propose de renforcer l’accompagnement et les dispositifs d’orientation, au collège et au lycée.

Il souhaite aussi mettre en place un “accompagnement” après la classe. Au collège, seront rétablies les “études dirigées” (abandonnées en 2015, hors zones prioritaires), grâce à des “bénévoles” – retraités et étudiants, qui auraient “un trimestre dédié” à cette activité dans leurs parcours.

Emmanuel Macron / Gouvernement français / Wikimedia / Licence CC

Emmanuel Macron / Gouvernement français / Wikimedia / Licence CC

Emmanuel Macron défend une “plus grande autonomie” des établissements scolaires. Il note que “les chefs d’établissement et les équipes pédagogiques bénéficient de peu de latitude pour individualiser les parcours et s’adapter au contexte local”.

Cette autonomie signifiera, pour les écoles primaires, la possibilité “d’organiser le temps périscolaire sans contrainte”. Les communes pourront sortir de la réforme des rythmes scolaires (2013). De leur côté, les collèges pourront rétablir les classes bilangues en 6e, ainsi que les sections européennes, et instituer un “véritable enseignement du grec et du latin”.

Un baccalauréat “revu” dans sa forme

Au lycée, E. Macron propose de “revoir la forme du baccalauréat”, afin de” rendre possible de nouvelles formes d’organisation du temps scolaire et de nouveaux parcours”, qui “prépareront mieux” à la poursuite d’études et à l’insertion professionnelle. “Modernisé”, le Bac comporterait “4 matières obligatoires” à l’examen final. Les autres disciplines seraient validées par un contrôle continu.

Le candidat à l’élection présidentielle prévoit aussi de développer l’alternance et l’apprentissage, en faisant un “effort massif”, qui passera par le développement des “périodes de pré-apprentissage” et par les “filières en alternance dans tous les lycées professionnels”.

“Mieux accompagner les enseignants”, dès leurs débuts

“Les enseignants se sentent insuffisamment préparés, débutent souvent dans des établissements difficiles et souffrent d’un manque de confiance”, écrit E. Macron. Il propose de “mieux les accompagner”, dès leur entrée dans le métier – et s’engage par exemple à “ne plus affecter aucun professeur, hors choix motivé”, en zone prioritaire, pendant ses 3 premières années d’enseignement.

Concernant la formation, E. Macron souhaite “étendre la formation” en alternance, dès la licence, pour les aspirants enseignants. Il veut créer “une formation ambitieuse” et “de grande qualité”, notamment en permettant à chaque prof, du premier comme du second degré, de bénéficier (au moins) de “3 jours de formation continue”, adaptés aux besoins “rencontrés dans la classe”.

“Renforcer la relation avec les parents”

Enfin, Emmanuel Macron veut “ouvrir l’école” aux parents, aux bénévoles et aux associations, afin que cette dernière ne soit plus “perçue comme une boîte noire”.

Pour favoriser les échanges avec les familles, il propose de généraliser la “mallette des parents”. Expérimentée depuis 2008 dans l’académie de Créteil, elle contient des outils que les équipes éducatives utilisent pour animer la discussion avec les familles lors d’ateliers-débats. “Cette initiative facile à mettre en place – trois réunions annuelles – permet de renforcer la place des parents et a une influence positive sur les résultats scolaires et le comportement des élèves”, écrit le leader du mouvement En Marche.

Concernant le monde associatif, Emmanuel Macron prévoit de mobiliser, en maternelle, des jeunes du service civique, ainsi que des bénévoles, pour appuyer les enseignants, “particulièrement pour la maîtrise du langage”.