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Publiée en mars 2017 par le conseil scientifique de la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE), une étude pointe du doigt l’utilisation abusive de l’exclusion temporaire au collège.
Avant de mener son enquête (auprès de 76 collèges publics franciliens, parmi lesquels 28 REP et REP+), Benjamin Moignard, maître de conférence en sociologie à l’Université Paris-Est Créteil, constatait que dans « plusieurs établissements » de la région parisienne, l’exclusion temporaire était « massivement utilisée, sans toujours que les personnels qui décident d’en faire usage mesurent ses proportions ».
Selon le décret du 24 juin 2011 relatif à « la discipline dans les établissements d’enseignement du second degré », cette sanction est considérée comme « lourde », et est donc censée être exceptionnelle. En effet, écrit Benjamin Moignard, elle se distingue « des exclusions de classe perçues comme moins dures, puisque l’élève reste physiquement dans l’établissement, au contraire des exclusions temporaires ».
Selon l’étude, entre 2 et 3 élèves sont exclus chaque jour de l’année, parmi les collèges observés. « Cet usage routinier » et « massif » de l’exclusion temporaire est « non seulement inefficace, » mais aussi « dans certains cas, contre-productif » – surtout quand elle est utilisée de manière « intensive », sans « encadrement effectif », indique Benjamin Moignard.
Ainsi, « plusieurs travaux font la démonstration d’une aggravation du décrochage pour les élèves les plus fragiles, et d’autres rappellent les conséquences négatives en termes de résultats scolaires pour l’ensemble des élèves d’un établissement qui pratique fortement cette sanction », note le sociologue.
« Peut-on se satisfaire d’une forme de déscolarisation instituée ? »

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Alors qu’un élève exclu 3 jours « doit avoir accès aux cours qu’il manque pendant
cette période, ce n’est quasiment jamais le cas, parce que c’est très lourd à organiser au fur et à mesure que le nombre d’élèves mis à l’écart est important », indique Benjamin Moignard à l’hebdomadaire Marianne.
Dans 74% des cas, révèle l’étude, les exclusions temporaires correspondent à « des formes d’insolence relativement mineures », des retards ou des absences – « alors que les formes les plus dures », notamment les violences physiques envers des élèves ou un enseignant, « sont minoritaires » (11%).
Selon Benjamin Moignard, si l’exclusion temporaire est souvent utilisée, c’est parce qu’il s’agit de « la mesure la moins contraignante aujourd’hui pour gérer une réalité complexe ». Elle est ainsi soumise à un « contrôle relatif de la hiérarchie académique »… Et apporte, à un collège possédant « un nombre d’élèves si importants qu’il interdit toute prise en charge », des « solutions concrètes et immédiates à la gestion des comportements perturbateurs ou considérés comme incompatibles avec le cadre scolaire ». Mais, questionne le sociologue dans son étude, « peut-on se satisfaire d’une forme de déscolarisation instituée, à une époque où la demande d’école ne se dément pas ? »
« L’exclusion temporaire ne peut être pertinente et efficace que si elle permet un encadrement éducatif aux élèves. Dans le cas contraire, elle ne fait qu’encourager l’absentéisme et le rejet de l’école par les élèves », conclut le chercheur dans Marianne.
Il serait bon d’envoyer ces sociologues, ces pédagogues, ces neuros scientifiques, ces historiens de l’éducation, Belkacem, Robin et tous ces autres pseudos-spécialistes de l’éducation dans une classe faire un petit stage pour parfaire et approfondir leurs pseudos-études délirantes.
En 20 ans de carrière j’ai jamais vu un élève exclu pour une broutille. Toute cette étude vise à accroître le laxisme qui pourtant est déjà de plus en plus criant dans nos écoles.
Je propose que l’auteur vienne me remplacer, je suis prof de maths, on pourrait voir ensemble ce qu’est une démonstration et une preuve scientifique en tout cas sans doute pas tout ce tissu d’inepties…
Je veux bien que l’auteur vienne aussi me remplacer, je suis directrice de SEGPA.
L’exclusion est un signe d’échec, nous le savons bien. Elle est utilisée parce qu’elle permet de respirer et de travailler avec les autres élèves. Les élèves exclus ont en général des besoins qu’un enseignant seul avec environ 25 élèves ne peut absolument pas prendre en compte. L’enseignant essaie, essaie, essaie, découvre qu’il lui manque des années de formation en psychiatrie / éducation spécialisée selon les cas, et que de toutes façons les psychiatres ou les éducateurs spécialisés ne travaillent pas à un professionnel pour 25 personnes pendant une heure, et qu’il y a une raison à ça. Alors on exclut temporairement. Il y a une autre solution, mais elle plutôt rare, ce qui ne laisse pas d’étonner quand on voit ce qui se passe sur le terrain, même en sachant que cette rareté tient au sentiment de responsabilité de l’enseignant : l’enseignant s’exclut lui-même, sous des formes diverses, plus ou moins longtemps (absentéisme, retards, dépression, indifférence aux demandes de l’institution, discussions et jeux avec les élèves au lieu de faire cours … comme les élèves quoi).
Bonjour je suis cpe en collège depuis 15 ans. Oui l exclusion temporaire n est pas la solution, non elle ne sanctionne pas des broutilles mais bien des faits graves. Les éducateurs que nous sommes n avons pas les moyens nécessaires à l accompagnement d une sanction dite éducative. C est là que les parents entrent en jeu. Dès lors que l élève est exclu il doit être pris en charge par sa famille. La co éducation est essentielle pour que la sanction devienne éducative.
« En 20 ans de carrière j’ai jamais vu un élève exclu pour une broutille ». En tant que membre de commission académique d’appel en matière disciplinaire, j’aimerais pouvoir en dire autant. Non Florent, les exclusions temporaires ou définitives pour des broutilles ne sont pas une vue de l’esprit. Si elles sont loin d’être majoritaires, elles ne sont pas non plus exceptionnelles.
Les élèves ne sont pas exclus pour des broutilles, c’est vrai. Mais cela ne résout pour autant pas les problèmes. Nous devons trouver des idées pour que l’élève se sente suffisamment appartenir au groupe pour en respecter les règles. La clé de la réussite passe par une réflexion sur le sujet.
Cher Florent,
Sociologues, philosophes, pédagogues, scientifiques, pédopsychiatres, nous éclairent et nous guident dans nos pratiques quotidiennes, ce n’est pas parce que nous sommes sur le terrain que nous détenons la vérité et nos émotions parfois parasitent notre action ou nos réactions.
L’école doit être bienveillante, sans être laxiste, exercice difficile qui nécessite de s’entendre sur les notions de bienveillance et de laxisme.
Au risque de vous froisser, j’affirme que oui, l’exclusion temporaire aggrave le décrochage des élèves les plus fragiles, c’est incontestable et quotidiennement vérifiable.
Oui, certaines exclusions sont parfois prononcées pour des broutilles, mais il faut aussi s’entendre sur le mot broutille. Un élève qui répond à son enseignant « je m’en bats les couilles », expression assez fréquente dans certains quartiers, sera selon le lieu et les personnes, fermement recadré par l’enseignant, exclu de cours, exclu temporairement ou convoqué devant le conseil de discipline. Broutille ou fait grave ???
Notons que des broutilles sans cesse répétées finissent par devenir insupportables pour la classe comme pour l’enseignant.
Non, l’exclusion temporaire n’est pas une solution aux difficultés comportementales des élèves, tous les professionnels de l’éducation le savent bien, c’est juste une soupape pour les enseignants et/ou pour la classe.
Mais alors, que faire des élèves dont le comportement empêche le bon déroulement des cours ?
Si les vertus éducatives de l’exclusion sont très discutables, celle-ci peut être assimilable à la méthode du hors jeu de Fitzhugh Dodson, mais sous réserve d’un dialogue avec l’adolescent.
La difficulté de notre école, encore très normative, dans une société devenue de plus en plus permissive, touchée par une crise de l’autorité est aggravée par le manque de formation des enseignants, qui sont souvent d’anciens très bons élèves, totalement déconcertés par un public dont certains n’imaginaient même pas l’existence.
N’oublions pas que ces élèves difficiles ne sont que des enfants, ils sont davantage victimes que coupables de leurs petites ou grandes incivilités, leur plus grande peine sera leur échec scolaire et leur future exclusion sociale.
Enseignant pendant une vingtaine d’année, devenu personnel de direction depuis 20 ans, en collège ZEP, puis en LP ECLAIR et maintenant en LGT, j’ai prononcé des centaines d’exclusions temporaires, avec toujours le même sentiment d’échec, un peu comme un médecin qui voit mourir son patient après avoir tout tenté pour le sauver.
N’abusons pas de l’exclusion, qui doit rester le plus souvent possible internée, mais il faut pour cela des personnels, si possibles bien formés et pas seulement des AED pour faire de la garderie et prendre le risque de revivre les mêmes incidents qui ont conduit l’élève à l’exclusion.
Nous devons également accepter l’idée de ne pouvoir compter sur certains parents, pour des raisons diverses. Ce sont les enfants des parents les plus « défaillants » qui ont le plus besoin de l’école et donc besoin de nous.
La fierté de l’institution n’est pas de conduire les bons élèves à l’université ou en classes préparatoires mais de faire réussir, parfois malgré eux, les élèves en difficultés, scolaires ou comportementales, qui sont souvent des enfants de pauvres ou d’immigrés.
Chers collègues enseignants, CPE ou directeurs de SEGPA, relisez Pennac !
« Les professeurs qui m’ont sauvé et qui ont fait de moi un professeur n’étaient pas formés pour ça. Ils ne se sont pas préoccupés des origines de mon infirmité scolaire. Ils n’ont pas perdu de temps à en chercher les causes et pas davantage à me sermonner. Ils étaient des adultes confrontés à des adolescents en péril. Ils se sont dit qu’il y avait urgence. Ils ont plongé. Ils m’ont raté. Ils ont plongé de nouveau, jour après jour, encore et encore… Ils ont fini par me sortir de là. Et beaucoup d’autres avec moi. Ils nous ont littéralement repêchés. Nous leur devons la vie. »
(Chagrin d’école – Daniel Pennac)
La commission académique d’appel en matière disciplinaire est appelée à statuer sur des appels effectués par les familles suite à un conseil de discipline. Et en général, un élève passe en conseil de discipline pour des faits graves et non pour des broutilles. Les décisions d’un conseil de discipline sont rarement, pour ne pas dire jamais, contestées sur le fond mais sur la forme : motivation insuffisamment caractérisée juridiquement, non respect des procédures…
Exclure un élève n’est jamais un acte anodin, tous les éducateurs en ont conscience mais quelques fois l’exclusion constitue la seule réponse qui peut prendre encore un sens pour l’élève et même pour la famille. Elle devient éducative lorsqu’elle favorise un travail réflexif de l’élève et évite la récidive .
On ne saurait exclure d’exclure les élèves par principe, ce serait un non sens. Par contre, l’exclusion temporaire, pour qu’elle se révèle efficace doit être porteuse de sens pour l’élève, sa famille et pour l’établissement. Elle doit donc être explicitée et explicite juste, proportionnelle et individuelle. Et il faut un avant, un pendant un après l’exclusion temporaire. Ces trois temporalités doivent être pensées en amont par l’établissement. Et cela au-delà de la simple application du règlement intérieur.
C’est exact pour ce qui concerne les exclusions définitives, heureusement rares et seulement dans des cas très graves. L’étude évoque les exclusions temporaires qui peuvent être prononcées par le chef d’établissement pour une durée d’une journée à une semaine. Ce sont ces exclusions temporaires qui sont extrêmement fréquentes dans les établissements secondaires.
Bonjour, mon fils a été exclu pour des faits qu’il n’a pas commis. Pire, il a subi un acte de violence de la part du personnel et si je n’avais pas demandé enquête par la police la lumière n’aurait pas été établie. J’ai fait appel de la décision et la réintégration a été possible mais l’administration n’a pas reconnu l’innocence de mon fils. L’utilisation de l’exclusion pose beaucoup de questions : son utilité, pourquoi y a t on recours et surtout lorsque c’est abusif et faux pourquoi utiliser cette instance ?