Langues de la France métropolitaine / Wikimedia Commons / Licence CC

Langues de la France métropolitaine / Wikimedia Commons / Licence CC

Manuel Valls l’avait annoncé en juillet 2016 lors d’un déplacement en Corse. A la rentrée 2018, sera créée l’agrégation des “langues de France”. Selon un arrêté paru le 23 mars au Journal Officiel, ce concours sera proposé dans les options breton, corse et occitan – puis s’y ajouteront le basque et le catalan (2019) et le créole et le tahitien (2020).

Ces langues régionales (“historiques” et d’outre-mer) étaient déjà “offertes à recrutement par la voie du CAPES”, indique le ministère de l’Education nationale, mais la création d’une agrégation “constitue une avancée majeure dans leur reconnaissance”, telle que “voulue par la refondation de l’école”.

« Les langues régionales à égalité avec les autres »

Les défenseurs des langues régionales se réjouissent de cette mesure, même s’ils restent sur leurs gardes. “C’est une bonne chose de mettre les langues régionales sur un pied d’égalité avec les autres, même si cette mesure ne va pas révolutionner leur enseignement”, indique ainsi Tangi Louarn, président de la coordination culturelle bretonne Kevre Breizh, à La Croix. Et de se prononcer pour “une politique beaucoup plus volontariste, permettant de redonner au breton une véritable place dans la société”.

Même son de cloche chez Micheli Leccia, du collectif “Parlemu Corsu”, qui fait la promotion de la langue corse : pour lui, “ce n’est pas comme cela qu’on va sauver notre langue et la répandre”, mais en développant davantage la formation des enseignants du primaire. Cette dernière a été mise en place en 2017 dans le cadre de la loi de la refondation de l’école, mais “on manque de formateurs”, constate Micheli Leccia.

Drapeaux de la Corse, de La Réunion, de la Guyane, de l'Occitanie, de la Polynésie Française, et du Pays Basque / Wikimedia Commons / Licence CC

Drapeaux de la Corse, de La Réunion, de la Guyane, de l’Occitanie, de la Polynésie Française et du Pays Basque / Wikimedia Commons / Licence CC

En outre, remarque La Croix, même si l’engouement pour les langues régionales est en hausse (l’enseignement du breton progresse de 5% par an, plus de la moitié des écoles primaires du Pays-Basque proposent un enseignement bilingue), cette agrégation ne devrait concerner que peu d’enseignants. “On ne sait pas combien de postes seront ouverts à ces nouveaux concours, mais ceux proposés jusque-là au Capes se comptent sur les doigts d’une main : en 2017, il y en a eu 5 pour l’occitan et le créole, 3 pour le breton, 2 pour le catalan et le basque, et un seul pour le corse”, écrit le quotidien.

« Une reconnaissance symbolique »

Professeure de langue et littérature occitane à l’Université Montpellier III, et secrétaire de la FELCO (Fédération des Enseignants de Langue et Culture d’Oc), Marie-Jeanne Verny se déclare en tout cas satisfaite. “Nous revendiquions cette agrégation depuis la création du Capes d’occitan en 1993. Nous attendions que nos collègues aient une perspective de développement de carrière identique à celle des autres enseignants de secondaire. Nous sommes désormais une matière comme les autres au lycée et au collège”, indique-t-elle au micro de France Bleu Vaucluse.

Pour Marie-Jeanne Verny, la création de l’agrégation des “langues de France” permettra aux enseignants de bénéficier de moins d’heures de cours, et d’un salaire plus avantageux, et elle est surtout une “reconnaissance symbolique”. La secrétaire du FELCO se félicite que “l’occitan soit désormais valorisé et appris à l’école”, et rêve d’une “reprise d’activité de cette langue”.