Sylvie Bonnet, présidente de l'UPS

Sylvie Bonnet, présidente de l’UPS

L’Union des Professeurs de classes préparatoires Scientifiques (UPS) a récemment adressé un communiqué de presse aux politiques dans lequel elle salue le vote de l’Assemblée nationale pour la résolution « la République a besoin de savants ». En quoi consiste concrètement cette résolution ?

En effet, ce communiqué de presse était une façon de saluer le vote par l’Assemblée nationale de la résolution ‘la République a besoin de savants’. Comme il s’agit d’une fin de mandat, nous aimerions que ce vote soit repris par la prochaine assemblée.
Cette résolution ‘la République a besoin de savants’ est un texte qui pose quelques principes devant servir de cadre aux futurs textes de loi votés par l’Assemblée. Dorénavant, quand le gouvernement écrira un texte de loi impliquant le domaine scientifique, il devra alors s’appuyer sur des principes fixés dans le cadre de cette résolution. Par exemple, s’assurer du soutien de la communauté scientifique vis-à-vis des textes de loi ou de l’avis des organismes d’évaluation… des choses qui n’ont pas toujours été faites par le passé et en particulier dans le domaine de l’enseignement. Il y a eu, par exemple, des recommandations de l’académie des sciences qui n’ont pas été suivies par le ministère de l’Education nationale concernant l’enseignement de cette discipline. Je pense notamment à la place de l’informatique ou à la récente réforme de l’enseignement des sciences au lycée. C’est pourquoi nous pensons que cette résolution est un bon signe à condition qu’elle ne soit pas enterrée par la prochaine assemblée…

Justement, suite au vote de la résolution ‘la République a besoin de savants’, y a-t-il des chances pour que le prochain gouvernement continue dans cette lancée et fasse des sciences une priorité en France ?

Cette quasi-unanimité du vote de la résolution représente un espoir pour l’avenir de cette discipline et laisse espérer que notre prochain gouvernement fera de la question des sciences une priorité pour le pays. Mais après cela va vraiment dépendre de la majorité parlementaire qui se dégagera à la prochaine élection et de ce qu’elle va juger comme prioritaire. Pour l’instant, la campagne électorale est difficile à déchiffrer pour tous les domaines, et en particulier celui de l’éducation. Néanmoins, le vote de la résolution ‘la République a besoin de savants’ est un réel point fort pour les sciences mais il faudra que les futurs députés l’applique. Nous avons confiance !

chercheur laboratoire science

(© kasto – Fotolia.com)

La France a-t-elle, selon vous, un rôle de leader dans le domaine scientifique ?

Pour l’instant, oui, elle fait partie des grandes puissances scientifiques. Ce qui prouve qu’on a su former des élites dans le monde de la recherche, par exemple. Il faut néanmoins que le prochain gouvernement redonne un peu d’air au domaine scientifique français. Actuellement, on redoute beaucoup le manque de moyen attribué à la recherche. La France doit arriver à un niveau d’investissement dans ce domaine qui soit au moins équivalent à ceux des autres pays leaders. Sinon, il sera difficile de conserver notre place de favori…

Notre pays excelle également dans le domaine des mathématiques. Les recruteurs viennent principalement chercher les mathématiciens français pour développer le monde du numérique. Nous avons aussi des ingénieurs très recherchés à l’international. Grâce à leur formation, ils ont la réputation de savoir se débrouiller dans des situations de crises, face à des problèmes nouveaux.

Que demandez-vous concrètement au prochain gouvernement pour faire avancer les sciences ?

L’UPS souhaite que le prochain gouvernement mette en place immédiatement une grande réflexion sur les objectifs de formations scientifiques. Dans cette logique, nous réclamons la réécriture des programmes de mathématiques et de sciences physiques au lycée ainsi que la reconnaissance de l’informatique comme une véritable discipline.
Par ailleurs, il faut savoir que la première rencontre de l’enfant avec les chiffres et les opérations se fait à l’école primaire. Il paraît donc indispensable de revoir la formation des professeurs des écoles dans le domaine scientifique. Il faut qu’elle soit de meilleure qualité. Enfin, nous demandons aussi que le prochain gouvernement soutienne la recherche scientifique en lui donnant davantage de moyens.

march-22-04L’UPS s’associera le 22 avril prochain à la « Marche pour les Sciences ».  En quoi cet évènement consiste-t-il ?

Ce sera une mobilisation internationale : les scientifiques marcheront le 22 avril 2017 pour les sciences. Elle donnera lieu à des défilés partout dans le monde. Plus de 100 pays vont y participer ! Initiée en réponse aux multiples positions antisciences du nouveau président des Etats-Unis, cette marche a pour objectif de défendre l’indépendance et la liberté des sciences à l’échelle mondiale. En France, la question du changement climatique est trop peu présente dans les débats de la campagne présidentielle alors que les discours politiques construits sur des affirmations idéologiques, voire sur des contrevérités, sont quotidiens. Il faut réagir ! C’est pourquoi, le 22 avril prochain, soit la veille du premier tour de l’élection présidentielle, nous montrerons le soutien et l’attachement des citoyens aux principes d’indépendance de la recherche, nous défendrons la construction des savoirs face aux opinions et idéologies préconçues et nous affirmerons la nécessité du dialogue entre sciences et sociétés. Cette mobilisation sera enfin l’occasion d’exiger la prise en compte du travail scientifique dans les décisions politiques.