1.800 euros d’amende ont été requis mercredi contre le maire de Béziers Robert Ménard, proche du FN, qui comparaissait devant le tribunal correctionnel de Paris pour provocation à la haine pour avoir déclaré qu’il y avait trop d’enfants musulmans dans les écoles de sa ville.

« Il n’y a dans ce dossier qu’une seule lecture. M. Ménard montre du doigt des gosses qu’il décrit comme un poids pour la communauté nationale. Il les réduit à leur religion, peu importe qu’ils aient la nationalité française ou ne pratiquent pas cette religion », a expliqué le procureur, qui a requis une peine de 60 jours amende à 30 euros (1.800 euros).

Une peine de jours amende implique que le condamné voit cette peine transformée en emprisonnement s’il ne s’acquitte pas de la totalité de l’amende.

L’avocate du prévenu a plaidé la relaxe, appelant le tribunal à ne pas prononcer « une peine de mort de la liberté de penser ». Le jugement a été mis en délibéré au 25 avril.

L’élu est poursuivi pour avoir publié sur Twitter le 1er septembre 2016 le message suivant: « #rentréedesclasses: la preuve la plus éclatante du #GrandRemplacement en cours. Il suffit de regarder d’anciennes photos de classe ». Il est également visé pour avoir déclaré sur LCI le 5 septembre: « Dans une classe de centre-ville de chez moi, 91% d’enfants musulmans. Evidemment que c’est un problème ».

La « provocation à la haine » est passible d’un an de prison et de 45.000 euros d’amende.

A l’audience, Robert Ménard a affirmé « ne pas comprendre » en quoi ses propos « posaient problème »: « Chaque fois que je m’emploie à décrire la réalité, ce n’est pas pour stigmatiser mais trouver des solutions à des questions difficiles », a-t-il expliqué, se posant en chantre de la « mixité et du vivre ensemble. »

« Je ne trouve pas souhaitable pour les enfants et leurs mamans qu’il y ait des écoles ghetto. Et pour trouver des solutions, il faut dire ce qu’il en est », a-t-il avancé, estimant qu’on lui fait « un mauvais procès ».

Interrogé par la présidente sur l’emploi de l’expression « grand remplacement » théorisée par l’écrivain d’extrême-droite Renaud Camus, pour qui il existerait un processus de substitution de population sur le territoire français, Ménard parle d’une expression « pragmatique » et « parlante ».

« C’est vrai qu’il y a 25 ans nos écoles n’étaient pas composées des mêmes enfants qu’aujourd’hui », a-t-il observé, affirmant ne pas partager cette « théorie conspirationniste ».

« Vous avez pourtant commandé à Renaud Camus un livre sur Béziers », s’est amusé le procureur. « Il écrit aussi des guides touristiques », lui a répondu M. Ménard.

La présidente lui a lu un autre tweet du 3 octobre, accompagné d’une vieille photo de classe, dans lequel il justifie ses propos: « C’est le moyen le plus simple, le plus frappant de vérifier que l’invasion migratoire n’est pas un fantasme ».

Appelé à la barre par la défense, le maire PCD (Parti chrétien démocrate) de Montfermeil Xavier Lemoine a donné raison à son collègue en parlant de « bascule démographique et culturelle » avant de détailler les pourcentages d’étrangers et de Français d’origine étrangère dans sa ville.

En mai 2005, Robert Ménard avait suscité un tollé en évoquant « 64,6% » d’élèves de confession musulmane dans les écoles de Béziers, une estimation basée sur « les chiffres de (la) mairie ». Une enquête, finalement classée sans suite, avait été ouverte pour vérifier l’existence éventuelle de fichiers illégaux à la mairie.

A l’audience, les avocats de six associations antiracistes, parties civiles, ont dénoncé « la lâcheté » du maire de Béziers qui « n’assume pas ses propos qui « alimentent la peur et le rejet de l’autre », même si « leur sens est pour tous évident ».