La dissidente et féministe turque réfugiée en France Pinar Selek a dénoncé mardi à Nice la reprise en janvier en Turquie des poursuites la visant après déjà 19 ans d’une procédure devenue « comme une torture chinoise ».
« C’est assez dur pour moi, c’est comme une torture chinoise, parce que ça dure depuis 19 ans », a déclaré la sociologue lors de la première réunion d’un nouveau comité de soutien, évoquant un procès « infâme » et « kafkaïen ».
Les démêlés de Pinar Selek avec la justice turque remonte à 1998, avant l’arrivée au pouvoir de Recep Tayyip Erdogan. A l’époque jeune chercheuse, elle a été accusée d’être impliquée dans une explosion ayant fait sept mort sur la base des aveux d’un jeune témoin qui s’est ensuite rétracté.
Selon Mme Selek, qui a été emprisonnée deux ans et demi et dit avoir été torturée, le dossier a été monté de toutes pièces pour la punir de son refus de divulguer les noms de militants kurdes interrogés pour une recherche universitaire sur le mouvement du PKK et de son refus de renoncer à publier son enquête, après d’autres travaux menés sur les maisons closes ou les transsexuels.
En 2014, Pinar Selek avait été acquittée pour la quatrième fois, mais le parquet avait fait appel. Le 25 janvier 2017, le procureur de la Cour de Cassation de Turquie a relancé les poursuites et demandé sa condamnation à perpétuité.
« On ne sait pas quand la décision sera prise. Je suis réfugiée politique et en principe, ce statut me protège mais la visibilité internationale de ce procès peut nous aider, c’est une lutte pour la justice », a exposé mardi Mme Selek qui est soutenue par le barreau de Nice et une quinzaine d’associations niçoises dont la Ligue des droits de l’homme, émue par sa situation ainsi que celle de nombreux intellectuels pourchassés en Turquie depuis le putsch raté de juillet 2016.
« Je représente tous les avocats du barreau, il y a presque de 1.200 avocats donc vous n’êtes pas seule, le barreau est là! », lui a déclaré lors de cette première réunion publique Me Jacques Randon, le bâtonnier de Nice, ville où Pinar Selek enseigne depuis septembre la science politique à l’université.
L’artiste peintre niçois, Slobodan, réputé pour ses motifs naïfs écoulés sur des milliers de cartes postales, lui a dédié une peinture tandis qu’une représentation de la pièce de théâtre « Eclats d’ombre » inspirée de l’histoire de Pinar sera donnée au Théâtre national de Nice (TNN) le 17 mars.
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