Benoît Hamon, candidat socialiste à la présidentielle, a proposé samedi d’investir un milliard d’euros par an dans la recherche et l’enseignement supérieur lors du prochain quinquennat, épinglant aussi des propositions d’Emmanuel Macron comme « irruption du libéralisme dans l’éducation ».

Interpellé plusieurs fois au cours d’une réunion publique à Reims sur ses mesures en matière d’éducation et de recherche, M. Hamon a exprimé sa volonté de « consacrer des investissements importants », à savoir « un milliard d’euros par an » pour « la recherche et l’université, ce qui sur le quinquennat fera un investissement de 5 milliards d’euros ».

« Ce n’est pas possible d’étudier dans de bonnes conditions quand on reçoit une leçon magistrale dans un amphithéâtre bondé. C’est la réalité dans de nombreuses universités et cela précipite l’échec », a souligné celui qui fut brièvement ministre de l’Education (avril-août 2014) avant son départ du gouvernement.

« Non pas que le gouvernement n’ait pas agi », a encore plaidé M. Hamon, citant « l’effort qui a été fait sur ce quinquennat en faveur des universités », « l’amélioration de l’aide sociale aux étudiants » ou « la réforme des COMUE (Communauté d’universités et d’établissements, ndlr) ». « Mais il faut aller encore plus loin », a-t-il insisté.

« La deuxième chose, c’est le statut des chercheurs, des enseignants post-doctorat, dans tous les métiers de l’université, on se rend compte qu’il y a énormément de précarité qui se ressent sur la qualité des cours », a assuré le candidat socialiste, qui veut revaloriser les carrières.

M. Hamon s’est aussi dit « frappé de voir comment la recherche publique aujourd’hui est obsédée par la recherche au financement (…) pour parfois délaisser ce qui devrait être le travail du chercheur ». Il a souhaité « donner de la stabilité et de la visibilité à la recherche publique » en gonflant substantiellement l’enveloppe allouée.

« Pour faire simple, il n’y aura pas d’alternative demain aux pesticides s’il n’y a pas de recherche pour trouver des substituts », a-t-il encore souligné, pour justifier d’en faire « la priorité absolue » s’il est élu.

M. Hamon en a profité pour décocher une flèche en direction du candidat d’En Marche! et ancien ministre de l’Economie Emmanuel Macron, qui a multiplié récemment les propositions en matière d’éducation.

« Je suis tombé de ma chaise quand j’ai appris qu’Emmanuel Macron proposait la liberté pour les écoles de fixer les rythmes scolaires et la liberté de recruter les enseignants », a grincé M. Hamon.

« Mais où croyez-vous qu’iront les meilleurs ? Là où sont déjà les meilleurs », a assuré ce député des Yvelines.

« Que croyez-vous que seront les rythmes éducatifs ? Ce sera des écoles avec chacun son rythme. Et comment organisera-t-on le service public? Cela sera l’irruption du libéralisme dans l’Education nationale. (…) Oublions l’égalité », a-t-il encore tempêté.

Et le candidat socialiste de promettre, lui, de « hisser l’école, le collège et le lycée à des niveaux qui permettent effectivement d’assurer l’égalité, et pas seulement d’en parler ».

Durant l’heure et demie de questions-réponses, M. Hamon a notamment réaffirmé son soutien à « la procréation médicalement assistée pour les couples de lesbiennes », se disant « pas favorable à la gestation pour autrui ».

Interrogé par les journalistes sur les derniers rebondissements de l’affaire Fillon, M. Hamon s’est refusé à commenter, considérant que cela parasite la campagne et empêche de débattre sur le fond. « Je ne parlerai plus de Fillon », a-t-il coupé court, visiblement excédé.