Onze pays de l’Union européenne se sont entendus jeudi à Paris pour mettre en oeuvre un « socle européen des droits sociaux » contre le dumping social, qui propose notamment un « salaire minimum » et une carte étudiante européenne.

A quelques semaines des 60 ans du traité de Rome, les ministres du Travail ou des Affaires sociales 13 pays de l’UE ainsi que des représentants du Parlement européen, de la Commission européenne, la Confédération européenne des syndicats et du PSE, se sont réunis à Matignon pour une « conférence sociale » organisée par la France.

Onze d’entre eux (France, Luxembourg, Malte, Suède, Autriche, Allemagne, Portugal, Italie, République tchèque, Pays-Bas et Slovaquie) se sont accordés pour soutenir un « socle européen des droits sociaux », projet initié par le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker. La Roumanie et la Grèce, présentes, n’ont pas signé le texte.

Ce socle servirait de plancher en-dessous duquel les 27 États membres de l’UE ne pourraient pas descendre, pour une « convergence sociale vers le haut », a déclaré le Premier ministre, Bernard Cazeneuve, à l’issue de la réunion.

Dans une déclaration conjointe transmise à la Commission européenne, les pays signataires listent des propositions qu’ils s’engagent à défendre et qui seront abordées lors du sommet social européen en Suède, en novembre.

– droit à un salaire minimum –

Le texte demande que soit reconnu « partout en Europe le droit à un salaire minimum », a détaillé M. Cazeneuve. Évoquant des « salaires minima décents pour lutter contre la pauvreté des travailleurs », les ministres ne précisent pas de chiffre. La France, elle, souhaite le fixer à 60% du salaire médian national.

Le texte plaide pour le « droit à la déconnexion des salariés », comme le prévoit la loi travail en France.

Afin de soutenir la formation et l’emploi des jeunes, il propose la création d’une carte européenne d’étudiant donnant accès au logement, à la restauration, etc. Il veut aussi « défendre des conditions de travail équitables » en renforçant l’égalité professionnelle hommes-femmes et en luttant contre les fraudes au travail détaché.

Les ministres plaident enfin pour la création de « comptes d’activité », à l’image du compte personnel d’activité (CPA) crée en France début 2017, « qui permettent de disposer d’un droit universel à la formation et plus largement d’un filet de sécurité ».

« Il faut mettre à bas l’idée que l’UE se résumerait à une machinerie bruxelloise, apolitique et étrangère aux préoccupations de ses citoyens », a commenté le Premier ministre, s’en prenant aux « discours eurosceptiques et populistes », dont celui du Front national qu’il a expressément visé.

« A nous de démontrer l’erreur et le mensonge des populistes qui mettent en danger les protections dont les citoyens européens ont besoin (…). Nous leur répondons aujourd’hui en nous engageant à défendre un agenda concret, par notre dialogue franc, direct, avec les représentants des citoyens européens », a-t-il conclu.