
L’école contre la barbarie – Alain Bentolila
Le linguiste Alain Bentolila, professeur à l’université Paris-Descartes, vient de publier « l’Ecole contre la barbarie ». Dans un entretien au Parisien publié à l’occasion de la sortie de son livre, il explique que pour lutter la radicalisation religieuse, « il faut introduire l’idée de Dieu à l’école« .
Il ne préconise pas des cours de religion, mais dès l’école, des cours d’étude « des grands mythes fondateurs ou sacrés », tels que « la tour de Babel et le jardin d’Eden, l’Odyssée, Hercule, ou Prométhée ». L’école ferait ainsi de la « mixité spirituelle ».
Pour le linguiste, l’école doit être « celle qui apprend la compréhension des textes, face à ceux qui jouent sur l’incompréhension pour diviser, enfermer dans l’incantation, voire la haine ».
Il faudrait s’appuyer sur un corpus de textes, et présenter les grands mythes fondateurs comme des « histoires, qui parlent à tous ». Et non pas s’appuyer sur des ressources documentaires, comme c’est le cas dans les programmes actuels de cycle 3 (classe de sixième).
Lutte contre « l’insécurité linguistique »
Alain Bentolila prône également la lutte contre « l’insécurité linguistique » : dans un entretien à Marianne, au sujet de son livre, il explique qu’il faut prêter attention à l’enfant, dès la maternelle, et lui « donner régulièrement des mots nouveaux. » Sans cette attention, sans « cette parole ferme et bienveillante » de l’enseignant, l’enfant « risque de s’engager dès 3 ans dans un long couloir qui le conduira à la vulnérabilité intellectuelle et à la violence. » Il déclarait déjà dans un entretien à Marianne en mai 2015 qu’un « enfant qui parle mal le français est vulnérable, [qu]’il manquera de pouvoir et de réfutation. En un mot, il sera vulnérable face à des discours et des textes manipulateurs.
La maîtrise de la langue est essentielle : Alain Bentolila déclarait dans ce même entretien , que le « premier devoir de notre école est de former des résistants intellectuels ; et cette résistance, seule une langue maternelle forte et juste peut la garantir. »
Dans le combat contre la barbarie, le rôle de l’enseignant est donc absolument capital. Alain Bentolila déclarait dans nos colonnes il y a un an que « chaque professeur a vocation à former des résistants intellectuels. C’est-à-dire à former des jeunes qui, confrontés à un monde dangereux et à des informations qui peuvent les inciter à commettre des actes inacceptables, vont savoir dire non. »
Et d’ajouter : « Les enseignants n’ont pas un métier, ils ont une mission. Sans eux, nous sommes morts. »
Bonjour,
J’adhère à 100% mais d’abord, il faut former les Instits en premier lieu, car c’est en eux que les
élèves se réfèrent.
Je suis tout à fait d’accord avec Alain Bentollila. L’enseignement du contenu des religions à l’école participerait à la lutte contre la radicalisation et la violence en remplaçant les clichés par la connaissance. Elle donnerait les clés de compréhension à tous les héritages culturels et serait une meilleure défense de la laïcité que n’importe quelle charte. Combien d’enseignants considèrent encore Noël ou Pâques comme des fêtes religieuses ? La formation du corps enseignant est aussi en jeu.
J’adhère aussi aux propositions d’ Alain Bentolila. Il confirme l’importance de la mission d’enseignement plus que le métier. La »spiritualité à l’ école » est déjà effective (dans l’enseignement confessionnel et aussi dans les classes pratiquant le débat philo). L’ instance idéale pour coordonner une « coéducation permanente » est l’ école.